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Le chef d’État français Emmanuel Macron a rencontré son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, le 27 août dernier.<br />
La question du gaz a été au centre des discussions.<br />
AFP FORUM/APP/NURPHOTO/NURPHOTO VIA AFP<br />
dont la productivité se trouve souvent ralentie par un manque<br />
d’accès à l’énergie. Par ailleurs, deux futurs producteurs de gaz<br />
d’Afrique australe, la Tanzanie et le Mozambique, viennent de<br />
conclure un pacte de coopération sécuritaire : le 21 septembre<br />
à Maputo, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan et<br />
son homologue mozambicain Filipe Nyusi ont signé un accord<br />
de défense et de sécurité visant à lutter conjointement contre le<br />
terrorisme le long de leur frontière commune. Et pour cause : ces<br />
cinq dernières années, les attaques djihadistes dans le nord du<br />
Mozambique ont provoqué la mort de plus de 4 000 personnes et<br />
le déplacement de centaines de milliers d’autres. Cette insécurité<br />
est catastrophique pour le développement du pays, potentiel<br />
eldorado gazier africain avec des capacités évaluées à 75 % de<br />
celles du Qatar ! L’an dernier, le groupe français TotalEnergies a<br />
dû renoncer au gigantesque complexe de GNL de Cabo Delgado,<br />
estimé à 20 milliards de dollars. Or, la Tanzanie développe au<br />
large de Lindi, une ville située dans le sud du pays, près de<br />
la frontière mozambicaine, un projet de production et d’exportation<br />
de GNL, estimé à 30 milliards de dollars, avec l’anglonéerlandaise<br />
Shell et la norvégienne Equinor : sécuriser la région<br />
permettrait aux deux producteurs de rassurer les investisseurs.<br />
DEVENIR L’ALLIÉ D’UNE EUROPE EN QUÊTE DE SÉCURITÉ<br />
« Le gaz va façonner l’Afrique. Nous voyons déjà le marché<br />
changer mois après mois », s’est enthousiasmé NJ Ayuk, président<br />
exécutif de la Chambre africaine de l’énergie, lors du<br />
sommet de Dakar début septembre. Dans une tribune publiée<br />
en juillet dernier, l’avocat d’affaires camerounais a cependant<br />
plaidé pour des « contrats de vente de gaz à long terme », une<br />
garantie qui permettraient de minimiser les risques pour les<br />
investisseurs : « Agissez maintenant pour conclure des accords<br />
de vente à long terme pour le gaz et le GNL », demande-t-il aux<br />
compagnies du secteur œuvrant sur le continent. « Faites ce qu’il<br />
faut pour parvenir à un accord gagnant-gagnant qui pourrait<br />
être bénéfique pour vous, tout en ouvrant la voie à un avenir<br />
plus prospère pour les communautés locales, les entreprises et<br />
les particuliers. »<br />
« L’Afrique peut devenir l’alliée d’une Europe en quête de<br />
sécurité pour ses approvisionnements », avance Wilfrid Lauriano<br />
Do Rego, coordinateur du Conseil présidentiel pour<br />
l’Afrique, dans une tribune parue en septembre dans Le Point.<br />
Le Franco-Béninois plaide pour un « pacte énergétique » entre<br />
les deux continents, une « opportunité fantastique pour donner<br />
un contenu stratégique au partenariat rénové que l’Europe et<br />
l’Afrique appellent de leurs vœux ».<br />
Car sans contrats à long terme, le risque demeure que les<br />
clients européens cessent de s’approvisionner en gaz africain<br />
dans le cas – certes, pour le moment fort improbable – de<br />
réchauffement diplomatique avec l’imprévisible puissance russe.<br />
C’est l’autre inconnue de l’équation : comment réagira le Kremlin<br />
si le gaz africain sape son épreuve de force avec les Occidentaux<br />
? Certains observateurs pointent le risque de déstabilisation…<br />
notamment au Sénégal où la campagne présidentielle a<br />
déjà commencé. ■<br />
AFRIQUE MAGAZINE I 433 – OCTOBRE 2022 55