Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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n° 336 • mars 2013 <strong>Bull<strong>et</strong>in</strong> <strong>de</strong> <strong>liaison</strong> <strong>et</strong> d’information • 3•<br />
<strong>de</strong> Cumhurriy<strong>et</strong>, a <strong>de</strong>mandé carrément<br />
quelles concessions la «<br />
république turque » avait faite à<br />
« celui qui est en prison. »<br />
Seul Taraf continuait d’être porté<br />
par l'enthousiasme, sous la<br />
plume <strong>de</strong> l’éditorialiste Ildiray<br />
Ogur, qui parlait, lui aussi, d’une<br />
autre ère, celle <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong><br />
république turque, <strong>et</strong> qu’Ocalan<br />
serait le lea<strong>de</strong>r qui a résolu la<br />
question kur<strong>de</strong>.<br />
Mais la réaction la plus attendue<br />
était celle <strong>de</strong> la guérilla, concernée<br />
au premier chef par la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> son désarmement <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> son r<strong>et</strong>rait <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong><br />
Turquie. Comme d’habitu<strong>de</strong>,<br />
Murat Karayılan a répondu par<br />
un « oui, mais », indiquant que<br />
ses combattants se r<strong>et</strong>ireraient <strong>de</strong><br />
Turquie après <strong>de</strong>s pas concr<strong>et</strong>s<br />
faits par le gouvernement, qui<br />
prouveraient sa « bonne foi », à<br />
savoir : La mise en place <strong>de</strong> commissions<br />
dans le processus <strong>de</strong><br />
décision <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur application <strong>et</strong><br />
l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />
détention d’Öcalan ; l’usage d’un<br />
langage pacifique ; prendre ses<br />
responsabilités légales <strong>et</strong> constitutionnelles<br />
pour m<strong>et</strong>tre en pratique<br />
le proj<strong>et</strong> proposé par le lea<strong>de</strong>r<br />
; que les institutions <strong>et</strong> les<br />
groupes <strong>de</strong> la société civile prennent<br />
part au processus.<br />
Gultan Kişanak, co-prési<strong>de</strong>nte<br />
du BDP, a aussi très vite exigé<br />
<strong>de</strong>s garanties <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
Turcs, afin que ceux qui soutiendraient<br />
les initiatives pour le<br />
processus ne soient pas, une fois<br />
<strong>de</strong> plus, inquiétés judiciairement,<br />
alors que presque tous les représentants<br />
politiques kur<strong>de</strong> ont<br />
déjà <strong>de</strong>s procès en cours, quand<br />
ils ne sont pas tout bonnement<br />
emprisonnés, <strong>et</strong> que même<br />
Hakan Fidan, le chef du MIT <strong>et</strong> le<br />
principal artisan <strong>de</strong>s négociations<br />
avec Öcalan, a aussi été<br />
accusé par un procureur. Elle<br />
exige aussi plus <strong>de</strong> précisions sur<br />
la volonté <strong>de</strong> la Turquie <strong>de</strong> se<br />
démocratiser réellement.<br />
Erdogan a alors annoncé la formation<br />
d'un « Conseil <strong>de</strong>s sages<br />
», recruté dans tous les segments<br />
<strong>de</strong> la société, qui aurait une fonction<br />
consultative sur le processus.<br />
C<strong>et</strong>te idée avait été lancée<br />
auparavant par le lea<strong>de</strong>r du parti<br />
d’opposition CHP, mais dans<br />
l‘esprit <strong>de</strong> Kemal Kiliçdaroğlu,<br />
un tel conseil <strong>de</strong>vait être chapeauté<br />
par le Parlement <strong>et</strong> aurait<br />
travaillé en partenariat avec une<br />
« commission <strong>de</strong> réconciliation. »<br />
Mais les modalités du r<strong>et</strong>rait <strong>de</strong><br />
la guérilla ont fait l’obj<strong>et</strong> d’interrogations.<br />
