COUPE DU MONDE 2022 Le stade Education City, à Al Rayyan, doté d’un système complet de climatisation. dans les procédures d’attribution, elle n’est certainement pas propre au Qatar, certainement pas nouvelle ni à la FIFA, ni au Comité international olympique (CIO)… Il y a même eu des enquêtes pour la Coupe du monde 2006, attribuée à la vertueuse Allemagne. La question des travailleurs est sensible au Qatar, comme dans tout le golfe Arabo-Persique. La Coupe du monde aura quand même permis à l’organisateur de se mettre partiellement « à niveau », de réformer une partie de son « Code du travail » : introduction d’un salaire minimum, d’avantages garantis, démantèlement du système de la kafala… Idem sur le plan politique où la compétition a forcé l’émirat à se découvrir, à se montrer. Les autorités ont laissé circuler et enquêter avec une relative liberté les journalistes et les ONG. Les questions qui interpellent, comme celle de la représentation nationale, du pouvoir électif des citoyens, de la liberté d’expression sont posées sur la table. Dans ces critiques sans concessions, il y a une part de vérité et de vraies questions. Mais certainement aussi une part de clichés et de préjugés sur une monarchie du Golfe, un pays arabe, un pays musulman, « rétrograde », « qui financerait les islamistes du monde entier ». Pourtant, même si l’on est loin du libéralisme sociétal et politique de l’Occident, des démocraties « matures », l’émirat vit depuis plusieurs années une modernisation réelle de la société. Accentué ajustement par la perspective de la Coupe du monde. Et si les critiques sont souvent vives en Europe, ce n’est pas forcément le cas ailleurs dans le reste du « Sud » et dans les mondes émergents. Où les attaques paraissent souvent injustes. Que devrait-on faire pour être climatiquement et politiquement correct ? Qu’est-ce qu’une démocratie parfaite ? Si la Chine a pu faire les JO d’hiver, le Qatar peut bien faire une Coupe du monde, non ? Et faudrait-il ne jouer que dans les climats tempérés, et qu’en été occidental (en espérant qu’il ne fasse pas trop chaud) ? UN PAYS COFFRE-FORT Au fond, le Qatar pose question. Il est devenu l’un des États les plus riches du monde. Avec un produit national brut de plus de 150 milliards de dollars pour 3 millions d’habitants, dont un peu plus de 300 000 citoyens privilégiés. Un véritable coffre-fort qui a investi aux quatre coins de la planète dans l’immobilier, le sport (le club de Paris Saint-Germain, entre autres), le tourisme, l’industrie… Le fonds souverain (Qatar Investment Authority) pèse près de 450 milliards de dollars d’actifs en gestion. L’émirat, cinquième producteur mondial de gaz naturel, est aussi une puissance SHUTTERSTOCK - FRANCK FAUGERE/PRESSE SPORTS - AMMAR ABD RABBO Le président de la FIFA Gianni Infantino et l’émir Tamim ben Hamad Al Thani durant le tirage au sort des huit groupes, le 1 er avril dernier, à Doha. 34
L’objectif central reste de protéger sa souveraineté des appétits des uns et des autres. AFRIQUE MAGAZINE I 433 – OCTOBRE 2022 35