Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...
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Le concept même d'« unicité de la langue» est mis sous le signe du doute. En un<br />
certain sens, c'est la norme qui participe à la création d'une langue homogène, d'une<br />
langue standard mais celle-ci est parlée par un usager idéal. La norme régularise un<br />
fonctionnement social et ses conséquences sur les faits linguistiques surtout par le biais<br />
d'un discours d'autorité imposé par une institution d'Etat (école, académie, institut de<br />
recherche linguistique, etc.). La norme c'est, en fait, l' objectivation générée par le<br />
fonctionnement social complexe, mais elle ne peut ignorer la variabilité qui inclut les<br />
normes individuelles, les normes locales, les innovations où la norme n'a pas réussi à<br />
s'imposer.<br />
Le locuteur parle sa propre langue. «Il n'est pas de langue légitime, mais la<br />
société utilise cette idéalisation fantasmatique de la langue, pour légitimer certains<br />
usages. » (Anne-Marie Houdebine-Gravaud). Ces attitudes ne sont ni constantes pour un<br />
groupe social et sexuel, ni homogènes (cf. «Sur les traces de l'Imaginaire Linguistique»,<br />
dans Parlers masculins, parlers féminins, Delachaux -Niestté, 1983); ce qui fait pièce<br />
aux discours sociolinguistiques dominants: une communauté linguistique se<br />
reconnaîtrait comme telle à la constance de ces normes. C'est du moins ce qu'avance<br />
Labov; bien que cette thèse soit passionnante, d'autant qu'elle permettrait enfin de<br />
fonder un peu linguistiquement le concept de communauté linguistique, je n'ai pu que<br />
l'infirmer dans les communautés (socio-économiques et socio-culturelles ou encore<br />
sexuelles) étudiées: des sujets parlants, situables dans des échantillons (ou groupes)<br />
homogènes du point de vue des variables externes (extralinguistiques) peuvent présenter<br />
des attitudes (ou normes selon Labov) divergentes. L'inverse se rencontre également ».<br />
(Anne-Marie Houdebine-Gravaud, 1983).<br />
La refonte de la notion de norme à l'intérieur de L’Imaginaire Linguistique a<br />
permis une typologisation sur laquelle on s'arrêtera plus tard. Normes et productions<br />
sont étudiées conjointement afin de vérifier l'incidence des unes sur les autres ou bien<br />
les « interactions » et « rétroactions» des deux plans d'analyse.<br />
« ...il n'existe pas un français, une langue fixée, homogène, la même pour tous,<br />
qui serait le français, le bon, le beau français, même si nombreux sont ceux qui tiennent<br />
à cette vision. Les étude linguistiques descriptives, objectives, nous montrent qu'elle<br />
n’est qu'une fiction qui a son importance, sa fonction.<br />
Mais nos échanges, nos communications comme l'on dit aujourd'hui, manifestent<br />
tout autre chose: les linguistes dégagent, à partir des paroles des locuteurs, moins une<br />
langue qu'une diversité d’usages structurés avec des zones de convergences et de<br />
divergences. C'est-à-dire des comportements langagiers communs aux interlocuteurs, ou<br />
différents. Certains d'entre eux sont appelés périphériques parce qu'ils sont utilisés par<br />
un petit nombre de sujets. Il peut alors s'agir de traits archaïques, conservés du fait de<br />
l'âge du sujet ou de son appartenance géographique ou sociale (appartenance à une sous<br />
-communauté dont on conserve l'identité -les traits identificatoires -cf. parler branché,<br />
argot professionnel, r roulé ou h aspiré, caractéristiques respectivement de la<br />
Bourgogne, ou des régions de l'Est ou encore de la stabilité rurale, etc.<br />
Ces éléments jouent dans la parole des locuteurs et locutrices comme des<br />
emblèmes, des indices qui marquent le sujet régionalement comme Bourguignon,<br />
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