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Delta intérieur Du fleuve niger

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Impression de la forêt d’Akkagoun avec des nids de hérons, après la saison de<br />

reproduction, mars 2001.<br />

albert Beintema, Bakary Kone,<br />

mori diaLLo & Bouba FoFana<br />

Dans le <strong>Delta</strong> Intérieur du <strong>fleuve</strong> Niger, les forêts<br />

inondées occupent une place spéciale dans la vaste<br />

série d’habitats de zones humides. A l’origine, une<br />

grande partie du <strong>Delta</strong> a dû être couverte de forêts<br />

de types divers, chacune ayant son régime d’inondation<br />

favorable. Dans un passé très récent, la plupart<br />

des forêts avaient déjà été débroussées par les<br />

populations pour en faire des rizières et des bourgoutières<br />

en culture ou en régénération (semi)<br />

naturelle. Les forêts sont restées intactes dans les<br />

parties où l’inondation est peu profonde, courte et<br />

imprévisible d’une part, et là où elle est très profonde<br />

et de longue durée d’autre. Les forêts avec<br />

des espèces comme Acacia­seyal et Acacia­niloticasont<br />

restées dans les parties peu profondes, constituant<br />

ainsi les véritables forêts sèches poussant sur<br />

terrain élevé bordant les plaines inondables. Les<br />

forêts sont exposées aux pressions sévères des<br />

bûcherons et des pasteurs nomades. Les forêts<br />

d’Acacia­kirkii­sont restées intactes dans les parties<br />

profondes du <strong>Delta</strong> inondé. Acacia­kirkii est une<br />

espèce hautement caractéristique des plaines<br />

d’inondation adaptée à une lame d’eau profonde<br />

de trois mètres ou même plus, pour des périodes de<br />

plusieurs mois par an. Cette espèce forme pratiquement<br />

un ensemble homogène, mais se trouve souvent<br />

en mélange avec d’autres espèces dont la plus<br />

commune est Ziziphus­mauritiana. <strong>Du</strong>rant la crue,<br />

la canopée, inondée à moitié forme un impénétrable<br />

enchevêtrement épineux offrant ainsi aux<br />

colonies nicheuses d’oiseaux d’eau un refuge sans<br />

danger. Ce refuge peut permettre la nidification<br />

8<br />

189<br />

restauratioN à base commuNautaire<br />

des forêts iNoNdées<br />

d’une impressionnante colonie mixte de plusieurs<br />

dizaines de milliers d’oiseaux pouvant aller jusqu’à<br />

16 espèces. Des colonies de cette taille et de cette<br />

importance ne sont connues en aucun autre lieu en<br />

Afrique de l’Ouest.<br />

Les populations étaient attachées aux forêts épineuses<br />

inondées durant les siècles précédents. Les<br />

oiseaux n’étaient pas toujours perçus comme des<br />

compétiteurs vis à vis des poissons du fait que<br />

beaucoup étaient des Hérons garde-bœufs se nourrissant<br />

de criquets. Leurs fientes fertilisaient les<br />

eaux et contribuaient ainsi à une énorme production<br />

halieutique. <strong>Du</strong>rant les périodes de sécheresse<br />

dans les années 1970 et 1980, beaucoup de forêts<br />

furent débroussées dans une tentative de culture<br />

de riz qui s’est avérée souvent décevante.<br />

Apparemment, le sol était moins approprié dans<br />

ces bas-fonds que sur les hauts-fonds, et les plantes<br />

de riz étaient rabougries avec peu de grains. Avec<br />

le retour de la bonne crue dans les années 1990,<br />

ces nouveaux champs devraient être abandonnés.<br />

Le désir commun de la communauté locale de restaurer<br />

ces forêts inondées s’est fait sentir.<br />

Cependant, dans la plupart des cas, les populations<br />

n’ont pas eu de succès en laissant les forêts se régénérer.<br />

Ceci s’explique essentiellement par le<br />

manque de coordination et de coopération entre<br />

les villages impliqués dans la gestion de ces forêts.<br />

Seulement, il y a le besoin d’un petit support extérieur<br />

pour améliorer cette situation. La réussite<br />

dans la restauration et la gestion durable des forêts<br />

peut être faite par les communautés locales ellesmêmes,<br />

par le biais de l’établissement d’un comité<br />

de gestion incluant tous les villages impliqués et la<br />

conclusion de conventions locales pour réglementer<br />

la coupe et le pâturage des animaux.

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