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Lire le Fenêtres sur cours n°375 (Spécial Université d ... - SNUipp

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« Une pédagogie de la coopération enrupture avec la pédagogie de compétition »12 eUNIVERSITÉd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Vous posez la question« faut-il réformer l’éco<strong>le</strong> et<strong>sur</strong> quel<strong>le</strong>s bases »,n’êtes-vous pas persuadéqu’une refondation soitnécessaire ?« Les fondements del'éco<strong>le</strong> ont été sapéspar amputation demoyens. »F. V. Il faut savoir prendre de la distancecritique entre des chosesqui sont annoncées comme unerefondation et qui à mon sens ne<strong>le</strong> sont pas vraiment et d’autrepart, indiquer quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>sbases de rupture qu’il faudraitavoir avec l’éco<strong>le</strong> tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong>fonctionne tout en indiquant despistes alternatives. Je pense doncqu’une refondation est nécessairemais <strong>sur</strong> la base d’un diagnosticqui établisse pourquoi et comment<strong>le</strong>s fondations actuel<strong>le</strong>s ontété mises à mal. L’éco<strong>le</strong> n’est pasun champ de ruines mais un certainnombre de ses fondementsont été sapés par amputation demoyens, fermetures de classes...et par l’imposition de normescomptab<strong>le</strong>s, dérivées du newmanagement privé. C’est <strong>sur</strong> cesbases-là qu’il faut refonder.La concertation a mis enavant un diagnosticgénéra<strong>le</strong>ment partagé, c’estcelui de la panne de ladémocratisation de l’éco<strong>le</strong>.N’est-ce pas là <strong>le</strong> principa<strong>le</strong>njeu de la refondation ?F. V. Cette partie du diagnostic jela partage tout à fait. Ce que jeregrette c’est qu’à aucun momenton ne l’aie mise en regard del’évolution de la société et <strong>sur</strong>toutdes politiques néolibéra<strong>le</strong>squi en sont responsab<strong>le</strong>s. Leparadoxe est qu’on se retrouvedans la désignation d’inégalitésdans l’éco<strong>le</strong> sans qu’à aucunmoment cela ne soit lié à ces politiques.Vous avez coécrit Lanouvel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong> capitalistedans <strong>le</strong>quel vous dénoncez<strong>le</strong> fait que l’éco<strong>le</strong> seraitgérée selon des critères deFrancis VergneFrancis Vergne est chercheur associé auprès de la FSU et coauteur deLa nouvel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong> capitaliste, ouvrage col<strong>le</strong>ctif paru en 2011.gestion capitalistes. Quevou<strong>le</strong>z-vous direconcrètement ?F. V. L’éco<strong>le</strong>, si nous n’y prenonsgarde et suivons <strong>le</strong>s injonctionshiérarchiques, devrait se plier del’intérieur aux normes dominantesde concurrence et compétition,ce qui renforce <strong>le</strong>sinégalités, la dénature et ladétourne de tout objectifd’émancipation. El<strong>le</strong> tend àdevenir en el<strong>le</strong>-même intrinsèquementcapitaliste. Les critèresde valorisation du capital humainsont dans <strong>le</strong> fonctionnementmême de l’éco<strong>le</strong>.Vous pouvez donner unexemp<strong>le</strong> ?F. V. Ce sont par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>srecettes du « management de laperformance » qui sont présentéescomme des modè<strong>le</strong>s censésrépondre à tout, à la fois pour <strong>le</strong>séco<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s maîtres, <strong>le</strong>sélèves :contrats d’objectifs quantifiéset individualisés, évaluation,pilotage par la demande, autonomie,concurrence, transformationdes usagers en « clients ».Le dis<strong>cours</strong> du management estomniprésent et remplace touteréf<strong>le</strong>xion <strong>sur</strong> comment <strong>sur</strong>monter<strong>le</strong>s difficultés apprentissage :ilfaut être performant pour seplier aux classements. Mais eneux-mêmes ces derniers neveu<strong>le</strong>nt pas dire grand chose.Comme PISA par exemp<strong>le</strong>, personnene sait vraiment ce qui estme<strong>sur</strong>é mais l’important est dese soumettre à la dictature de lame<strong>sur</strong>e comptab<strong>le</strong>.Est-ce que votre analysevaut pour l’éco<strong>le</strong> de lamaternel<strong>le</strong> à l’université oùfaites-vous un distingo selon<strong>le</strong>s niveaux ?F. V. Cela me semb<strong>le</strong> clair et net auniveau de l’enseignement supérieur.L’autonomie des universitésinduit ce type defonctionnement avec unmélange public-privé et injonctionaux chercheurs de rentabilitéde recherche. À l’autre boutdans <strong>le</strong> primaire c’est vrai qu’onest dans une situation différentemais l’une des logiques de cetteévolution néolibéra<strong>le</strong> de l’éco<strong>le</strong>c’est d’imposer un fonctionnementde marché même là où iln’y a pas marchandise. Pour <strong>le</strong>primaire il n’y a pas marchandisationdu savoir. Il y a quandmême une situation de pressiondans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s maîtres doiventfonctionner selon ces critères,de toujours être évalués, d’êtreplus rentab<strong>le</strong>s etc.Face à cette situation y a-t-ildes alternatives pour <strong>le</strong>senseignants ?F. V. À mon avis même la pédagogiea été influencée par cesnormes de compétition et derentabilité. À l’heure actuel<strong>le</strong> undes problèmes qui se pose enlien avec <strong>le</strong>s contenus centrés<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s compétences est qu’il y aune cohérence entre <strong>le</strong> soc<strong>le</strong>commun de compétences et deconnaissances et <strong>le</strong> type depédagogie adaptée à son acquisition,pédagogie que j’appel<strong>le</strong>la pédagogie de la compétition.À l’inverse, je prône une pédagogiede coopération, qui soit enrupture avec la précédente. Ondoit pouvoir apprendre sansconcurrence. Le défi est celuid’une invention commune decette pédagogie de la coopération,et pour cela il faut travail<strong>le</strong>rensemb<strong>le</strong> à ce qui recentre <strong>sur</strong>la question des apprentissageset de contenus qui ne soient pasceux de compétences mais desavoirs. Propos recueillis par Pierre magnetto91ENFANTETSOCIÉTÉ

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