Cemil Bayik, un autre<br />
haut responsable militaire qui<br />
avait été, après 1999, vu comme<br />
un possible successeur d’Öcalan<br />
mais que Murat Karayılan a peu<br />
à peu évincé, a ainsi déclaré sur<br />
Nûçe TV (une chaine pro PKK)<br />
qu’il fallait <strong>de</strong>s garanties légales<br />
à un tel r<strong>et</strong>rait, c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
« protection » étant relayée par le<br />
reste <strong>de</strong>s commandants militaires.<br />
Le Premier ministre Erdogan a,<br />
dès fin mars, indiqué que les<br />
combattants du PKK <strong>de</strong>vaient<br />
déposer les armes avant <strong>de</strong> se<br />
r<strong>et</strong>irer, pour éviter tout accrochage,<br />
selon lui. Se r<strong>et</strong>irer pour aller<br />
où, le Premier ministre ne l’a pas<br />
exprimé clairement, indiquant<br />
que cela pouvait tout aussi bien<br />
être en Irak (où ils sont déjà bien<br />
installés), peut-être en Syrie (où<br />
ils viendraient alors grossir les<br />
rangs <strong>de</strong>s forces du PYD, ce qui<br />
ne plairait peut-être guère au<br />
Conseil national kur<strong>de</strong> syrien,<br />
voire même dans «les pays scandinaves»<br />
(sic), qui n'ont pas émis<br />
<strong>de</strong> remarques à ce suj<strong>et</strong>. Enfin,<br />
comme une façon <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre légèrement<br />
la pression sur la branche<br />
politique afin qu'elle fasse ellemême<br />
pression sur la partie combattante,<br />
il a fait remarquer que<br />
le BDP était encore vu, en<br />
Turquie, comme affilié politiquement<br />
à une organisation terroriste<br />
<strong>et</strong> que ce parti avait donc tout<br />
intérêt à ce que le PKK obtempère<br />
rapi<strong>de</strong>ment.<br />
SYRIE :<br />
VERS UNE ÉVOLUTION DE LA GUERRE DANS LES RÉGIONS KURDES ?<br />
D<br />
epuis le printemps 2011,<br />
c’est, au Kurdistan <strong>de</strong><br />
Syrie, une situation <strong>de</strong><br />
ni paix ni guerre, selon<br />
la ligne du PYD (Parti<br />
<strong>de</strong> l’unité démocratique) mais<br />
aussi d'autres partis kur<strong>de</strong>s très<br />
réticents envers les Frères musulmans,<br />
où les Kur<strong>de</strong>s restent à<br />
peu près épargnés si l'on compare<br />
avec les terribles violences<br />
dans les régions arabes. Les<br />
Kur<strong>de</strong>s sont aussi livrés à euxmêmes,<br />
dans une situation <strong>de</strong><br />
vi<strong>de</strong> politique <strong>et</strong> administratif<br />
qui rappelle celui laissé par<br />
Saddam Hussein quand il s'est<br />
r<strong>et</strong>iré <strong>de</strong> lui-même <strong>de</strong> la future<br />
Région autonome kur<strong>de</strong> en<br />
1991. S'il y a eu, çà <strong>et</strong> là, quelques<br />
accrochages avec l'armée syrienne,<br />
à Alep ou Qamishlo, c'est<br />
surtout aux combattants syriens<br />
que les forces YPG fermaient le<br />
Kurdistan syrien.<br />
Aux <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> février, Asya<br />
Abdullah, la co-prési<strong>de</strong>nte du PYD<br />
(branche syrienne du PKK) a ainsi<br />
exposé que les zones kur<strong>de</strong>s déjà<br />
investies <strong>et</strong> contrôlées par son parti<br />
après le r<strong>et</strong>rait <strong>de</strong>s forces gouvernementales,<br />
s’organisaient en communautés<br />
autonomes, en incluant<br />
les communautés arabes <strong>et</strong> chrétiennes,<br />
<strong>et</strong> appliquaient le modèle<br />
politique prôné par Öcalan, avec<br />
<strong>de</strong>s Conseils populaires, <strong>de</strong>s<br />
bureaux du Croissant rouge <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
Comités <strong>de</strong> secours, chargés <strong>de</strong><br />
répartir fuel, pain <strong>et</strong> divers services<br />
dans la population.