Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
52<br />
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basin Oz<strong>et</strong>i<br />
, - , - , 21 mars 2013<br />
SYRIE : LA TRAGEDIE HUMANITAIRE<br />
A Zaatari,<br />
le camp <strong>de</strong><br />
la honte<br />
Insécurité, pénurie, hôpital bondé... Dans c<strong>et</strong>te<br />
prison à ciel ouvert, en plein désert jordanien,<br />
s'entassent 100 000 Syriens chassés par la guerre.<br />
Alors que leur nombre ne cesse <strong>de</strong> croître, l'ai<strong>de</strong><br />
promise par les donateurs n'arrive toujours pas<br />
DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE<br />
Un nuage charbonneux<br />
s'élève d'entre les tentes<br />
blanches frappées du logo<br />
onusien. Des flammes<br />
apparaissent. Dans le froid <strong>de</strong> la fin<br />
d'hiver jordanien, <strong>de</strong>s cris fusent<br />
dans tous les sens. Dans le camp <strong>de</strong><br />
toile plein à craquer <strong>de</strong> Zaatari, l'in¬<br />
cendie se propage rapi<strong>de</strong>ment. Cer¬<br />
tains réfugiés accourent pour propo¬<br />
ser leur ai<strong>de</strong>. La plupart fuient.<br />
«Allahou akbar!» (« Dieu est le plus<br />
grand! »), implore un homme. Une<br />
femme en pleurs, son enfant dans les<br />
bras, protège son visage <strong>de</strong> la fumée<br />
avec son voile. Un camion <strong>de</strong> secours<br />
se fraie finalement un passage pour<br />
étouffer le brasier. Mais près <strong>de</strong> qua¬<br />
rante tentes ont été détruites <strong>et</strong> la<br />
colère gron<strong>de</strong>. « On nous traitecomme<br />
<strong>de</strong>s chiens », crie un réfugié. L'origine<br />
du feu? Les réponses sont tellement<br />
nombreuses qu'il est impossible.<strong>de</strong><br />
la connaître réellement. Dans le<br />
chaos <strong>de</strong> la désormais sixième ville<br />
<strong>de</strong> Jordanie, où sont entassés<br />
quelque 100 000 réfugiés syriens,<br />
chaque famille - parfois douze per¬<br />
sonnes - vit dans un espace <strong>de</strong> toile<br />
<strong>de</strong> quatre mètres sur cinq. A l'inté¬<br />
rieur, s'entasse le peu <strong>de</strong> biens arra¬<br />
chés à laguerre qui fait rage quelques<br />
kilomètres plus au nord: <strong>de</strong>s vête¬<br />
ments; <strong>de</strong>s couvertures, <strong>de</strong>s usten¬<br />
siles <strong>de</strong> cuisine, <strong>de</strong>s matelas, mais<br />
aussi parfois un p<strong>et</strong>it chauffage élec¬<br />
trique, une bonbonne <strong>de</strong> gaz pour<br />
faire à manger.<br />
«Ilfautbienqu'onvive, onfait avec<br />
ce qu'on a... », lâche Nida al-Hariri. Il<br />
y a un mois <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi, c<strong>et</strong>te mère <strong>de</strong><br />
22 ans a fui Deraa, le berceau <strong>de</strong> la<br />
révolution. «Mon bébé était âgé <strong>de</strong><br />
15jours. Les violences, les combats. . . Il<br />
fallaitpartir. Alors nous avonspris lé<br />
strict minimum <strong>et</strong> nous avons mar-<br />
CHIFFRES<br />
LES RÉFUGIÉS<br />
SELON LE HCR<br />
Jordanie<br />
340524<br />
Liban 339187<br />
Turquie 258200<br />
Irak 110 663<br />
TOTAL plus d'un<br />
million<br />
1 L'EXPANSION<br />
1 DE ZAATARI<br />
Août 2012,<br />
. ouverture<br />
du camp : 3500<br />
réfugiés<br />
Octobre 2012<br />
30 000 réfugiés<br />
Janvier 2013<br />
62000 réfugiés<br />
Mars 2013<br />
120000 réfugiés<br />
+<br />
ché.L'Arméelibreprotègelepassageà<br />
certains endroits clan<strong>de</strong>stins <strong>de</strong> la<br />
frontière. C'est comme ça que nous<br />
avons pu, une nuit, passer sans trop<br />
<strong>de</strong> danger. Puis l'arméejordanienne<br />
nous a récupérés <strong>et</strong> nous a amenés<br />
ici », raconte la jeune femme, un sen¬<br />
timent d'abandon terrible dans le<br />
regard. Assise près du point d'eau,<br />
elle s'inquiète pour son nourrisson:<br />
« On nous donne uneseule boîte <strong>de</strong>lait<br />
en poudre pour quatre jours. Nous<br />
n'avonsplus d'argentpouren ach<strong>et</strong>er<br />
dans le camp. Que va manger mon-<br />
fils?» Nida <strong>et</strong> son mari n'ont pas <strong>de</strong><br />
famille à Zaatari, aucun soutien.<br />
«Nous n'avons rien ici!» dénonce un<br />
voisin en colère. «Regar<strong>de</strong>z ce réser¬<br />
voir: voilà toute l'eau que nous avons.<br />
Regar<strong>de</strong>zsacouleurlElleaunsalegoût.<br />
Acaused'elle, nosenfantssontmala<strong>de</strong>s,<br />
ils vomissent, ils ont mal au ventre»,<br />
ajoute c<strong>et</strong> homme. L'eau a beau être<br />
testée quotidiennement <strong>et</strong> les centres<br />
médicauxne pas être emplis d'enfants<br />
atteints <strong>de</strong> diarrhée, c<strong>et</strong>te conviction<br />
persiste dans le camp.<br />
Dés enchaînés à leur<br />
détresse, les réfugiés expriment leur<br />
mécontentement <strong>de</strong> façon <strong>de</strong> plus en<br />
plus violente. Les émeutes au point<br />
<strong>de</strong> ravitaillement se multiplient. Des<br />
échoppes aux murs <strong>et</strong>toit <strong>de</strong> tôle ont<br />
fini par ouvrir sans que les autorités<br />
du camp parviennent d'ailleurs à<br />
comprendre comment la marchan¬<br />
dise entre dans Zaatari. Mais ces<br />
commerces ne suffisent pas davan¬<br />
tage à répondre aux besoins. Et avec<br />
quoi payer les fruits, légumes «®e<br />
-&<br />
m<br />
r