22.06.2013 Views

Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

mot mot (parole) à travers les discours ne peut pas rester inaperçue dans la lecture.<br />

D'une certaine manière, cette redondance lexicale assure, entre autres, la cohésion<br />

discursive. L'attention du lecteur est constamment « détournée » du fil narratif vers ce<br />

qui tisse en fait la trame des événements: le mot transformé en force démiurge.<br />

Par différentes techniques énonciatives, Marin Preda n'arrête pas de montrer le<br />

rôle essentiel que la parole joue dans la destinée des humains de ses romans (par ex., la<br />

parole qui déclenche toute la série d'événements négatifs dans la vie du héros principal<br />

de Le plus aimé des mortels) ou dans la construction de leur univers (la langue invente<br />

et réinvente tout un monde): le paysan -philosophe se réfugie dans le mot pour<br />

échapper à l'impact dur avec la réalité: (Moromeţii -les Moromete); l'intellectuel des<br />

années '50 retrouve dans le mot son meilleur ami de prison (Le plus aimé des mortels).<br />

C'est, sans nul doute, le mot le grand héros parmi les héros de Preda; c'est par le<br />

mot qu'ils se voient et se jugent l'un l'autre, par le mot tout seul, très rarement<br />

accompagné du geste; c'est le mot qui oriente d'une façon décisive les actions<br />

(rencontres, séparations) et les sentiments (amour, amitié, haine) des humains; c'est le<br />

mot qui, sur le plan de la construction des discours, en assure l'autonomie à " un<br />

important nombre, et c'est toujours le mot qui assure au faire mental (V. J. 3. a.), par les<br />

attitudes d'observation et de comparaison, un poids tout à fait spécial.<br />

V.3. LES ROMANS DE PREDA ET LE « PLAISIR DU LANGAGE »<br />

On a retenu les écrits de Marin Preda en corpus à investiguer pour montrer, ou<br />

plutôt découvrir, les rapports langage -langue - homme, dont le fonctionnement nous<br />

préoccupe à présent.<br />

Le fait que le linguiste soit mieux « équipé» pour observer, tirer et classer les<br />

réactions des sujets choisis comme dûment représentatifs peut constituer un obstacle<br />

pour qu'il se forme une opinion (subjective) sur l'aspect esthétique des faits de langage.<br />

Il se retrouve tellement «imprégné» par son rôle de médiateur, par la valeur d'objectivité<br />

qu'il doit nécessairement joindre à ses conclusions, qu'il s'écarte de plus en plus,<br />

psychologiquement parlant, de cette « chance» qu'ont les locuteurs communs de<br />

formuler des jugements de valeur sur la qualité de la langue. C'est là un point d'intérêt<br />

fort que le linguiste attache à l'étude des écrits de Preda.<br />

Ses romans nous font redécouvrir « le plaisir du langage» et la saveur de la<br />

production linguistique quotidienne. Du simple fait des appréciations constantes sur leur<br />

langue ainsi que sur celle de leurs interlocuteurs ou seulement sur la langue des autres,<br />

le comportement linguistique des locuteurs prédiens se charge d'une puissante force<br />

esthétique. Les discours communs, les « hors- discours » reproduits tels quels ou sous la<br />

forme du discours rapporté permettent qu'on perçoive la langue comme un tout, comme<br />

un objet.<br />

La Langue, on l'entend, on l'apprend grâce aux locuteurs de l'univers<br />

romanesque de Marin Preda. En tant que lecteur, on éprouve même la sensation de<br />

participer à la construction du dialogue, des discours prononcés par ces locuteurs, on<br />

est, tout comme le scripteur, « ébloui » devant la force du Mot.<br />

42

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!