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CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

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LE PARNASSE<br />

Moi, ma Nuit au sombre voile<br />

N'a, pour charme et pour clarté,<br />

Qu'une fleur et qu'une étoile :<br />

Mon amour et ta bea-uté !<br />

Albert Mérat et Léon Valade ont été, par l'amitié et leur commun amour de la<br />

poésie, comme deux frères siamois. Ensemble, ils écrivirent ce charmant recueil de<br />

sonnets : Avril, Mai, Juin; ensemble, ils traduisirent l'Intermezzo d'Henri Heine.<br />

Mérat fut un poète habile, fécond, d'une inspiration pure, élégante, soutenue; son<br />

nom demeure attaché aux Chimères, à VIdole, aux Villes de Marbre, aux Poèmes de<br />

Paris, recueils qui contiennent la fleur de son talent prinlanier et prime-sautier :<br />

RÉVEIL<br />

Avril revient. Salut à son jeune réveil I<br />

Les paupières du ciel se rouvrent, longtemps closes.<br />

Et les fleurs de pêcher, comme des lèvres roses,<br />

Se tendent au baiser de flamme du soleil.<br />

La colline s'émeut du renouveau vermeil.<br />

Et, douce, elle sourit à la douceur des choses.<br />

Voyant avec le froid fuir les brouillards moroses<br />

Et les bois composer un bouquet sans pareil.<br />

En avril, !a colline est une jeune fille :<br />

Un léger vêtement d'émeraude l'habille.<br />

Le plus fin qu'elle puisse avoir, et le premier.<br />

Pour chevelure elle a le vert frisson des branches^<br />

Pour souffle le parfum des aubépines blanches.<br />

Et porte à son corsage une fleur de pommier.<br />

Léon Valade avait l'amour, la compréhension de Paris, et il l'admirait « jusque<br />

dans ses verrues ». C'est un poète aimable, parnassien d'avant la lettre, puisque ses<br />

premiers vers datent de i863. Le recueil : A mi-côte, paru onze ans après, confirma la<br />

maîtrise de Léon Valade. Ce poêle n'a pas eu, de son vivant, la place et la renommée<br />

qui lui étaient légitimement dues. Je lui enifirunle deux sonnets caractérisant la<br />

diversité de son inspiration :<br />

Nuit de Paris<br />

Le ciel des nuits d'été fait à Paris dormant<br />

Un dais de velours bleu piqué de blanches nues.<br />

Et les aspects nouveaux des ruelles connues<br />

Flottent dans un magique et pâle enchantement.<br />

L'angle, plus effilé, des noires avenues.<br />

Invite le regard, lointain vague el charmant.<br />

Les derniers Philistins, qui marchent pesamment.<br />

Ont fait trêve aux éclats de leurs voix saugrenues.<br />

Les yeux d'or de la Nuit, par eux effarouchés,<br />

Rrillent mieux, à présent que les voilà couchés...<br />

C'est l'heure unique et douce où vagueni, de fortune.<br />

Glissent d'un pas léger, sur le pavé chanceux.<br />

Les poètes, les fous, les buveurs, et tous ceux<br />

Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune.

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