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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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54<br />

Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basin Oz<strong>et</strong>i<br />

nous sont parvenus <strong>et</strong>, au regard <strong>de</strong><br />

l'explosion du nombre <strong>de</strong> réfugiés en<br />

Jordanie, ce sont 80 millions qui sont<br />

désormais nécessaires. Fin mars, nous<br />

serons probablement contraints <strong>de</strong><br />

faire un choix entre nos différentes<br />

activités: ce sera vaccinations, éduca¬<br />

tion oufournitured'eau. » De fait, sans<br />

nouveaux apports financiers, le HCR<br />

<strong>de</strong>vra revoir à la baisse le standing<br />

déjà bien peu élevé du camp. «La<br />

situation est tellement difficile, assure<br />

Nida, que si elle se dégra<strong>de</strong> encore il<br />

faudratrouverunesolutionpourquit-<br />

terc<strong>et</strong>teprison à ciel ouvert. Pourquoi<br />

la communautéinternationale nefait-<br />

élle rienpournous?»<br />

A l'entrée du camp, un immense<br />

écheveau <strong>de</strong> camions-citernes, véhi¬<br />

cules d'humanitaires <strong>et</strong> cars <strong>de</strong> réfu¬<br />

giés traversent un champ d'oliviers<br />

rachitiques avant <strong>de</strong> franchir les bar¬<br />

belés qui encerclent le camp. Dans<br />

c<strong>et</strong>te agitation, quelques réfugiés font<br />

le traj<strong>et</strong> dans l'autre sens, autorisa¬<br />

tions en poche, pour fuir Zaatari. A<br />

<strong>de</strong>ux pas, dans une allée à gauche <strong>de</strong><br />

l'entrée, ils sont nombreux à faire la<br />

queue pour obtenir le précieux<br />

sésame: le parrainage par un Jorda¬<br />

nien qui leur perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> sortir du<br />

camp. Un cousin, un ami, l'ami d'un<br />

ami... Il suffit d'une signature pour<br />

fuir c<strong>et</strong> enfer. Les réfugiés sont déjà<br />

plus nombreux hors <strong>de</strong>s camps du<br />

HCR. Selon un <strong>de</strong>rnier décompte, la<br />

Jordanie accueille 450 000 Syriens.<br />

Un poids terrible pour sa fragile éco¬<br />

nomie. Le far<strong>de</strong>au n'estpas seulement<br />

financier. C<strong>et</strong> afflux humain accroît<br />

les pénuries d'eau déjà nombreuses.<br />

Au risque <strong>de</strong> provoquer<strong>de</strong>s secousses<br />

politiques dans un pays qui a multi¬<br />

plié les efforts ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières<br />

années pour éviter toute réplique <strong>de</strong>s<br />

« printemps arabes ».<br />

Lorsque, au csur <strong>de</strong> l'été, Zaatari<br />

se transformera en fournaise, l'eau<br />

<strong>de</strong>viendra le problème numéro un. Et<br />

combien seront-ils alors dans le<br />

camp lorsque l'été arrivera? «Je ne<br />

vois aucunesolution, assène Antoine<br />

Foucher, chef <strong>de</strong> mission <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>¬<br />

cins sans Frontières. Il n'y a pas <strong>de</strong><br />

ressources disponibles. Alors quoi<br />

faire? Construire unpipeline en trois<br />

mois? De toutefaçon il n'y a pas <strong>de</strong><br />

donateurs. Tout le mon<strong>de</strong> a l'air<strong>de</strong> se<br />

satisfaired'un "jusqu'ici, toutvabien"<br />

alors qu'on va droit dans le mur. »<br />

CÉLINELVSSATO<br />

c::r 21 MARS 2013 - N= 2524<br />

UN JOUR, LA PRESENTATRICE A DIT NON<br />

L'évadée <strong>de</strong> Radio Damas<br />

Une héroïne, c'est ainsi que<br />

les médias l'ont présentée<br />

lorsqu'elle a décidé, en<br />

juill<strong>et</strong> <strong>de</strong>rnier, <strong>de</strong> fuir<br />

Damas après avoir dénoncé sur Face-<br />

book la violence du régime. Première<br />

journaliste du pouvoir à faire séces¬<br />

sion, alaouite <strong>de</strong> surcroît- la minorité<br />

du clan Assad -, Ola Abbas (photo) a<br />

eu droit à <strong>de</strong>s hommages planétaires,<br />

d'Al-Jazeera à CNN. «Quellefemme<br />

courageuse!» témoigne encoreMoun-<br />

zerMakhous, l'ambassa<strong>de</strong>ur parisien<br />

du Conseil national syrien. La brune<br />

pulpeuse, ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong> l'Organisme <strong>de</strong><br />

la Radio-Télévision arabe syrienne<br />

(Ortas), a gagné sa place dans l'oppo¬<br />

sition, un statut <strong>de</strong> réfugiée politique<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses propositions d'édi¬<br />

