Delta intérieur Du fleuve niger
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80 Organisation socio-économique du <strong>Delta</strong> Intérieur du Niger<br />
confrontée à certaines contraintes: surexploitation<br />
des pêcheries due aux matériels de pêche inadaptés,<br />
au nombre élevé de pêcheurs et manque<br />
d’organisation des circuits de commercialisation des<br />
poissons. A Bouna, les populations pratiquent uniquement<br />
la riziculture compte tenu de la situation<br />
géographique du village; à Konza, elles cultivent le<br />
mil et l’arachide sur les zones sèches et le riz dans les<br />
plaines inondées. Dans les deux villages il y’a un<br />
manque d’autosuffisance alimentaire. Les terroirs des<br />
deux villages abritent des oiseaux d’eau dans les<br />
forêts inondées, mares et bourgoutières, bien que les<br />
hérons, aigrettes, cormorans et anhingas ne s’y<br />
reproduisent plus (cf. Skinner et al. 1987; chapitre 7).<br />
Commune de Korombana: village de Tangou<br />
Tangou est un village à population composée de<br />
Bambara, Peul, Sonrhaï et Bella. Deux grandes mares<br />
(Hobou et Gounako) et deux forêts inondées constituent<br />
ses principales zones humides. Il existe de<br />
véritables litiges fonciers entre Tangou et Inguéri, un<br />
village voisin. Tout le terroir de Tangou a été attribué<br />
à ce village par les autorités administratives du pays<br />
ce qui pose de sérieux problèmes de développement<br />
au village. Le village recèle des potentialités d’élevage,<br />
mais les principales contraintes sont l’insuffisance de<br />
pâturage et des points d’abreuvement.<br />
Les principales cultures sont le riz dans les zones<br />
inondées, le mil dans les zones sèches, le manioc et<br />
la patate douce autour des deux mares. La pêche est<br />
pratiquée dans les deux mares pendant la saison<br />
sèche et les produits de pêche sont vendus par les<br />
Bozos. Les crocodiles qui – selon les villageois - étaient<br />
jadis nombreux dans les mares ont disparu.<br />
Le village dispose de quelques forêts que les populations<br />
exploitent pour leurs besoins en bois de<br />
chauffe. Compte tenu de l’exploitation abusive de ces<br />
forêts par les chevriers, les populations locales ont<br />
mis en place un système de surveillance et de protection.<br />
Les forêts sont utilisées par les oiseaux d’eau<br />
comme lieux de repos et de dortoir. Les oiseaux<br />
d’eau sont utilisés comme source de protéine et leur<br />
rôle social est reconnu: abondance de poissons et<br />
annonce de bonne crue.<br />
D. CerCle De DJenné<br />
Commune de Kewa: villages de Pora Bozo, Pora Somono et Pora<br />
Nogenonté<br />
A Pora-Bozo, la population est composée de Bozo et<br />
à Pora-Somono, de Somono d’où le nom des villages.<br />
L’ensemble des ressources naturelles appartient aux<br />
trois villages: Pora-Bozo, Pora-Somono et Pora-<br />
Nogenonté. Le riz est la principale culture des villages<br />
mais son rendement est très faible. Il existe un<br />
manque d’autosuffisance alimentaire dans les deux<br />
villages. Les zones de pêche des terroirs sont ouvertes<br />
à tout le monde, pêcheurs autochtones et étrangers<br />
sans payement de redevance. Cependant les pêcheurs<br />
étrangers doivent se trouver un logeur dans un des<br />
trois villages et informer le chef coutumier de son<br />
intention de pêche. Si à Pora-Somono, les populations<br />
veulent maintenir cette tradition, à Pora-Bozo,<br />
elles veulent faire payer des redevances aux pêcheurs<br />
étrangers. La pêche est productive mais reste confrontée<br />
à un manque d’organisation et à un endettement<br />
excessif des pêcheurs.<br />
Les bourgoutières appartiennent aux trois Poras, mais<br />
sont gérés par les Peuls de Manga (qui ne sont pas<br />
des Dioros). Ces peuls perçoivent des redevances des<br />
troupeaux étrangers. Dans le passé, ces redevances<br />
étaient partagées entre les Bozos et les Peuls, mais<br />
récemment les Bozos ont renoncé à leur part de redevance.<br />
L’UICN dans les années 1984-87 avait tenté un<br />
programme de gestion concertée des forêts de Pora<br />
mais sans succès. Pendant les années de sécheresse<br />
une bonne partie de ces forêts a été transformée en<br />
champ de riz (Beintema et al. 2001, voir chapitre 8).<br />
L’accès aux forêts de Pora n’est pas réglementé mais<br />
certaines destructions massives causées par les chevriers<br />
sont annoncées au Service Local de la<br />
Conservation de la Nature pour qu’il prenne des<br />
sanctions. Les terroirs abritent beaucoup d’oiseaux<br />
d’eau que les populations exploitent comme sources<br />
de protéines et pour se procurer des revenus monétaires.<br />
Certaines espèces d’oiseaux d’eau ont disparu<br />
selon les populations locales.<br />
3 synthèse<br />
Systèmes de gestion<br />
Il ressort de l’étude dans les villages d’enquête que<br />
l’exploitation des terroirs et des ressources naturelles<br />
est assez compliquée et se fait résumer en trois systèmes<br />
de gestion:<br />
• Les villages dont les ressources naturelles en général<br />
et les pâturages en particulier sont gérés par le<br />
chef de village, Amiri et/ou Dioros: Kakagnan,<br />
Aman Nangou, Toguéré-Koumbé, Dogo, Konza,<br />
Youvarou, Dialloubé et Koubitéra;<br />
• Les villages dont une partie des ressources (terres<br />
et eaux) est gérée par les autorités villageoises et<br />
les pâturages par les Dioros (Sérendou, Séri,<br />
Synthèse 81<br />
Tiambawel, Dagada, Fara-Yeni, Baré, Saré-Dina,<br />
Bouna, Gouaro-Bozo, Banguita, Garoeye-<br />
Bougouji, Garoeye- Garouji, Pora-Somono et<br />
Pora-Bozo);<br />
• Le village de Tangou où la gestion des ressources<br />
naturelles de son terroir est sous l’entière responsabilité<br />
d’un autre village, Inguéri.