thèse doctorat de l'université bordeaux 2 - ISPED-Enseignement à ...

1. IntroductionLes traumatismes routiers sont un problème majeur et pourtant très négligé de la santépublique dans les Pays à Revenu Bas et Moyen (PRBM) [1]. Une enquête récente sur lasécurité routière dans 178 pays a montré que chaque année plus de 90 % des 1,2 million detués sur les routes surviennent dans ces pays [2]. De plus, ces traumatismes sont la principalecause de pertes des Années de Vie Corrigées du facteur Incapacité (AVCI) dans les PRBM,car de nombreux enfants et des hommes en âge de production souffrent de ces blessures [3].Les traumatismes pourraient coûter jusqu'à 1 à1,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de cespays [4]. On estime que la mortalité routière augmenterait de 80 % entre 1990 et 2020 dansles PRBM, à moins que des mesures appropriées soient mises en œuvre [5].Pourtant, le transport routier est un facteur essentiel de développement dans les PRBM [6].Près de 90 % des voyageurs et du fret dans ces pays sont transportés par le réseau routierurbain et interurbain [6, 7]. La sécurité routière sur ces routes devient donc un élémentstratégique du processus d’accroissement du développement [8]. Même dans les paysdéveloppés, cette catégorie de routes contribue considérablement à la mortalité routière et àdes blessures graves [9]. Par exemple au Pakistan, plus de 27% des accidents mortelssurviennent sur les routes interurbaines alors qu'elles représentent moins de 5 % de l'ensembledu réseau [10]. Les avantages potentiels de la mise en œuvre des mesures de sécurité routièresur ces routes sont potentiellement énormes, comme cela a été montré par des études dans lespays développés [11].La recherche joue un rôle central dans la mise en œuvre des interventions sur la circulation[12]. Les conditions routières relativement sûres dans les Pays à Revenu Élevé (PRE) doiventbeaucoup aux recherches sur la sécurité routière menées dans les années 1960 et 1970 [13].Par exemple en Suède, il a été démontré que la recherche sur la gestion de la vitesse en zonesurbaines a largement contribué à réduire la mortalité et la morbidité routières, avec un bonrapport coût-bénéfice [14]. Malheureusement, la recherche sur la prévention et la prise encharge des traumatismes routiers reste encore rudimentaire dans les PRBM [15]. La BanqueMondiale a indiqué que des interventions à l'efficacité prouvée existent, mais leur mise enœuvre dans les PRBM est entravée par le manque de recherche pour documenter etcomprendre les problèmes spécifiques et locaux des traumatismes [16]. Si les interventions nesont pas adaptées à la situation locale, elles peuvent ne pas produire le même succès, commeen témoignent les études dans les PRE [17].Le manque de recherche dans les PRBM est illustré par notre revue de la littérature sur lefardeau des traumatismes routiers et les facteurs de risque associés aux routes interurbaines(Appendix 1) : les indicateurs comparables de la mortalité routier sont rarement évalués etrapportés ; certaines études mentionnent une certaine spécificité, comme la sur-implicationdes piétons et des occupants de transports collectifs dans les accidents sur des routesinterurbaines, mais la répartition réelle des usagers de la route impliqués dans ces accidentsn’est pas connue ; la plupart des études épidémiologiques se focalise sur les comportementsroutiers à risque alors que les facteurs situationnels (caractéristiques physiques etcirconstances de l'environnement) n’ont presque jamais été étudiés [18-48]. Des recherchesantérieures dans les PRE montrent clairement que ces facteurs sont impliqués dans un quartdes accidents et que les interventions mise en œuvre sur les routes pourraient réduire lesaccidents de 20 % [49].11