Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

L’imaginaire linguistique est défini comme « le rapport du sujet à lalangue
(Lacan) -prise en compte de l'aspect le plus intime autant que faire se peut, d'où des
fantasmes et fictions d'un sujet -et à La Langue (Saussure) -aspect plus social et
idéologique» (cf. Anne-Marie Houdebine-Gravaud). Le terme est voisin de la notion de
représentation sociale des sociologues, ou d'imaginaire collectif des historiens des
mentalités. L'imaginaire linguistique ne relève pas de la seule socialité ou identité
groupale ou nationale même si ces notions sont aisément identifiables.
L'imaginaire linguistique analyse « les distorsions repérées entre les dires ou
attitudes des sujets sur leurs réalisations et celles des autres locuteurs et leurs propres
productions recueillies et analysées par le linguiste. » (Anne-Marie Houdebine-
Gravaud, 1983).
III 3. DYNAMIQUE LINGUISTIQUE ET NORME
C'est vrai qu'on parle de « norme» et de « bon usage» depuis des siècles, mais la
dynamique linguistique s'avère de plus en plus génératrice de questions sur la norme et
les usages à partir des pratiques et des attitudes des sujets parlants. Le sens même du
mot norme a connu une évolution allant de l'ensemble de prescriptions (voire interdits)
sur les façons de dire jusqu'aux besoins langagiers des locuteurs (voir E. Coseriu, 1967).
Décrire la dynamique linguistique et ses causalités, internes et externes,
sociologiques et psychologiques, est l'objectif fondamental de toute étude linguistique.
La dynamique linguistique actuelle tend à réduire le rôle régulateur de la norme,
ce qui est frappé d'interdit étant ce qui est pourtant effectivement utilisé (on entend bien
se rappeler d'un détail prise en compte de l'aspect le plus intime au lieu de se rappeler
un détail). Parler correctement aujourd'hui c'est aussi faire preuve et démonstration à la
fois de la connaissance de la norme mais la fonction régulatrice du concept a diminué en
faveur de celle d'adaptation survenue comme une nécessité face à l'évolution constante
de la langue (cf. H. Boyer).
L'opposition saussurienne diachronie / synchronie concerne l'étude de la langue
dans son évolution au cours du temps ou bien à un moment donné de son histoire mais
«à chaque période correspond une évolution plus ou moins considérable. [...] le fleuve
de la langue coule sans interruption; que son cours soit paisible ou torrentueux, c'est une
considération secondaire» (F. de Saussure, 1972; 193).
D'autre part, à partir de 1960 et de la nouvelle définition donnée à la langue par
André Martinet, la norme s'enrichit de sa forme au pluriel-les normes -car la
communication n'implique pas nécessairement et toujours une transmission
d'information et la langue est perçue comme un monde en devenir, l'expérience humaine
changeante entraînant des changements dans l'expérience linguistique.
D'ici la diversité des formes d'expression pour un même contenu, l'entreprise
normative jouant dorénavant le rôle de sélectionneur, d'opérateur de choix.
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