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CAUSERIES FRANÇAISES - World eBook Library

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LE PARNASSE- Sai<br />

Use ta vie, use tes vœux<br />

Dans l'enthousiasme éphémère,<br />

Bois jusqu'au fond la coupe amère,<br />

Regarde blanchir tes cheveux.<br />

Isolé, combats, souffre, pense;<br />

Le sort le garde en récompense<br />

Le dédain du sot triomphant,<br />

La barbe auguste des apôtres,<br />

Un cœur pur et des yeux d'enfant<br />

Pour sourire aux enfants des autres.<br />

(Applaudissements.)<br />

Combien d'autres poètes à tendances parnassiennes j'oublie, pour ne pas abuser de<br />

vos instants, ne serait-ce que Raoul Gineste, l'auteur du Rameau d'Or !<br />

Il y eut aussi quelques poètes, sincères admirateurs de Victor Hugo, qui se lais-<br />

sèrent appeler a le groupe des Vivants », mais sans aucune attache avec le Parnasse :<br />

Jean Richepin, le puissant lyrique, le poète des Gueux et de la Mer; Maurice Bouchor,<br />

le poète des Symboles; Raoul Ponchon, poète de la Muse au Cabaret, savant et négligé,<br />

pittoresque et plein de joviale humeur, en un mot l'arrière-petit-lils de Saint-Amant.<br />

Le premier salon parnassien avait été celui de Mme de Ricard. Ses disciples<br />

allèrent présenter leurs hommages à Victor Hugo, rue de Clichy, puis avenue d'Eylau,<br />

et défilèrent devant l'éléphant doré portant une tour qui décorait le salon du maître.<br />

Beaucoup de parnassiens, vieux ou jeunes, se retrouvèrent, à Montmartre, chez<br />

Mna de Villard, dame reniée, mal mariée, fougueusement éprise d'art et de poésie.<br />

On a dit, de ce dernier salon parnassien, qu'il ressemblait à un réfectoire et accor-<br />

dait trop de place aux bohèmes. L'intention justifie tout. N'oublions pas que chez<br />

Nina de Villard sont nées d'originales et curieuses compositions poétiques et musi-<br />

cales, et qu'elle empêcha tant qu'elle put Pégase de galopet- vers l'hôpital.<br />

Le Parnasse eut sa raison d'être. L'année i549, avec la Défense et Illustration de la<br />

langue française, de Du Bellay; i636, avec le Cid, de Pierre Corneille; i83o, avec la<br />

bataille d'Hernani; 1866, avec la fondation du Parnasse, sont des dates à jamais<br />

célèbres, des jalons lumineux dans le champ si vaste, riche et varié de l'histoire des<br />

Lettres et de la Poésie françaises.<br />

Les Parnassiens ont été les gardiens et les défenseurs de la prosodie traditionnelle,<br />

nationale, qui nous a donné tant de chefs d'oeuvre : la rime riche, la mesure, la<br />

variété, la diversité des coupes et des rythmes. Les chefs-d'œuvre nouveaux ne<br />

suppriment pas les chefs-d'œuvre anciens! Les Parnassiens n'auraient jamais renoncé<br />

au privilège dont jouit la poésie française et européenne, — privilège qui est comme<br />

sa particule, sa marque de noblesse : le droit d'écrire la première lettre d'un vers avec<br />

une majuscule. Ils se seraient plutôt fait couper la main ! Persister en beauté leur<br />

parut plus poétique que d'innover dans le bizarre.<br />

Ils ont magnifiquement ciselé et ont appris à d'autres à ciseler le vers français.<br />

Hugo l'a dit : « Le vers c'est le marbre, la prose c'est l'airain. Le vers a plus de chance<br />

de durée que la prose parce qu'il se vulgarise plus difficilement et ne se dissout jamais<br />

en monnaie... La beauté pure veut le vers. »<br />

Enfin, le Parnasse semble avoir proclamé, resserré la collaboration idéale et pra-<br />

tique de l'homms de lettres, de l'éditeur, du libraire, de l'imprimeur, de toutes les

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