3.4. Secteur non salarié et travail des femmesEn Guinée Équatoria<strong>le</strong>, une grande partie de l’économie et du travail ne reposepas sur des relations de travail salariées. Certains experts définissent cesecteur <strong>com</strong>me informel, mais nous préférons l’appe<strong>le</strong>r non salarié. Commedans la plupart des pays africains, il ne s’agit pas d’un domaine en marge niclairement différencié de l’activité salariée: <strong>le</strong>s économies familia<strong>le</strong>s sont presquetoujours fondées sur une <strong>com</strong>binaison de ces deux types de travail. Nousavons déjà expliqué <strong>com</strong>ment <strong>le</strong>s personnes passent de l’un à l’autre pendanttoute <strong>le</strong>ur vie de travail.Les principa<strong>le</strong>s activités menées pour son propre <strong>com</strong>pte dans <strong>le</strong> domaine desrelations familia<strong>le</strong>s se trouvent dans <strong>le</strong>s secteurs agrico<strong>le</strong>s, domestiques et dupetit <strong>com</strong>merce. La population économiquement active dans ces secteurs estestimée à environ 250.000 personnes 128 . Il s’agit de secteurs essentiel<strong>le</strong>mentoccupés par <strong>le</strong>s femmes. Il est important de signa<strong>le</strong>r éga<strong>le</strong>ment la participationponctuel<strong>le</strong> du travail des enfants venant en aide à celui des adultes <strong>com</strong>me <strong>le</strong>défrichage des terres, <strong>le</strong>s semail<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s récoltes ou la vente ambulante deproduits agrico<strong>le</strong>s ou plats préparés maison.Dans l’agriculture, <strong>le</strong> travail consiste essentiel<strong>le</strong>ment à produire des alimentspour la consommation familia<strong>le</strong> et il n’y a que <strong>le</strong>s excédents de cette productionde subsistance qui sont vendus sur <strong>le</strong>s marchés locaux. Il existe une divisionnette du travail dans l’activité agroalimentaire: ce sont surtout <strong>le</strong>s femmes quisont chargées de la culture, de la préparation des aliments et, éventuel<strong>le</strong>ment,de la <strong>com</strong>mercialisation. Les hommes sont <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s de la préparationdes terres au début de chacune des deux campagnes annuel<strong>le</strong>s de semail<strong>le</strong>s(juin- juil<strong>le</strong>t et décembre- janvier), ainsi que de la chasse et de la pêche à petiteéchel<strong>le</strong>. Les femmes n’ayant pas d’hommes dans <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> défrichagepeuvent payer quelqu’un pour <strong>le</strong> faire créant ainsi des relations salaria<strong>le</strong>stemporaires dans <strong>le</strong> domaine agrico<strong>le</strong>.La journée de travail pour ces femmes qui cultivent la terre est longue et sanshoraires concrets. Dès l’aube, vers 6-7 heures du matin, el<strong>le</strong>s se mettent enroute vers <strong>le</strong>s champs qui peuvent se trouver à plusieurs kilomètres de <strong>le</strong>urlogement. El<strong>le</strong>s y restent toute la journée et reprennent <strong>le</strong> chemin du retour vers17-18 heures, el<strong>le</strong>s s’occupent alors de préparer <strong>le</strong> repas principal de la journéepour la famil<strong>le</strong> et du reste des tâches domestiques. Malgré la charge de travailque tout cela suppose, <strong>le</strong>s activités agrico<strong>le</strong>s et domestiques des femmessont classées dans la catégorie d’origine colonia<strong>le</strong> “sus labores” (femme au128 Le Recensement de 2002 donne un chiffre de 351.695 personnes tandis que <strong>le</strong> rapport de la CDH des Nationsunies de 2002 donne celui de 150.000.75
