Sanda-Maria ARDELEANU Nicoleta MOROŞAN IMAGINAIRE ...

(Annexe F), des sous-corpus sur la qualité de la langue (norme évaluative) (Annexe G),
sur les précisions sémantiques faites pour la plupart par le sujet parlant du premier degré
(Annexe H) ainsi que sur les remarques qui relèvent du «langage silencieux» (normes
fictives) (Annexe 1). A travers ces exemples, le sujet investigant analyse l'attitude
linguistique de l'auteur en tant que scripteur ou locuteur commun (subjectif). Nous
découvrons alors un scripteur aux aptitudes de théoricien du langage, ce qui nous
autorise à considérer quelques-unes de ses remarques comme étant propres à
l'objectivité d'un chercheur.
Les appréciations se font sur la qualité de la langue, sur ce qui est beau ou moins
beau (norme prescriptive), sur la tonalité de la voix, le rythme des paroles et l'intonation
des phrases deviennent toutes des modalités de caractérisation des sujets parlants (par
ex.: le rythme lent de la langue moldave s'oppose à la fréquence rapide des paroles dans
la langue d'Olténie, marquant l'appartenance régionale des locuteurs) (Annexe G):
ex. (traduction): « ...des paroles qui, c'est vrai, ne ressemblaient pas tout à fait à celles
du parler courant, mais qui étaient simplement plus belles, on dirait extraites des livres
lorsqu'un long récit commence. »
Le rapport langue-pensée est très bien mis en évidence par les exemples du souscorpus
Annexe J. Ce « langage silencieux » illustre une réalité linguistique propre à
certains locuteurs de l'univers prédien: parler avec soi-même, parler dans le rêve, porter
un dialogue imaginaire. Celui qui n'a pas le don de la parole apparaît sous le surnom de
« Le Muet ». ex. (traduction): « Et chaque fois qu'il arrête le chariot et qu'il descend, il
regarde longuement sa terre et dit: « Bonjour, ma terre!» Et la terre lui répond: « Merci
à vous, Voicu ! » (dialogue imaginaire ).
Le scripteur -sujet parlant du premier degré –ressent toujours le besoin de
préciser le sens des mots, d'expliquer la provenance et la signification de certaines
constructions, de rapporter la langue, le mot à la réalité (norme fictive) (Annexe H).
Cela témoigne, entre autres, un haut degré d'ambiguïté sémantique au niveau de
l'imaginaire linguistique des sujets parlants du deuxième degré:
Ex. (traduction : « …il [Moromete] n’a personne à qui parler, dans le sens qu’il n’y a
person digne d’écouter ses pensées…”)
ou « Jeudi après les Pâques, c’était une moquerie, ce qui voulait dire “jamais”.”
Les jugements évaluatifs sur la langue des sujets parlants du deuxième degré
abondent dans le texte; ils contribuent à définir l’état de l’unes langue tout en prouvant
l’existence d’une théorie de la langue dont le scripteur est le principal porteur (Annexe
F).
Ex. (traduction): “Il commença, par une voix douce, à lui dire un longue conte
qui durait longuement, et où les mots “ce papa disait que”, “et moi, je disais que”
revenaient très souvent dans son parler.”
Ou: “… ces paroles qui justifiaient l’énorme flot des mots…”
Ou: “C’est à dire que tu parles en vain si tu ne veux pas comprendre ce que l’on te dise,
c’est que tu as beau de dire ensuite des choses vraies, à quoi ça te servira-t-il?”
La recherche sur l’Imaginaire Linguistique (IL) dans Les Moromete s’étend sur
un échantillon de locuteurs homogénéisables socialement et géographiquement, c’est-àdire
du point de vue de leur occupation de base (des paysans travailleurs des champs) et
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