AF90complet (1).pdf - CongoForum
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a appelé à plus grande ouverture des<br />
médias publics, en particulier la télévision<br />
qui, contrairement à la radio, ne<br />
parvenait pas à s’affranchir des codes<br />
convenus. Dans une communication<br />
au conseil des ministres, le chef de<br />
l’État, soulignant que l’Algérie était<br />
entrée dans l’ère de « la démocratie<br />
pluraliste », avait demandé : « La télévision<br />
et la radio doivent assurer la<br />
couverture des activités de l’ensemble<br />
des partis et organisations nationales<br />
agréés et leur ouvrir équitablement<br />
leurs canaux. » Car, avait-il indiqué,<br />
« aucune loi ni instruction n’a jamais<br />
interdit l’accès des partis politiques à<br />
la télévision et à la radio ». Cet appel<br />
devait battre en brèche l’attentisme<br />
des directeurs qui s’étaient succédé à<br />
la tête de l’audiovisuel et qui privilégiaient<br />
l’instruction bureaucratique à<br />
l’initiative créatrice.<br />
Depuis, les choses ont bien évolué.<br />
Même si l’opposition garde ses<br />
réserves – réclamant toujours plus –,<br />
les débats organisés par l’audiovisuel<br />
public ont gagné en notoriété auprès<br />
de l’opinion publique, assurant aux<br />
acteurs politiques dans leur diversité<br />
des tribunes recherchées. Un degré<br />
supplémentaire a été franchi un peu<br />
plus tard, lorsque le chef de l’État, en<br />
même temps qu’il annonçait la dépénalisation<br />
des délits de presse, donnait<br />
mandat aux responsables du secteur de<br />
« proposer les voies et les moyens<br />
d’améliorer le paysage audiovisuel, de<br />
promouvoir la communication par le<br />
biais des nouvelles technologies de<br />
l’information et d’identifier les<br />
domaines à travers lesquels l’aide<br />
publique contribuera à l’épanouissement<br />
de la presse écrite ». Il appelait<br />
par ailleurs, dans le droit fil des<br />
réformes politiques et institutionnelles,<br />
à la création d’une autorité de<br />
régulation des médias, chargée de<br />
« veiller au respect des principes<br />
consacrés par la liberté d’expression,<br />
de garantir un accès équitable des<br />
partis politiques aux médias audiovisuels<br />
et de concourir au respect de<br />
l’éthique et de la déontologie ».<br />
Les téléspectateurs algériens, qui ont<br />
pris goût à la diversité télévisuelle en<br />
se branchant sur des télévisions étrangères<br />
reçues par satellite, ne cachaient<br />
pas leur frustration en attendant le lancement<br />
de chaînes algériennes indépendantes.<br />
Quelques créateurs entre-<br />
LE PAYS DISPOSE DE TALENTS CAPABLES DE LIBÉRER<br />
LE TÉLÉSPECTATEUR DE LA TUTELLE TÉLÉVISUELLE ÉTRANGÈRE.<br />
Mai 2013 ● Afrique Asie<br />
APS<br />
prenants n’ont certes pas attendu la loi<br />
et se sont jetés dans l’eau en émettant<br />
à partir de l’étranger. Mais leurs<br />
conditions de travail précaires n’encourageaient<br />
pas les investisseurs à<br />
leur accorder les moyens de leur développement.<br />
◗ Nouvelle loi<br />
En fait, les autorités, qui avaient privilégié<br />
l’installation et le développement<br />
de radios thématiques et régionales<br />
– une radio par département et<br />
cinq radios nationales –, devaient<br />
aussi résoudre une équation difficile :<br />
ouvrir le secteur télévisuel sans déclencher<br />
une foire d’empoigne entre<br />
concurrents privilégiant l’audience<br />
pour l’audience, au risque de dérapages<br />
préjudiciables à la qualité des<br />
programmes. L’équilibre était difficile<br />
à trouver entre impératifs financiers et<br />
raisons éthiques, déontologiques et<br />
politiques. Les expériences récentes<br />
dans le monde arabe et en Afrique le<br />
confirment.<br />
C’est au nouveau ministre de la<br />
Communication, Mohamed Saïd, journaliste<br />
lui-même avant de bifurquer<br />
temporairement vers la diplomatie,<br />
qu’il reviendra de défendre le projet<br />
de loi sur la libération de l’audiovisuel<br />
devant la représentation nationale. Il<br />
estime que si l’Algérie a intérêt à<br />
ouvrir le champ télévisuel à des professionnels<br />
algériens motivés par autre<br />
chose que l’appât immédiat du gain,<br />
afin de détourner les téléspectateurs<br />
des chaînes étrangères proposant des<br />
idéologies et des modes de vie étrangers<br />
au pays, il est indispensable que<br />
cette ouverture se fasse dans le respect<br />
de critères éthiques et professionnels<br />
permettant l’émergence d’une presse<br />
de haut niveau.<br />
La nouvelle loi est attendue avec<br />
d’autant plus d’impatience par les professionnels<br />
de l’information, de la culture<br />
et du divertissement que, il faut le<br />
rappeler, l’Algérie a beaucoup investi<br />
ces dernières années dans les établissements<br />
de formation liés aux médias.<br />
Elle dispose d’équipes prêtes et de<br />
nombreux talents capables de relever<br />
le défi télévisuel: présenter aux Algériens<br />
des programmes qui les concernent<br />
dans une forme moderne et<br />
agréable à suivre, avec un contenu qui<br />
fasse avancer la réflexion et leur ouvre<br />
de nouveaux horizons. Pour libérer<br />
enfin le téléspectateur d’une certaine<br />
tutelle télévisuelle étrangère. ■<br />
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