foyer). Les principaux problèmes auxquels se heurtent <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs agrico<strong>le</strong>ssont la difficulté d’obtenir un crédit de la part des petits producteurs ainsi qu’unréseau de transports déficient.L’ancienne production <strong>com</strong>mercia<strong>le</strong> de cacao, qui fut la principa<strong>le</strong> productioncolonia<strong>le</strong>, est aujourd’hui une activité très margina<strong>le</strong> qui se trouve surtout dansl’î<strong>le</strong> de Bioko. Les variations des prix internationaux et <strong>le</strong>s mesures gouvernementa<strong>le</strong>s(mises en place après l’indépendance avec la redistribution des terresaux nouveaux membres du gouvernement et l’expulsion des travail<strong>le</strong>urs immigrés)ont provoqué l’écrou<strong>le</strong>ment du secteur (cf. par. 2.4). De nos jours, la culturedu cacao occupe environ 5.000 agriculteurs. La Commission européenneet la Coopération espagno<strong>le</strong> ont lancé en 1993 un programme de réactivationdu secteur du cacao basé, entre autre, sur la régénération des cultures 129 .Le cacao est produit par de petits paysans, surtout des hommes, qui cultiventen moyenne de 2 à 3 hectares 130 . La propriété de la terre est concentrée entre<strong>le</strong>s mains de quelques membres du gouvernement ou ayant de bonnes relationsavec ces derniers; <strong>le</strong> principal propriétaire, et éga<strong>le</strong>ment exportateur, estl’entreprise espagno<strong>le</strong> Casa Mallo S.A. L’agriculteur vend sa production au propriétaireà la fin de la récolte à un prix fixé à l’avance par <strong>le</strong> gouvernement (d’oùon lui déduit <strong>le</strong>s avances réalisées en espèces). Tous <strong>le</strong>s frais sont éga<strong>le</strong>mentà sa charge. Il n’y a pas de contrat écrit officiel entre <strong>le</strong>s paysans et <strong>le</strong>s propriétairesde la terre mais un accord de caractère clientéliste et fortement hiérarchisé.Ce secteur crée aussi quelques postes de travail salarié, dans <strong>le</strong>s hangarsde séchage, <strong>le</strong>s pépinières ou <strong>le</strong>s activités de plantation où la plupart des travail<strong>le</strong>urs(à la tâche), dans <strong>le</strong> cas présent surtout des femmes, travail<strong>le</strong>nt defaçon saisonnière en échange d’un salaire journalier 131 .La pêche artisana<strong>le</strong> à Malabo et sur <strong>le</strong>s rives du Río Muni est surtout pratiquéepar <strong>le</strong>s hommes, propriétaires ou locataires des zones de pêche qu’ils utilisent.La <strong>com</strong>mercialisation des produits de base, provenant des excédents de l’agricultureet de la pêche de subsistance, est une tâche qui in<strong>com</strong>be aux femmes.Ce sont <strong>le</strong>s paysannes el<strong>le</strong>s-mêmes qui en général vont vendre <strong>le</strong>ur productionsur <strong>le</strong>s marchés <strong>le</strong>s plus proches. Pour autant, il existe une spécialisation decertaines femmes qui parcourent <strong>le</strong>s villages à la recherche de produits excédentaires.Norma<strong>le</strong>ment, ce sont éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s femmes qui sèchent et fument129 OCDE, 2002.130 “De cette population, une partie est rura<strong>le</strong> et vit dans <strong>le</strong>s villages ou dans <strong>le</strong>s cours des propriétés agrico<strong>le</strong>s(ensemb<strong>le</strong> de logements avec différents niveaux de confort), et se consacre au secteur du cacao. D’autres viventen vil<strong>le</strong> et travail<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>urs parcel<strong>le</strong>s à temps partiel. Un nombre non défini d’hommes et de femmes travail<strong>le</strong>nt defaçon saisonnière pour des tâches peu qualifiées ”, BUREAU DE PLANIFICATION ET D’ÉVALUATION, Rapport: Le secteurdu cacao en Guinée Équatoria<strong>le</strong>, SECIPI, ministère des Affaires étrangères (Espagne), 1997.131 OPE, 1998 (p. 12).76
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