12 eUNIVERSITÉd’automnedu <strong>SNUipp</strong>« Comment aimer un enfant ? N’être quebienveillant avec lui ne l’aide pas à se dépasser,l’amollit… N’être qu’exigeant engendre méfiance etrefus... C’est ensemb<strong>le</strong> que bienveillance etexigence permettent à l’enfant de bien grandir. »© IMAGE INÉDITE RÉALISÉE POUR FENÊTRES SUR COURS PAR LAURENT CORVAISIER © RUE DU MONDE« Quand on <strong>le</strong>s prend au sérieux, même <strong>le</strong>s enfants<strong>le</strong>s plus terrib<strong>le</strong>s finissent toujours par se montrerdignes de la confiance qu’on <strong>le</strong>ur accorde. »© IMAGE INÉDITE RÉALISÉE POUR FENÊTRES SUR COURS PAR JUDITH GUEYFIER © RUE DU MONDE59RUEDUMONDE
RUEDUMONDE12 e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 26-27-28 OCTOBRE 201260Sou<strong>le</strong>ymane Mbodj,<strong>le</strong> griot passeurd’histoiresDepuis plus de vingt ans Sou<strong>le</strong>ymane Mbodj va d’éco<strong>le</strong> en éco<strong>le</strong> tel unconteur pè<strong>le</strong>rin. Guitare et djembé sous <strong>le</strong> bras il transmet des histoiresp<strong>le</strong>ines de poésie, de métaphores et de sens cachés. Rencontre.enfants de l’antilope», tel est <strong>le</strong> titre durecueil de contes toutjuste publié par Sou<strong>le</strong>ymaneBodj chez «LesRue du monde avec la complicité éclairéede Zaü pour <strong>le</strong>s illustrations. La collaborationentre <strong>le</strong>s deux hommes semblait cou<strong>le</strong>rde source. Le premier est d’origine sénégalaise,<strong>le</strong> second a beaucoup voyagé enAfrique, continent qui a marqué une partde son œuvre. Ce n’est pas vraiment parhasard que Sou<strong>le</strong>ymane Bodj est devenuconteur bien qu’au départ il se soit plutôtdestiné à la musique, une orientation qui l’aconduit à venir en France à l’âge de 17 ans,il y a 23 ans donc, et à devenir musicien destudio : « un travail plutôt alimentaire » dit-ilaujourd’hui. Alimentaire peut-être mais quil’a mené à croiser la route d’artistes telsHigelin, Manu Dibango ou encore MichelPetrucciani ce qui a du sens pour lui quiest fan de jazz et participe avec sa guitareà plusieurs formations jazzys. Conteur paspar hasard donc car ses parents étaienteux-mêmes griots à Saint-Louis, cité iliennedu f<strong>le</strong>uve Sénégal au Nord du pays, officiel<strong>le</strong>mentfondée au XVII e sièc<strong>le</strong> en l’honneurde Louis XIV, vil<strong>le</strong> dont il ne manque pasl’occasion de vanter <strong>le</strong>s charmes.Aujourd’hui Sou<strong>le</strong>ymane consacre entièrementson temps à la narration de contesqu’il accompagne en musique (guitare etdjembe), ainsi qu’à des conférences. Sonboulot c’est aussi l’écriture pour coucher<strong>sur</strong> papier des histoires dont la particularitéest de re<strong>le</strong>ver de la tradition ora<strong>le</strong>, cequi fait que « beaucoup d’entre el<strong>le</strong>s ontdisparu avec l’extinction de certaines langues,alors que <strong>le</strong> conte est inscrit parl’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité». Depuis plus de vingt ans Sou<strong>le</strong>ymaneMbodj multiplie <strong>le</strong>s interventionsdans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s. « Il faut d’abord raconter <strong>le</strong>conte aux enfants parce qu’il s’agit d’unehistoire humaine ; d’une histoire d’hier,racontée aujourd’hui, pour <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain »dit-il. C’est <strong>sur</strong>tout malgré <strong>le</strong>s variantesdues aux contextes géographiques, naturels,historiques ou culturels, des histoiresà partager. « Quand je par<strong>le</strong> de justice, detolérance, d’amour, de liberté ou d’égalité,ce sont des thèmes universels » soulignet-il.Le conte pour <strong>le</strong> conte, <strong>le</strong> conte commeoutil de médiation pour entrer dans certainsapprentissages, <strong>le</strong> conte comme vecteurde sens initiatique, philosophique,métaphorique, interculturel, porteur desens caché donc : « <strong>le</strong>s contes permettentd’avoir une vision universel<strong>le</strong> du monde, dese rendre compte que <strong>le</strong>s hommes sontpartout pareils et que la bêtise n’a jamaisde cou<strong>le</strong>ur ».