AF90complet (1).pdf - CongoForum
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évoquer la source dans le<br />
mystère des premiers<br />
temps. Interrogée sur la<br />
signification du texte, elle<br />
répond que cela n’a aucune<br />
importance… Mais la<br />
question « inattendue et<br />
qui fait réfléchir »<br />
interroge Layori sur<br />
l’essence de la voix et son<br />
pouvoir émotionnel. Un<br />
intervalle de silence intense<br />
pour que ses pensées<br />
regagnent les espaces<br />
éthérés d’une culture<br />
musicale qui se révèle<br />
formidable.<br />
« Les inflexions de la voix<br />
de Chavela Vargas donnent<br />
une idée du sens des mots.<br />
Cela m’a toujours fascinée<br />
chez elle. Et je me suis<br />
posée le problème pour<br />
moi-même : comment<br />
aurais-je pu obtenir une<br />
force d’expression égale ?<br />
Chavela chantait en un<br />
dialecte qu’elle ne<br />
comprenait pas, mais elle<br />
en comprenait le<br />
sentiment. »<br />
De la vocaliste au poncho<br />
rouge, légendaire interprète<br />
• Samba Touré, Albala,<br />
Glitterbeat Records.<br />
de la musique ranchera du<br />
Mexique, à la grande dame<br />
de la chanson française,<br />
Édith Piaf, le passage est<br />
fulgurant et les propos de<br />
Layori proposent d’autres<br />
suggestions : « Quand<br />
j’écoute Édith Piaf, sa<br />
force de caractère<br />
m’impressionne sans que je<br />
sache le français. En<br />
connaissant la signification<br />
des phrases, je suis sûre<br />
que j’aurais eu la chair de<br />
poule quand il le fallait,<br />
selon le sens des mots. »<br />
Après avoir vécu entre le<br />
Nigeria, son pays natal, et<br />
les États-Unis, Layori s’est<br />
installée en Allemagne puis<br />
au Portugal. Elle aime<br />
voyager et découvrir dans<br />
les diverses langues<br />
comment la hauteur des<br />
sons et l’intensité des<br />
timbres véhiculent les<br />
émotions. Car dans les voix<br />
du monde, il y a le souffle<br />
universel qui se manifeste<br />
en une grande variété<br />
d’idiomes, et à chacun son<br />
feeling. Celui de Layori<br />
enchante et apaise. ■<br />
Arabesques dans les airs, volutes nostalgiques,<br />
pleurs du violon et rythmique<br />
de transe… C’est le cachet aux<br />
influences plurielles du Nord du Mali en butte à<br />
la barbarie intégriste et au néocolonialisme<br />
français. Les accords de guitare et les atmosphères<br />
pétries d’évocations rappellent la<br />
musique d’Ali Farka Touré, le guitariste<br />
disparu de la musique malienne, avec<br />
lequel Samba Touré collabora, notamment<br />
à l’occasion de sa tournée internationale, en<br />
1997-1998. Au musicien de Niafunké qui<br />
le stimula dans l’apprentissage de la gui-<br />
D. R.<br />
tare, Samba Touré consacra Songhaï Blues,<br />
paru en 2009, un premier album à diffusion<br />
internationale (suivant Fondo, publié uni-<br />
quement au Mali en 2003), résultat de sa rencontre<br />
avec la production du label londonien<br />
World Music Network. Ce dernier réalisa également<br />
Crocodile Blues il y a deux ans, alors<br />
que cet Albala, traversé par une énergie plus<br />
vigoureuse que les précédents, est le fruit d’une<br />
nouvelle complicité avec Hugo Race et la maison<br />
Glitterbeat Records. ■ Moundiba Malanda<br />
D. R.<br />
Mai 2013 ● Afrique Asie<br />
Manuel Wandji, sur la route de la forêt<br />
Dans les images du DVD de son dernier album *<br />
avec les deux supports audio et vidéo, les percussions<br />
sont omniprésentes. Et Manuel Wandji,<br />
artiste franco-camerounais né dans la ville française de<br />
Nancy, en Lorraine, en donne une explication plutôt<br />
simple : « À 18 ans, je suis parti au pays de mon père, qui<br />
est originaire de l’ouest du Cameroun. Ma famille s’est<br />
établie à Yaoundé, la capitale, où les musiques urbaines<br />
se développent sous influence de la forêt qui entoure la<br />
ville. Le bikutsi est le style dominant avec le jeu des guitares<br />
qui puise dans la rythmique des balafons. J’ai commencé<br />
à faire de la musique dans l’orchestre du lycée.<br />
Mon premier instrument était la batterie, mais je suis<br />
passé rapidement au nkul, le gros tambour des Béti. C’est<br />
un instrument magique avec lequel j’ai entamé une<br />
recherche sur les timbres et les accords. »<br />
Dans la ville des sept collines, synthèse d’urbanité et de<br />
sonorités plus rudes et intenses, tributaires de la nature<br />
environnante, Manuel Wandji avait trouvé sa route. Le<br />
génie de la forêt lui servira de guide pour l’emmener en<br />
pirogue parcourir les rivières surplombées par les lianes,<br />
jouer les percussions sur les rochers baignés par les eaux<br />
du fleuve, traverser le pont sur le Sanaga accompagné par<br />
les notes du saxo de Manu Dibango.<br />
Dans Voyages & Friends, comme dans les précédents<br />
albums de ce musicien qui revendique sa double culture,<br />
l’osmose est là, entre les sons frénétiques de New York<br />
et les ambiances boisées de l’Afrique centrale, le groove<br />
métropolitain et les airs de la flûte qui se lèvent des<br />
terres rougeâtres des hauts plateaux de l’Ouest. C’est le<br />
leitmotiv de sa vie autant que de sa carrière aux activités<br />
multiples d’arrangeur, de compositeur de musiques<br />
pour spectacles de danse, de producteur, de danseur, de<br />
chanteur…Son style haut en couleur est à l’image de sa<br />
philosophie de la connaissance qui se forme dans<br />
l’échange et découvre la pulsation comme élément<br />
moteur et élan de vie. ■ L. E.<br />
◗ * Voyages & Friends, Wambo Productions,<br />
Buda Musique / Universal.<br />
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