AF90complet (1).pdf - CongoForum
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38 Afrique<br />
RDC Le général rebelle tutsi Bosco Ntaganda a été transféré le 22 mars à la Cour pénale internationale.<br />
Pour autant, rien n’est réglé au Kivu. L’envoi programmé de la brigade d’intervention<br />
africaine réveille l’hostilité des rebelles du M23, qui était sur le point de signer un accord de paix.<br />
Et au Katanga, la situation demeure agitée.<br />
Exit Terminator, mais pas l’instabilité…<br />
Par François Misser<br />
Nombre d’ONG de défense des<br />
droits de l’homme ont salué le<br />
transfert à La Haye, le<br />
22 mars, de Bosco Ntaganda, épilogue<br />
d’une longue saga. Ce militaire tutsi<br />
congolais était en effet poursuivi<br />
depuis 2005 par la Cour pénale internationale<br />
(CPI) pour des crimes contre<br />
l’humanité commis en temps que chef<br />
de la milice de l’Union des patriotes<br />
congolais (UPC) dans le district en<br />
Province-Orientale. Mais pendant sept<br />
ans, il a côtoyé les Casques bleus sans<br />
avoir fait l’objet de la moindre tentative<br />
d’arrestation. Promu général en<br />
2006, il avait rejoint la rébellion de<br />
Laurent Nkunda, qu’il a renversé trois<br />
ans plus tard avec le soutien de Kigali<br />
et de Kinshasa, pour devenir commandant<br />
en second de l’armée congolaise<br />
au Kivu. Et pendant trois ans, au nom<br />
de la stabilité, Kinshasa a refusé de le<br />
livrer à la CPI.<br />
◗ Résolution 2098<br />
En fait, c’est la condamnation de son<br />
compère Thomas Lubanga en<br />
mars 2012 qui a constitué un tournant.<br />
Les pressions internationales se sont<br />
accentuées sur Kinshasa. Bosco, craignant<br />
d’être livré à son tour, s’est<br />
mutiné il y a un an, tandis que le colonel<br />
Sultani Makenga, commandant en<br />
second de l’armée congolaise au Sud-<br />
Kivu, lui aussi tutsi, mais partisan de<br />
Nkunda, a empêché ses hommes de<br />
rejoindre Bosco qu’il considère comme<br />
un traître.<br />
Lorsque Kabila, pour punir Bosco<br />
qui avait jusqu’alors le soutien de<br />
Kigali, met fin à l’opération Amani<br />
Leo, traque contre les rebelles hutus<br />
des Forces démocratiques pour la libération<br />
du Rwanda (FDLR), il suscite la<br />
mauvaise humeur de Kigali. C’est dans<br />
Bosco Ntaganda (à droite) pourrait être également poursuivi<br />
pour des crimes commis au Kivu, alors qu’il servait l’armée congolaise.<br />
ces circonstances que naît le mouvement<br />
rebelle du M23 le 6 mai 2012,<br />
créé par Makenga. L’éclatement du<br />
M23 en février 2013 et la défaite de ses<br />
partisans en mars incite Bosco à fuir la<br />
République démocratique du Congo<br />
(RDC) puis à se livrer à l’ambassade<br />
des États-Unis à Kigali. Mais sa reddition<br />
suscite beaucoup de spéculations<br />
quant à sa motivation. A-t-il préféré<br />
l’abri d’une prison à la vindicte de<br />
Kigali ou de Kinshasa, qui peuvent<br />
estimer que cet exécutant des basses<br />
œuvres peut dénoncer ses maîtres d’antan<br />
? Une chose est sûre : officielle-<br />
Mai 2013 ● Afrique Asie<br />
ment, il n’est poursuivi que pour les<br />
crimes commis en Ituri par l’UPC, ce<br />
qui en principe dédouane les deux capitales.<br />
Mais le dossier peut s’étoffer.<br />
Sous la pression des organisations des<br />
droits de l’homme, le général Ntaganda<br />
pourrait être également poursuivi pour<br />
les crimes commis au Kivu, alors qu’il<br />
servait l’armée congolaise. Cela serait<br />
embarrassant pour le président Joseph<br />
Kabila, qui pourrait se voir reprocher<br />
d’avoir laissé faire.<br />
Dans ce contexte, survient un autre<br />
événement important: le vote, le<br />
28 mars, de la résolution 2098 du