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CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

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VICTOR HUGO i3<br />

Au loin dans le bois vague on entendait des rires.<br />

C'étaient d'autres amants, dans leur bonheur plongés.<br />

Par moments un silence arrêtait leurs délires.<br />

Tendre, il lui demandait: D'où vient que tu soupires ?<br />

Douce, elle répondait: D'où vient que vous songez.»^<br />

Tous deux, l'ange et le roi, les mains entrelacées,<br />

Ils marchaient, fiers, joyeux, foulant le vert gazon,<br />

Ils mêlaient leurs regards, leur souffle, leurs pensées...<br />

O temps évanouis ! ô splendeurs éclipsées !<br />

O soleils descendus derrière l'horizon !<br />

Avril 18...<br />

(Applaudissements).<br />

Ce sont de très beaux vers. Il y a, en eux, une nostalgie divine, n'est-il pas vrai .'<br />

Enfin, nous arrivons au quatrième de ces volumes qui sont les volumes de la<br />

première manière de Victor Hugo : les Rayons et les Ombres. Ce quatrième volume est<br />

assez semblable aux trois autres. II contient beaucoup de vers polîtiques, car, on ne le<br />

dit jamais assez, il y a chez Hugo, peut-être primdrdialemenf, un lyrique social. 11<br />

n'est venu à l'intimité, au moi, qu'après la politique, après la cité. C'est un homme qui<br />

a toujours vibré à la vie de la cité, et, au fend, c'est là une conception antique du<br />

poète. Il y a, chez Hugo, un Pindare, et puis il y a aussi un Lamartine, un Vigny, un<br />

poète plus moderne, un poète de l'âme. Et les dfux veines n'ont cessé de s'entre-<br />

lacer sans qu'aucune disparaisse au profit de l'autre.<br />

C'est dans les Bayons et les Ombres que se trouve cet admirable pot me, la Tristesse<br />

d'Olympio. dont vous connaissez tous le titre et certainement les vers, et qui, je vous<br />

le signale en passant, a été écrit dans la banlieue de Paris, à Jouy-cn-Jozas. Le paysage<br />

que décrit la Tristesse d'Olympio, les bois, l'ét&ng j rès de la source, les « retraites<br />

d'amour », « les chambres de feuillage en hivlliers changées », tout cela entourait une<br />

petite maison de paysan où Victor Hugo rencontrait Juliette Drouet, et qui se trouve à<br />

Jouyen-Jozas, au lieu nomm.é les Meiz. On a pofé sur l'humble demeure une petite<br />

plaque ccn memorative, mais pour voir la maison il faut amadouer la propriétaire,<br />

car elle n'aime pas beaucoup les étrangers: sa maison est trop historique pour elle!<br />

{Ri?'es).<br />

Nous trouvons ensuite, dansles Bayons et les Ombres cet admirable OceanoNox que<br />

je lirais si je ne craignais pas d'être pris par le fem| s. C'est avec la Tristesse d'Olympio<br />

et Oceano Nox, que s'annonce l'évolution prochaine de Hugo, la grande manière, celle<br />

des Cordem plat ions, de la Légende des Siècles, des Châtiments, et de deux poèmes<br />

posthumes, mais écrits à celte époque là, Dieu, et la Fin de Satan.<br />

Et là je dois faire un aveu. Mon ami Monlforl m'a demandé cette conférence sur<br />

Hugo parce qu'il savait d'abord que j'admirais infiniment Hugo etque même, autrefois,<br />

il y a vingt nns exactement, j'avais publié sur lui une élude. Je disais, dans cette<br />

étude (vous m'excuserez de me citer, mais c'est pour un mea culpa) je disais :<br />

Et l'on peut même éprouver un sentiment de prédilection pour les quatre volumes dont<br />

je viens de parler, pour ces vers moins étonnants, moins bruyants d'orages, moins éblouis-<br />

sants d'éclairs que certains vers des Contemplations ou de la Légende des Siècles, plus<br />

simples, plus faciles, d'une musique plus pédestre par moment, mais aussi plus tendre,<br />

plus douce, plus claire à l'oreille et plus amie de l'âme. Les Feuilles d'Automne, les Chants<br />

du Crépuscule, les Voix Intérieures, les Rayons et les Ombres ont quelque chose de virgilien.<br />

Les Contemplations, les Châtiments, la Légende des Siècles, quelque chose de dantesque. Les<br />

premiers sont du Victor Hugo blond, aux cheveux de soie, à la figure imberbe que nous

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