30.06.2013 Views

CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>CAUSERIES</strong> <strong>FRANÇAISES</strong><br />

il était de Victor Hugo, et d'Annunzio est assez riche par ailleurs pour qu'on puisse<br />

lui retirer celui-là sans lui faire aucunement tort.<br />

Hugo est un homme immense.<br />

Au moment de vous en parler, je me suis dit : « De quoi vais-je surtout parler ? »<br />

Oh ! je n'ai pas hésité longtemjis ! Ce qui constitue un poète, ce sont ses vers. Ce qui<br />

est le miracle de Hugo, c'est sa poésie. Sa prose est admirable, il est un grand écrivain<br />

en prose, mais ce qui lui a donné la gloire, ce qui le fait rayonner immortellement,<br />

et ce qui lui a donné la force et l'audace même en prose, c'est qu'il était un grand poète.<br />

Nous allons surtout parler de ses vers, et nous parlerons de sa prose en dernier<br />

lieu, si le temps ne nous presse pas trop.<br />

Nous allons parcourir son œuvre poétique à bâtons rompus, en nous arrêtant de<br />

temps en temps pour commenter un poème plus beau ou plus particulier que les<br />

autres. Nous n'aurons d'ailleurs que l'embarras du choix. Je suis même effrayé de cet<br />

amas de vers qui est là, devant nous ! Mais il n'y a que la lecture des textes pour<br />

apprécier ou faire apprécier un poète. La poésie est forme, essentiellement forme.<br />

C'est comme la musique. Vous aurez beau [larler de musique pendant une heure, rien<br />

ne remplacera l'audition du morceau.<br />

J'aurai donc le plaisir de vous lire un certain nombre de textes et nous con-<br />

clurons après. Nous négligerons d'ailleurs les tout premiers volumes sur lesquels<br />

la critique traîne toujours un peu trop, de sorte qu'il ne reste pas assez de temps pour<br />

les derniers qui sont très supérieurs, car les derniers volumes de Victor Hugo, on ne<br />

le sait pas assez et j'attire votre attention là-dessus, ne sont pas tous de sa vieillesse.<br />

Certains sont des réunions de pièces de son âge mûr, qu'il n'avait pas eu le temps de<br />

publier alors, car chez lui la production littéraire allait plus vite que la production<br />

libraire, si je puis dire. Par exemple, à la fin de sa vie, il a fait paraître deux énormes<br />

volumes, intitulés les Quatre Vents de l'Esprit, et qui sont, pour ainsi dire, comme une<br />

condensation, comme une moisson de toute sa vie {joétique. Les Quatre Vents de l'Esprit<br />

sont d'ailleurs un livre peu connu, qtri mérite de l'être, et dans lequel il y a des choses<br />

encore absolument admirables.<br />

Les premiers livres l'ont rendu célèbre, ils sont pleins aussi de beaux vers ; mais<br />

c'est surtout à partir des Feuilles d'Automne qu'il est entré résolument dans le lyrisme<br />

intime que lui ont appris Lamartine et Sainte-Beuve, et c'est à partir de l'exil qu'il est<br />

devenu vraiment le grand poète, l'égal des plus hauts génies lyriques.<br />

Nous passerons donc tris rapidement sur son premier volume, les Odes et Ballades.<br />

Vous savez qu'il a publié ses premières odes à vingt-deux ans, il les avait écrites à<br />

l'âge de vingt ans, moins même. La dernière édition des Odes et Ballades est de 1826,<br />

il avait vingt-quatre ans.<br />

Vous avouerai-je que les Odes et Ballades me paraissent d'un art véritablement très<br />

lointain, et souvent, malgré le talent de l'auteur (car elles sont déjà pleines de talent)<br />

tout à fait périmé .^*<br />

Vous<br />

savez qu'à ce moment-là Hugo était très fervent royaliste : ses<br />

poésies sont un peu trop d'un poète lauréat, d'un poète pensionné. 11 chante successivement<br />

tous les, événements de la vie du Roi, la mort du duc de Berry, la guerre<br />

d'Espagne, la naissance du duc de Bordeaux, le sacre de Charles X, etc. Mais, dans<br />

Buonaparte, quelle forte netteté, déjà !<br />

Et dans les Deux Iles, dans Moïse sur le Nil, et<br />

enfin dans un Chant de fête de Néron, quel mouvement, et quel solide et brillant<br />

style ! Il avait vingt-trois ans quand il publia ce dernier poème que je vais vous lire<br />

pour vous donner une idée de cette toute première manière du grand poète.<br />

Le poème est dédié au comte Alfred de Vigny. .\ ce moment-là, Vigny et Hugo<br />

étaient grands amis. Depuis lors...

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!