AF90complet (1).pdf - CongoForum
AF90complet (1).pdf - CongoForum
AF90complet (1).pdf - CongoForum
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
mgodro (4) sur « le rivage<br />
assombri du Monde des<br />
Taiseaux », ses<br />
compatriotes « atteints par<br />
les remords de l’inaction »,<br />
et dresse un réquisitoire<br />
implacable contre la<br />
« puissance dévastatrice »<br />
du pays le plus agressif de<br />
la planète. Un double défi<br />
pour briser la chaîne qui<br />
joint la main de l’oppresseur<br />
à la complicité de<br />
l’opprimé.<br />
« Nous ne pouvons tous être<br />
les enfants de la défection,<br />
du renoncement ou de la<br />
reddition », affirme l’artiste,<br />
alors qu’il emprunte la<br />
parole visionnaire d’Ibuka,<br />
le premier fou de<br />
Moroni (5) , pour tracer<br />
« une ligne d’espoir aux<br />
pieds du monstre »,<br />
car la « lente agonie<br />
des vaincus n’empêche<br />
pas un miracle<br />
d’Outre-Monde ».<br />
Dans l’épilogue, une<br />
mélodie de délivrance<br />
donne le signal de la révolte<br />
et la fin du pacte<br />
d’allégeance: « Ces morts<br />
dont personne ne veut tenir<br />
le livre des comptes n’iront<br />
pas seuls au dernier Jour<br />
des Justes. » ■<br />
◗ (1) Le dhikri est une cérémonie<br />
soufie d’apaisement des défunts.<br />
L’ouvrage est publié par<br />
les Éditions Vents d’ailleurs<br />
(72 p., 9 euros).<br />
(2) En arabe, Djazaïr al-Qamar,<br />
d’où Comores, veut dire « les îles<br />
de la Lune ».<br />
(3) Paru chez Buda Musique,<br />
distribué par Universal. Il vient<br />
de recevoir le prix de<br />
l’académie Charles-Cros pour<br />
les « musiques du monde ».<br />
(4) Musique de danse au rythme<br />
ternaire partagée entre les Comores<br />
et Madagascar.<br />
(5) Capitale des Comores.<br />
◗ * Le spectacle Un dhikri<br />
pour nos morts - La Rage entre<br />
les dents sera joué au théâtre<br />
Le Tarmac (Paris 20 e ), du 25 au<br />
29 juin. Lectures aux Comores<br />
pendant le mois de mai.<br />
Il y a trente ans dans Afrique Asie<br />
La « défense » du croisé Reagan<br />
Le compte des morts violentes au Salvador, au Nicaragua et au Guatemala<br />
s’allonge, les horreurs perpétrées par les soldats formés au Panama par des<br />
instructeurs venus du Nord se suivent et se ressemblent. L’Amérique<br />
démocratique les regarde défiler sur ses écrans, et elle est mal à l’aise. La<br />
« guerre secrète » menée en Amérique centrale n’est plus secrète pour personne.<br />
L’inquiétude est grande, les initiatives de paix aboutiront-elles ? En attendant, on<br />
assiste à un gigantesque ballet macabre autour de peuples martyrs.<br />
« Cela fait, semble-t-il, un siècle qu’un représentant délégué américain aux<br />
Nations unies s’est trouvé embarrassé d’être pris en flagrant délit de mensonge.<br />
» Ces mots ne viennent pas « d’ailleurs », ils ont été écrits dans le très<br />
américain New York Times, le 12 avril, par Anthony Lewis qui poursuit : « Les<br />
États-Unis sont confrontés au choix de politique étrangère le plus crucial depuis<br />
la guerre du Viêt-Nam. Mais à la différence du Viêt-Nam, le public américain est<br />
au courant de ce qui se passe avant qu’il soit trop tard. Notre système politique<br />
saura-t-il cette fois-ci fonctionner de manière à éviter le désastre ? Le terrain est<br />
l’Amérique centrale, et quiconque sait se servir de ses yeux ne peut avoir de<br />
doute sur ce que l’administration Reagan est en train d’y faire. Elle y mène une<br />
guerre secrète. Elle y accroît un engagement américain dans des problèmes que<br />
nous ne pouvons résoudre. Elle provoque une identification des États-Unis<br />
comme oppresseurs et assassins. Les résultats d’une telle politique ne sont pas<br />
difficiles à imaginer : elle nous aliénera le centre en Amérique latine et intensifiera<br />
les sentiments anti-américains. La recherche d’une victoire militaire<br />
conduira à une débâcle politique – pour la région et pour les États-Unis. »<br />
L’opinion américaine s’est clairement prononcée, ces derniers mois, contre la<br />
politique reaganienne en Amérique<br />
centrale qui se résume ainsi:<br />
empêcher la victoire des forces<br />
révolutionnaires au Salvador,<br />
déstabiliser le pouvoir sandiniste<br />
au Nicaragua, garder le contrôle,<br />
par tous les moyens possibles, du<br />
Guatemala, du Honduras et du<br />
Costa Rica. La principale justification<br />
idéologique de cette politique<br />
n’a rien d’original, elle est à<br />
l’œuvre aussi bien ici qu’en<br />
Afrique australe et en Asie du<br />
Sud-Est : défendre l’« Ouest »<br />
contre l’« Est ». Les paysans massacrés<br />
au Salvador, les Indiens<br />
victimes du cannibalisme – au sens propre, les témoignages sont là – de la soldatesque<br />
du très chrétien général Rios Montt au Guatemala, les miliciens sandinistes<br />
de 18 ans, tous ces gens-là sont présentés comme des agents de Moscou et<br />
de La Havane. Cette couleuvre, les Américains moyens, sondés par les instituts<br />
spécialisés, sont de moins en moins nombreux à l’avaler. Ils inclinent plutôt à<br />
s’inscrire dans la question posée par les manifestants du 19 mars à New York :<br />
« Pourquoi devons-nous financer l’assassinat du peuple salvadorien ? » [...]<br />
Par ailleurs, le consensus latino-américain est brisé depuis la guerre des<br />
Malouines : désormais, le Venezuela, la Colombie et Panama sont ralliés à l’initiative<br />
franco-mexicaine pour un dialogue et une désescalade en Amérique<br />
centrale. La logique de la lecture reaganienne du conflit comme un affrontement<br />
« Est-Ouest » est refusée par l’Europe occidentale, et pas seulement social-démocrate.<br />
Comment réagit-on à Washington ? Une formule semble bien résumer<br />
l’attitude de l’administration Reagan : « Elle ne peut pas vaincre, mais elle ne<br />
veut pas perdre. » ■ Fausto Giudice<br />
Mai 2013 ● Afrique Asie<br />
D. R.<br />
89