prendre part à une activité quelconque pour la défense de <strong>le</strong>urs droits 77 . Parconséquent, <strong>le</strong> langage de la démocratie et des libertés civi<strong>le</strong>s qu’utilisent aujourd’hui<strong>le</strong>s gouvernants s’est converti en un discours fictif et vide de contenu.Dans <strong>le</strong> domaine du travail, il n’y a aucune participation des travail<strong>le</strong>urs ou employeursà la définition politique du gouvernement. Dans la pratique, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du travailsont à peine prises en considération par <strong>le</strong>s entreprises, au moment d’embaucheret de déterminer <strong>le</strong>s conditions de travail des employés. Les autorités en la matièresont incapab<strong>le</strong>s de faire prévaloir la loi, étant donné l’ingérence directe de la classeau pouvoir dans l’activité entrepreneuria<strong>le</strong> du pays, que ce soit <strong>com</strong>me propriétaire ouactionnaire des entreprises, ou <strong>com</strong>me support de tel ou tel chef d’entreprise. La plupartdes entreprises étrangères installées dans <strong>le</strong> pays, hormis <strong>le</strong> secteur de l’extraction,ont dans <strong>le</strong>urs effectifs un ou plusieurs maîtres du régime. Devant l’action de cespersonnes, l’application de la loi s’étio<strong>le</strong>.La résistance des dirigeants guinéens à laisser la place à un jeu politique plusouvert et démocratique est en partie due à la fonction de l’État, principal instrumentd’accumulation économique et politique dans <strong>le</strong>s sociétés africaines. EnGuinée Équatoria<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s maîtres mettent à contribution l’appareil étatique et sonrô<strong>le</strong> de médiateur principal entre la population et <strong>le</strong>s marchés et institutions internationa<strong>le</strong>s,pour se mê<strong>le</strong>r à un réseau d’activités économiques léga<strong>le</strong>s ou illéga<strong>le</strong>s,de caractère transnational 78 . Il n’existe, dans <strong>le</strong> pays, aucun contexte socialou économique autonome en marge des personnes qui occupent l’État, qui contrô<strong>le</strong>ntou possèdent des intérêts dans <strong>le</strong>s entreprises <strong>le</strong>s plus importantes.Malgré <strong>le</strong>s deux décennies de libéralisation économique et <strong>le</strong>s privatisationsencouragées par <strong>le</strong>s institutions financières internationa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s réseaux de clientélismequi se nouent au sommet du gouvernement continuent à contrô<strong>le</strong>r toutela fabrique socia<strong>le</strong>. L’accès et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de cet État thésaurisant et extravertise convertit ainsi en objet d’intense <strong>com</strong>pétition et incite <strong>le</strong>s détenteurs du pouvoirà mettre en œuvre tous <strong>le</strong>s moyens pour ne pas <strong>le</strong> perdre 79.L’inconsistance et la paralysie du processus de démocratisation ont suscité unecertaine réaction de censure de la part des donateurs internationaux dans la premièremoitié des années quatre-vingt-dix. Le gouvernement espagnol a retiré, en1994, la plupart de la coopération d’appui institutionnel au pays et une année plustard, l’administration Clinton décida d’y fermer l’ambassade des États-Unis. En1996, <strong>le</strong> FMI a interrompu ses programmes, en conséquence du manquement à77 CPDS, Informe Los procesos e<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s en Guinea Ecuatorial: la historia de las frustradas esperanzas de democratización,2003.78 Avec <strong>le</strong> temps, la classe dirigeante de Guinée a participé aux marchés internationaux de vente de bois, drogues,pêche, trafic d’armes, entreprises d’aviation, déchets toxiques et <strong>le</strong>s derniers temps, de pétro<strong>le</strong> surtout. ConferWood, 2004.79 Sur <strong>le</strong>s dynamiques politiques des États africains et l’idée d’extraversion du pouvoir, voir BAYART, 1999; COOPER,2002; CHABAL et DALOZ, 2002.41
