Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...
Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...
Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
inférieur au bac). Ces personnes, enquêtées dans trois endroits différents, ont toutes tenu<br />
à préciser qu’elles s’intéressaient aux pays de l’Est depuis le recul du communisme et<br />
étudiant leur civilisation et leur culture.<br />
Enfin le troisième volet des conclusions se situe au-delà des chiffres et exprime<br />
le degré du savoir des Français sur le roumain, le sondage offrant au linguiste la réalité<br />
évoquée par le discours de la langue. Et le résultat en est frappant: sans avoir lu<br />
Saussure, pour la grande majorité des sujets questionnés, la langue est quelque chose de<br />
différent de la personne qui parle (“les Roumains sont slaves, le roumain est latin”), un<br />
objet que l’on observe (“Ils parlent tellement bien le français…”) et sur lequel la<br />
réflexion s’arrête souvent (« …que la racine doit être latine »).<br />
Il ne faut pas être linguiste pour s’attacher aux rapports que les sujets parlants<br />
entretiennent avec leur propre parler ou avec le parler des autres (« le roumain<br />
ressemble au français plus que le russe ou le polonais » ou « langue latine, assez<br />
chantante, avec des –r- prononcés, des mots qui se terminent en ou [u], plus proche de<br />
l’italien et du français que de l’espagnol »). C’est que l’imaginaire linguistique des<br />
locuteurs à l’égard de la productio langagière. Or, ces attitudes sont, comme nous le<br />
montre brillamment la réalité du sondage, diverses. La langue set, selon une partie des<br />
personnes questionnées, le résultat des facteurs qui appartiennent à la linguistique<br />
externe (dans la vision saussurienne = - « A l’Est de la Hongrie, ce sont des slaves » ou<br />
« des slaves parce qu’ils sont à l’Est », « les Roumains sont germains, latins en<br />
Transylvanie, Turcs en Olténie, Valachie, Dobroudgea, slaves en Moldavie, avec<br />
interpénétration », « mélange + grande influence slave et latine », « comme toutes les<br />
langues, il doit y avoir des apports multiples mais surtout chez eux qui ont été occupé<br />
par tant de races »…). Pour d’autres, la langue est un instrument de communication<br />
comme tout autre (« Les Roumains sont des slaves en musique », « Pour moi, le type en<br />
est Elvire Popesco »).<br />
Même s’il s’agit d’une langue avec laquelle 91% des personnes interrogées ne<br />
sont entrées en contact d’une façon directe, les résultats de l’enquête, le fait même<br />
d’avoir réussi à provoquer et mener à bonne fin un discours sur la langue roumaine vu<br />
depuis la France prouvent les responsabilités des sujets parlants envers la langue.<br />
II. 2. 2. 2. a. RESUME<br />
L’unité minimale de toute enquête sociolinguistique est la question. Les deux<br />
grandes formes d’enquête sont la question (fermée, cafétéria, ouverte) et l’entretien<br />
(semi-guidé, film-action, de groupe, semi-directif, non directif). La question fermée<br />
oblige l’enquêteur à fournir la question et prévoir des réponses possibles, à la fois,<br />
tandis que l’enquêté doit opérer un choix parmi des réponses déjà existentes. La<br />
question cafétéria présente les mêmes caractéristiques, à la seule différence près qu’elle<br />
permet d’opérer plusiers choix de réponse. La question ouverte laisse l’enquêté formuler<br />
sa réponse, telle qu’il l’entend. L’entretien semi-guidé présente un thème, généralement<br />
pris à l’expérience de l’enquêté, en laissant celui-ci remémorer ce qu’il a déjà vécu.<br />
25