CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library
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, Paris.<br />
STENDHAL<br />
qu'avec beaucoui) de retard et force remontrances. Le jeune homme, toujours à court<br />
d'argent, rêve de se faire banquier.<br />
Ce n'est pas banquier, c'est épicier que nous le retrouvons, à Marseille, en juillet i8o5.<br />
Il est vrai que c'est épicier par amour. Sa jeune amie Louason dont il devenait chaque<br />
jour plus épris, avait obtenu un engagement au théâtre de Marseille. Beyle quitte Paris<br />
avec elle, l'accompagne jusqu'à Lyon, va prendre un peu l'air de Grenoble, e(, pour<br />
la rejoindre enire comme commis dans la maison d'épicerie<br />
Marseille, succursale de la maison Raybaud, de Grenoble.<br />
Charles Meunier et C'\ ù<br />
Touchée de tant de constance, cette charmante fille n'a plus pour son soupirant de<br />
rigueurs, et celui-ci touche enfin au comble de ses voeux. Ce bonheur ne dure que le<br />
temps d'un bonheur. Mélanie Guilbert, son engagement théâtral terminé, regagne<br />
Quanta Beyle, l'épicerie le dégoûte et sa famille n'a pas beaucoup à faire pour<br />
^ le rappeler à Grenoble. 11 y séjourne du reste peu de temps et revient à Paris. Il y<br />
retrouve Louason, mais le feu ne fait que couver sous la cendre etne tarde pas à mourir.<br />
I<br />
^<br />
I<br />
. santés lesjours les {lus brillants de sa carrière. Ses fonctions ne l'absorbent pas beaucoup<br />
Beyle se rapproche alors des Daru. Ceux-ci lui pardonnent sa démission de 1802 et,<br />
grâce à leur appui, il obtint d'accompagner Martial en Allemagne.<br />
Il entre à Berlin à la suile de i\a;.oléon. 11 est bientôt nommé adjoint provisoire<br />
aux Commissaires des Guerres et est envoyé à Brunswick sous les ordres de l'Intendant<br />
des Domaines de l'Empereur. Il y fut employé pendant environ deux ans et « s'y<br />
dislingua ». Son séjour est agrémenté par de nombreux petits voyages, d'excursions<br />
en Allemagne, de congés à Paris. Il lit ses auteurs préférés, surtout Shakspeare, entend<br />
de la musique, et courtise, avec beaucoup de diplomatie comme toujours, la jolie<br />
Mma de Griesheim. Ce fut un amour blanc dont il a délicieusement parlé dans son<br />
Journal.<br />
Entre tant il est titularisé dans sa charge d'adjoint aux Commissaires des Guerres.<br />
11 va faire du reste une carrière rapide. 11 sera auditeur au Conseil d'État et inspecteur<br />
de la comptabilité du Mobilier et de la Couronne. Enfin, i8i3 le voit intendante<br />
Sagan où les Allemands lui donnent du « Monseigneur ». II aurait certainement été<br />
préfet sans la chute de l'Empire.<br />
Dans l'intervalle de ses campagnes, Beyle, à Paris, vit durant ces années étourdis-<br />
et lui permettent de vivre largement, en vrai dandy. Il a son cabriolet à lui et va au<br />
théâtre tous les soirs. Toujours vêtu à la dernière mode, il courtise les femmes et observe<br />
les hommes. Il a pour amie une chanteuse de l'Opéra-BulTa qui lui plaît pour sa belle<br />
gorge et son heureuse nature. Après le spectacle, il l'attend à la petite porte des coulisses.<br />
Tous deux rentrent de compagnie et soupent d'un perdreau froid et d'une bouteille<br />
de Champagne.<br />
Mais souvent, il lui faut suivre l'armée dans ses déplacements continuels. En 1809<br />
nous le voyons à Vienne sous les ordres directs de Pierre Daru. Il continue dans cette<br />
capitale la vie charmante de voluptés faciles qu'il a toujours désirée au-dessus de tout.<br />
L II fait de grands progrès dans l'intimité de celle qu'il nomme tour à tour Elvire,<br />
r Alexandrine Petit, comtesse Marie ou comtesse Palfy. Cette intrigue trouvera sa<br />
conclusion logique à Paris l'année suivante où il termine en « six minutes » sa respec-<br />
j<br />
tueuse cour antérieure. Cette mystérieuse inconnue, des chercheurs sans vergogne l'ont<br />
voulu identifier. Ils sont parvenus à lui ôter son masque et, comment vous Pavouer,<br />
ils ont reconnu la femme du propre cousin de Beyle, son bienfaiteur, Pierre Daru.'<br />
Beyle lui auraitainsi témoigné sa reconnaissance et son antipathie.<br />
En 1S12, il obtient de porter au Quartier Général de la Grande Armée, à VVilna, le<br />
portefeuille des ministres. L'impératrice Marie-Louise lui donne audience à Saint-<br />
Cloud, et le jour même, il part de Paris pour la Russie. Il rejoint l'Empereur, le suit