ses re<strong>com</strong>mandations 80 . Tout cela a coïncidé avec des moments diffici<strong>le</strong>s pour l’économiede la Guinée, lors de la dévaluation du franc CFA en août 1993; <strong>le</strong> gouvernementavait un besoin crucial de la coopération internationa<strong>le</strong>. Cette conjoncturea été exploitée par <strong>le</strong>s pays donateurs, l’Espagne notamment, pour faire dépendrepolitiquement son assistence, contribuant ainsi aux é<strong>le</strong>ctions <strong>le</strong>s plus démocratiquesdepuis l’indépendance, <strong>le</strong>s municipa<strong>le</strong>s de septembre 1995. À cette occasion,l’opposition, regroupée dans la Plateforme d’opposition conjointe (POC), a démontréqu’el<strong>le</strong> était capab<strong>le</strong> de drainer la majorité de l’é<strong>le</strong>ctorat si la liberté d’expressionet de vote était garantie; <strong>le</strong> gouvernement ne reconnut toutefois pas toutes <strong>le</strong>s mairiesobtenues 81 .Néanmoins, <strong>le</strong>s sommations externes à la démocratisation ne se sont pas révéléesefficaces pour obtenir plus qu’une modification formel<strong>le</strong> de la législation de l’État.À plus forte raison depuis la découverte d’immenses gisements de pétro<strong>le</strong>dans <strong>le</strong>s eaux continenta<strong>le</strong>s de Guinée Équatoria<strong>le</strong>. Les revenus émanant desentreprises multinationa<strong>le</strong>s qui exploitent <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong> ont rendu superflue l’aide audéveloppement pour la survie de l’État, et fait disparaître presque <strong>com</strong>plètement<strong>le</strong>s pressions externes en faveur des droits et libertés dans <strong>le</strong> pays. Depuis, <strong>le</strong>sprincipaux donateurs de Guinée Équatoria<strong>le</strong> sont devenus <strong>com</strong>plaisants face à lasituation politique du pays, l’œil rivé sur la participation de <strong>le</strong>urs entreprises à lalucrative industrie pétrolière. La preuve de ce désintérêt a été la victoire du lobbyfavorab<strong>le</strong> au gouvernement guinéen, qui a obtenu des Nations unies <strong>le</strong> retrait, en2002, du Rapporteur spécial pour <strong>le</strong>s droits de l’homme dans <strong>le</strong> pays.Pour la majorité de la population, <strong>le</strong>s effets politiques du pétro<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong>nt plutôtpervers 82 . Comme nous <strong>le</strong> verrons en abordant l’économie, <strong>le</strong> caractère d’enclavede la production pétrolière et la propriété étatique des gisements ont renforcé<strong>le</strong> caractère centralisant des maîtres de l’État, qui ont à portée de main uneextraordinaire source de richesse, avec la seu<strong>le</strong> médiation des entreprises d’extractionétrangères. Tous ces facteurs ont joué en faveur de la consolidation del’autoritarisme et de la capacité de contrô<strong>le</strong> et répression des dirigeants: <strong>le</strong>s recettesdu pétro<strong>le</strong> sont en partie employées dans la sécurité du Président et de safamil<strong>le</strong>, ainsi que des entreprises étrangères. En outre, <strong>le</strong> gouvernement a affermisa capacité de cooptation politique pour neutraliser de potentiels opposants, cequi a contribué à renforcer ses dynamiques de thésaurisation et de clientélismepolitique. L’accès à un travail salarié est précisément l’un des instruments dont sesert <strong>le</strong> gouvernement pour primer ou exclure <strong>le</strong>s personnes, en fonction de <strong>le</strong>uradhésion au parti au pouvoir. Quant aux é<strong>le</strong>ctions qui ont continué à avoir lieu80 ABAGA, 1997; ESCRIBANO, 1999.81 Sur <strong>le</strong>s 27 mairies disputées, la victoire de l’opposition ne fut reconnue que dans 9 des 19 réel<strong>le</strong>ment obtenues.82 Sur <strong>le</strong>s effets de la politique du pétro<strong>le</strong>, voir MICÓ, 2005; WOOD, 2004.42
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