AF90complet (1).pdf - CongoForum
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par l’Onu. Et moins de la moitié a pu<br />
être désarmée par les Forces armées de<br />
la République démocratique du Congo.<br />
L’autre victime collatérale de la chute<br />
de Bozizé et de la victoire des rebelles<br />
de la coalition Séléka est bien sûr<br />
l’Afrique du Sud, dont l’armée a essuyé<br />
sa première défaite importante de la<br />
période post-apartheid. Les accrochages<br />
avec les rebelles ont fait officiellement<br />
treize morts et vingt-sept blessés sudafricains,<br />
amenant le président Jacob<br />
Le 5 janvier, les Centrafricains manifestaient en faveur de la paix. Le 25 mars,<br />
le président Bozizé fuyaient devant l’arrivée des rebelles de la Séléka à Bangui.<br />
Zuma à parler d’un « triste jour » pour<br />
l’Afrique du Sud. Nul n’est dupe. Le<br />
président sud-africain a annoncé le<br />
retrait de ses troupes de Centrafrique<br />
lors du sommet régional de N’Djamena<br />
du 3 avril sur la Centrafrique, auquel il<br />
s’est invité. Mais cela faisait plusieurs<br />
jours que les soldats de l’armée sudafricaine<br />
(SANDF, South African National<br />
Defence Force) avaient commencé à<br />
quitter Bangui.<br />
La défaite est aussi politique. Elle<br />
consacre une perte d’influence de Pretoria<br />
dans le pays. Comme l’a rappelé<br />
Jacob Zuma, ses troupes étaient en Centrafrique<br />
dans le cadre d’un accord bilatéral<br />
remontant à 2007, initialement<br />
pour former l’armée centrafricaine.<br />
Mais après la première offensive de la<br />
Séléka en décembre, quelque 320<br />
hommes de la SANDF avaient été<br />
envoyés en renfort. En pure perte en<br />
définitive. En raison du refus des soldats<br />
de Bozizé de combattre les rebelles,<br />
ainsi que des militaires français et des<br />
autres pays d’Afrique centrale en mission<br />
de maintien de la paix, la SANDF<br />
s’est retrouvée pratiquement seule face<br />
aux rebelles.<br />
◗ Erreur fatale<br />
Pretoria avait à divers degrés un intérêt<br />
bien compris au maintien au pouvoir<br />
de Bozizé (voir encadré), mais, dans<br />
cette affaire, Jacob Zuma semble avoir<br />
négligé la donne régionale et franco-<br />
phone. Erreur fatale. Les quelque 500<br />
militaires français de l’opération Boali<br />
se sont contentés d’appliquer à la lettre<br />
leur mission, qui était de protéger l’ambassade<br />
et les 1 200 ressortissants français,<br />
conformément à l’intention exprimée<br />
urbi et orbi en décembre 2012 par<br />
le président François Hollande. Paris<br />
n’allait pas défendre le régime en place.<br />
Par ailleurs, la France précise que<br />
l’Afrique du Sud n’a pas cherché son<br />
aide.<br />
Une même passivité, confinant à la<br />
complicité, émane des principaux<br />
acteurs régionaux africains. Alors que<br />
l’armée tchadienne a démontré au Mali,<br />
dans des conditions très âpres, ses qualités<br />
militaires, la Force multinationale<br />
DEUX CENTS SOLDATS CENTRAFRICAINS SE SONT LIVRÉS À DES TORTURES,<br />
DES EXACTIONS DIVERSES ET DES PILLAGES… AU CONGO!<br />
Mai 2013 ● Afrique Asie<br />
AFP<br />
d’Afrique centrale (Fomac) forte de 760<br />
hommes, essentiellement composée de<br />
Tchadiens, a elle aussi brillé par son<br />
absence en s’abstenant de faire obstacle<br />
à la progression de la Séléka. Tout se<br />
passe comme si les parrains régionaux,<br />
Idriss Déby (Tchad) en tête, mais aussi<br />
Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo<br />
(Gabon) et Denis Sassou Nguesso<br />
(République du Congo), avaient saisi<br />
l’occasion pour sanctionner Bozizé, qui<br />
s’était engagé au départ des troupes<br />
sud-africaines lors des négociations de<br />
paix, voyant d’un mauvais œil ce nouvel<br />
acteur dans leur pré carré.<br />
Idriss Déby était déçu par Bozizé, à<br />
qui il reprochait de manquer à sa parole.<br />
Plusieurs accords commerciaux et militaires<br />
bilatéraux, dont la création d’une<br />
force militaire mixte pour contrôler la<br />
frontière entre les deux pays, n’ont<br />
jamais vu le jour. Bozizé aurait eu également<br />
le tort de manquer d’enthousiasme<br />
pour le projet de transfert par<br />
aqueduc des eaux de l’Oubangui pour<br />
renflouer le lac Tchad. Et certains affirment<br />
qu’il y a plus que des connivences<br />
entre Idriss Déby et Nourradine Adam,<br />
leader de la Convention des patriotes<br />
pour la justice et la paix (CPJP), l’une<br />
des composantes de la Séléka. Mais<br />
l’analyste sud-africain Helmoed Heitman<br />
va plus loin. Dans un article publié<br />
par le Sunday Independent, il affirme<br />
que les rebelles centrafricains ont reçu<br />
un appui tchadien. Lors des combats à<br />
Bangui, écrit-il, on trouvait « des forces<br />
bien différentes des va-nu-pieds décrits<br />
initialement : la plupart portaient un<br />
uniforme standard avec sangle et gilets<br />
pare-balles, des AK47 tout neufs et des<br />
armes lourdes allant jusqu’au canon<br />
23 mm ».<br />
En définitive, l’Afrique du Sud pourrait<br />
avoir perdu la Centrafrique. Un responsable<br />
de la Séléka, a déclaré : « Les<br />
accords de Bozizé avec l’Afrique du Sud<br />
n’étaient pas dans l’intérêt du pays,<br />
mais du maintien au pouvoir de Bozizé.<br />
Ils ont perdu militairement. Ils doivent<br />
s’en aller et oublier. » Cependant,<br />
d’autres membres du nouveau gouvernement,<br />
plus pragmatiques, minimisent<br />
ce précédent, considérant que Pretoria<br />
peut continuer à être un partenaire économique<br />
appréciable. ■<br />
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