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CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

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LE PAP NASSE 3iij<br />

Et large et triste un chant s'élève,<br />

Très vague comme un air ancien,<br />

Et ce chant est le chant du rêve<br />

Qui trouble mon être et le sien;<br />

Et c'est comme la plainte immense<br />

Des cœurs vaincus, mais où toujours<br />

L'espoir inlassé recommence<br />

D'inassouvissables amours!<br />

Les vers qui vont suivre semblent relever de Baudelaire. Jean Lahor fut un de ses^<br />

fanaliques lecteurs. Ils font partie du recueil Mélancholia et datent, par conséquent^<br />

des plus beaux temps parnassiens :<br />

La Bète<br />

Qui donc t'a pu créer, sphynx étrange, ô Nature!<br />

Et d'où t'ont pu venir tes sanglants appétits ?<br />

C'est pour les dévorer que tu fais tes petits.<br />

Et c'est nous, tes enfants, qui sommes ta pâture.<br />

Que t'importent nos cris, nos larmes et nos fièvres?<br />

Impassible, tranquille, et ton beau front bruni<br />

Par l'âge, tu t'étends à travers l'infini,<br />

Toujours du sang aux pieds et le sourire aux lèvres!<br />

Ici, Jean Lahor s'est attaqué au grand mystère. J'ai parlé d'une parenté avec-<br />

Baudelaire. On doit y ajouter cel'e de Vigny. Quoi qu'il en soit, ces huit vers pour-<br />

raient servir de légende à une des plus belles eaux-fortes de Félicien Rops.<br />

Catulle Mendôs a beaucoup écrit. Ses premiers vers, Pliiloméla, sont antérieurs d'un<br />

an au Parnasse contemporain. En une production très féconde, affirmée dans le<br />

poème, le roman, le théâtre, la critique, l'histoire littéraire, il s'est toujours tenu à<br />

l'avant-garde, quoique fortement imprégné d'influences diverses, parmi lesquelles<br />

celles d'Hugo, de Musset et de Leconte de Lis!e. Il a été reflet plutôt que créateur;<br />

mais il faut rendre hommage à son enthousiasme, lorsqu'il fonda la Revue Fantaisiste<br />

et, vers 1876, la République des Lettres.<br />

•<br />

Je vais, Mesdames et Messieurs, vous dire le Lion, un noble poème que j'emprunte<br />

au recueil Contes Epiques.<br />

Comme elle était chrétienne et n'avait pas voulu.<br />

Pour de vains dieux d'argile ou de bois vermoulu,<br />

Allumer de l'encens ni célébrer des fêles.<br />

Le préteur ordonna de la livrer aux bêles;<br />

Et comme elle était jeune et vierge, et rougissait<br />

Quand l'oeil d'un juge impur sur elle se fixait.<br />

Une clause formelle en l'édit contenue<br />

Précisa qu'au supplice on la livrerait nue.<br />

Nue, et le sein voilé de ses chastes cheveux.<br />

Elle entra dans le cirque. En quatre bonds nerveux<br />

Un lion, famélique et rugissant de joie.<br />

Jaillit de la carccre et vint flairer la proie.<br />

Le peuple regardait, étrangement jaloux,<br />

Palpiter ce corps blanc près de ce mufle roux,<br />

Et montrait, allumé d'une affreuse luxure.<br />

Des rictus de baisers, peut-être de morsure.

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