teurs l'invitant à se raconter.<br />

L'histoire qu'elle publie chez Michel<br />

Lafon, «Une folie syrienne» (à<br />

paraître le 28 mars),n'estpourtantpas<br />

si glorieuse. C'est là son intérêt Ola<br />

Abbas dissèque, dans un style à l'eau<br />

<strong>de</strong> rose, la naïv<strong>et</strong>é, l'aveuglement, les<br />

lâch<strong>et</strong>ésd'une p<strong>et</strong>ite célébrité d'abord<br />

trop choyée, trop obnubilée par elle-<br />

même, par ses amours <strong>et</strong> ses séances<br />

<strong>de</strong> Botox pour entendre les appels <strong>de</strong><br />

la révolution. «Nous n'avonsjamais<br />

connu d'opposition, dit-elle d'unevoix<br />

indolente. Quand les événements ont<br />

commencéà Tunis,jepensais que cela<br />

ne concerneraitpas la Syrie car nous<br />

avions le cerveau anesthésié. »<br />

Fille d'un poète marxiste mort<br />

jeune<strong>et</strong>d'une mère écrivain, incondi¬<br />

tionnelle du régime, la belle alaouite<br />

avaitgagné sa place à la télévision <strong>et</strong> à<br />

la radio syriennes grâce au concours<br />

d'un ami officier, proche d'Hafez al-<br />

Assad. Protégée aucdu système,<br />

bien payée, elle enregistrait ses flashs<br />

<strong>d'information</strong> <strong>et</strong> ses émissions mati¬<br />

nales sur la place <strong>de</strong>s Omeyya<strong>de</strong>s,<br />

sousl' amical du directeur <strong>de</strong> l'in¬<br />

formation. « Bachar » avait été son<br />

gui<strong>de</strong>, son espoir. Elle avait pleuré à<br />

ses côtés lors <strong>de</strong> l'enterrement <strong>de</strong> son<br />

frère Bassel, <strong>et</strong> lui avait murmuré:<br />

«Fais bien attention à toi. H ne nous<br />

restequeDieu<strong>et</strong>vous. «Quand Bachar<br />

apris laplace dupère, OlaAbbas acru,<br />

comme beaucoup, aux promesses <strong>de</strong><br />

r<br />

è<br />

Faire<br />

comme<br />

si <strong>de</strong> rien<br />

n'était<br />

"malgré<br />

l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

chair rôtie,<br />

<strong>de</strong> sang<br />

brûlé"<br />

fTP<br />

V<br />

réformes. En 2007, quand il a brigué<br />

un second mandat, elle a chanté à sa<br />

gloire <strong>et</strong> interviewé les hommes forts<br />

du régime sous les feux d'artifice. La<br />

fête s'est terminée ilya<strong>de</strong>ux ans avec<br />

les premières manifestations répri¬<br />

mées dans le sang. Le soir, la nuit, en<br />

cach<strong>et</strong>te, la journaliste regardait la<br />

BBC <strong>et</strong> Al-Jazeera, se connectait sur<br />

intern<strong>et</strong> avec ses amis, intellectuels,<br />

hommes <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres, <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s oppo¬<br />

sants. Mais elle continuait àpasser les<br />

reportages truqués, à lire à l'antenne<br />

les communiqués mensongers du<br />

pouvoir, transformant les opposants<br />

en« terroristes ». Parpeur<strong>de</strong> perdre sa<br />

place, d'être dénoncée, torturée, arrê¬<br />

tée comme certains <strong>de</strong> ses amis.<br />

Longtemps, Ola a tenté <strong>de</strong> tenir la<br />

révolution à distance. Faire comme si<br />

<strong>de</strong> rien n'était « malgrél'o<strong>de</strong>ur<strong>de</strong>chair<br />

rôtie, <strong>de</strong> sang brûlé», dîner avec un<br />

officier <strong>de</strong> sécurité du pouvoir, s'ou¬<br />

blierdans les pâtisseries <strong>et</strong> les crèmes<br />

<strong>de</strong> beauté, recevoir son amant <strong>et</strong><br />

l'écouter dire: «Bacharest un homme<br />

bon. «Supporterlaschizophrénie, flir¬<br />

ter avec la folie, jusqu'à ce que le mas¬<br />

sacre <strong>de</strong> 50enfants à Houla ne lui<br />

laisse plus le choix: «J'étais unecrimi-<br />

nelle. » Ola Abbas a quitté son amant,<br />

son chien, sa villa, ses bijoux <strong>et</strong> ses<br />

fourrures, pour 10 mètres carrés à<br />

Levallois. Sa mère, qui continue <strong>de</strong><br />

soutenir Bachar, ne lui a jamais par¬<br />

donné son choix. Elle, chaque jour,<br />

pleure les 70000morts <strong>de</strong> son pays.<br />

SOPHIEDES DÉSERTS

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