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34 Afrique<br />

Centrafrique La chute de François Bozizé a surtout touché la République démocratique du<br />

Congo et l’Afrique du Sud, première puissance du continent. Un sérieux revers diplomatique<br />

pour Jacob Zuma.<br />

De Kinshasa à Pretoria, l’onde de choc<br />

Par François Misser<br />

En République démocratique du<br />

Congo (RDC) voisine, la conséquence<br />

immédiate de la chute de<br />

Bozizé a été l’afflux de 35 000 nouveaux<br />

réfugiés, venus s’ajouter aux quelque<br />

13 000 recensés à la fin 2012, selon le<br />

Haut Commissariat aux réfugiés (HCR).<br />

Cet exode vers les deux provinces de<br />

l’Équateur et de la Province-Orientale<br />

préoccupe les humanitaires, qui craignent<br />

de voir s’aggraver la précarité de<br />

la population locale, notamment avec<br />

une crise alimentaire. Mais l’équation<br />

comporte aussi un élément politique :<br />

car, parmi ces réfugiés, figurent plusieurs<br />

membres de la famille de François<br />

Bozizé, dont l’épouse du président<br />

déchu, Monique, et cinq enfants, selon le<br />

porte-parole militaire de la Mission des<br />

Nations unies pour la stabilisation du<br />

Congo (Monusco), le lieutenant-colonel<br />

Félix Prosper Basse. Y compris l’exministre<br />

de la Défense, Jean-Francis. De<br />

quoi exacerber la mauvaise humeur de la<br />

population locale qui a lancé contre eux<br />

des cailloux. Elle ne pardonne pas à<br />

Bozizé d’avoir facilité la comparution<br />

du leader régional, l’ancien vice-président<br />

congolais et chef du Mouvement de<br />

libération du Congo (MLC), Jean-Pierre<br />

Bemba, devant la Cour pénale internationale<br />

de La Haye en raison des crimes<br />

commis par ses troupes en Centrafrique<br />

en 2003. Un problème de plus à gérer<br />

pour Kabila.<br />

◗ Trafic intense d’avions<br />

Kinshasa a dû aussi s’occuper des<br />

conséquences de l’arrivée du contingent<br />

sud-africain qui protégeait le président<br />

Bozizé, contraint de franchir le fleuve<br />

après avoir été défait le 25 mars.<br />

Entre cette date et début avril, la ville<br />

et l’aéroport de Gemena, dans la province<br />

de l’Équateur, sont devenus la<br />

plaque tournante de l’évacuation des<br />

soldats sud-africains vers l’Ouganda,<br />

avec un trafic intense d’avions et d’hélicoptères,<br />

rapportent des témoins visuels.<br />

La situation a conduit le 1 er avril le<br />

député du MLC (opposition) pour la circonscription<br />

de Gemena, Richard Lenga,<br />

à interpeller le ministre de l’Intérieur<br />

Richard Muyej Mangez sur les risques<br />

d’insécurité que cette présence militaire<br />

étrangère et l’arrivée massive de réfu-<br />

Mai 2013 ● Afrique Asie<br />

Armée et business<br />

giés de Centrafrique peuvent engendrer.<br />

Ni l’une ni l’autre n’ont été annoncées à<br />

la population par les autorités congolaises,<br />

manifestement débordées. Mais<br />

c’est surtout l’arrivée de 200 soldats<br />

centrafricains à Zongo, le 25 mars, qui a<br />

semé la pagaille. Ils se sont livrés à des<br />

tortures, des exactions diverses et des<br />

pillages, rapporte Radio Okapi, financée<br />

Ce sont avant tout des connexions affairistes qui expliqueraient l’engagement<br />

sud-africain en Centrafrique. À Bangui comme à Johannesburg, les<br />

témoignages fusent sur la véritable nature du soutien sud-africain à<br />

Bozizé. Des sources proches du président déchu évoquent des accords facilitant<br />

l’accès d’entreprises sud-africaines à des richesses minières. La Standard Bank of<br />

South Africa, par exemple, s’est engagée en 2011 à prêter 100 millions de dollars<br />

à la firme canadienne Axmin. Celle-ci possède plusieurs permis aurifères dans le<br />

pays et son PDG, George Roach, a été associé à UraMin, une société de prospection<br />

uranifère qui a obtenu en 2006 en concession la mine de Bakouma pour 27<br />

millions de dollars. Mais UraMin n’est plus un enjeu puisqu’elle a été rachetée en<br />

2007 par Areva. Un autre acteur important du paysage minier centrafricain est la<br />

société Gem Diamonds, cotée à la Bourse de Londres, dont le PDG n’est autre<br />

que Clifford Elphick, un ancien d’Anglo American et de De Beers.<br />

Ce n’est pas tout. Le quotidien de Johannesburg Mail and Guardian (M & G)<br />

met en exergue les liens d’affaires tissés par l’ancien conseiller de Bozizé, Didier<br />

Pereira, originaire du Congo-Brazzaville, proche de Paul Langa, un des responsables<br />

de la sécurité et de la collecte de fonds au sein de l’ANC qui serait impliqué<br />

dans plusieurs projets diamantifères en Centrafrique. Selon ce journal,<br />

Pereira a signé en 2006 un protocole d’accord avec le ministère des Mines centrafricain,<br />

instaurant une joint venture dénommée Inala, dont le capital est détenu<br />

à 35 % par l’État centrafricain et le reste par une société sud-africaine dénommée<br />

Serengeti Group Holdings. Or, son principal actionnaire n’est autre que l’un des<br />

caciques de l’ANC (au pouvoir en Afrique du Sud), Joshua Nxumalo. Objectif :<br />

la commercialisation des diamants artisanaux de Centrafrique.<br />

Apparemment, le partenariat a eu d’autres ramifications. La filiale de Seregenti,<br />

Mechanonology, a en effet passé un accord avec Bangui pour la remise en<br />

état de blindés déclassés, offerts à la Centrafrique par l’armée sud-africaine.<br />

Enfin, la société d’exploration Dig Oil, qui a aussi bénéficié de l’appui de Thabo<br />

Mbeki, détient une concession pétrolière au sud-ouest de la Centrafrique. Tout<br />

cela a amené l’ancien premier ministre et dirigeant du Mouvement de libération<br />

du peuple centrafricain (MLPC), Martin Ziguélé, à déclarer à Radio France<br />

Internationale, le 26 mars, que Jacob Zuma avait été attiré dans « ce guêpier »,<br />

principalement par des hommes d’affaires sud-africains du secteur minier. ■

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