Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

combien de fois la langue ne trahit-elle le locuteur prescriptif quand elle fait vaciller son
discours? (cf. Anne-Marie Houdebine-Gravaud) « L'imaginaire linguistique alors
s'entend et le fantasme individuel se faufile tandis que le bord de la langue et par là sa
consistance même, se profile » (Anne-Marie Houdebine-Gravaud, « L'Unes Langue »).
Les normes prescriptives elles-mêmes varient, témoignage de l'évolution de la langue,
les nouvelles formes pouvant devenir majoritaires, tout en reflétant les usages
convergents. (cf. Anne-Marie Houdebine-Gravaud)
Nous nous arrêterons sur quelques exemples (devenus déjà célèbres) extraits des
travaux d'Anne-Marie Houdebine-Gravaud et qui illustrent justement cette dynamique
évolutive de la langue au cours de la pratique langagière.
1. Un jeu sur la station de radio dite périphérique: le gain possible est
une parure de lit. La journaliste l' énonce « une parure de lit et deux taies
(tés)». Elle est immédiatement coupée par son partenaire: « deux taies,
deux taies », dit-il insistant fortement sur le é (ouvert de taie. » « Deux
taies, deux taies, une parure de lait / de lit et ...deux taies. »
2. « Passante, vous avez dit passante, mais on doit passagère ». Cette
citation marque la prescriptivité qui hante le locuteur mais, tout comme
le remarque Anne-Marie Houdebine-Gravaud, elle este preuve de
justesse d'une part, mais aussi de fausseté, d'autre part. La norme dit
«passante » mais l'usage dit «passagère », les deux formes coexistent,
preuve qu'il s'agit de l'imaginaire dans la norme prescriptive. Un autre
couple qui s'impose est mettre à jour (l'usage) face à mettre au jour (la
norme).
3.On entend sur les ondes une voix d'homme qui annonce un match de
hand bal (prononcé hand baul). Interrompu par sa consoeur, la voix
féminine dit hand bal et explique qu'étant donné l'origine allemande du
mot, on ne peut pas le prononcer à l'anglaise. La langue est support pour
le lien social (l'homme répond: « hand bol, hand bal, tout ça c'est du
sport»), mais elle peut aussi bien contribuer à sa destruction quand on
insiste trop sur l'un ou l'autre des côtés mis en discussion (normativité -
prescriptivité et usage). « Aussi l’on comprend que « toucher à la langue»
peut paraître à certains attaquer le lieu social et la communauté. Comme
l'on entend dans certaines critiques concernant la féminisation des noms
de métiers ou la réforme de l'orthographe. C'est ainsi que les
conservatismes social et langagier vont de pair. »
Incluse dans le concept de l'Unes langue, la qualité de la langue renvoie au
modèle de langue (« il n'est de français que de Paris» -Fouché). Cette prescriptivité fait
que pour beaucoup de Français et même d'étrangers, le français hexagonal (parisien
cultivé) » reste la seule langue garante de la « qualité du français» (cf. Anne-Marie
Houdebine-Gravaud). La langue vivante infirme cet idéal fantasmatique. Une langue est
parlée tout en se renouvelant, en innovant, en modifiant ses structures car elle est
appelée à rendre des réalités nouvelles tout en transmettant encore les anciennes
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