Delta intérieur Du fleuve niger
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104 Dynamique des populations d’oiseaux d’eau<br />
Dijkstra et al. (2002) et le présent rapport. Les remarquables<br />
constats suivants se font noter:<br />
• Les plaines inondables d’eau douce en zone sahélienne<br />
hébergent des faibles effectifs de limicoles<br />
paléarctiques abondants dans les zones intertidales<br />
de la côte africaine. La plupart des espèces sont<br />
peu communes, rares ou même aujourd’hui<br />
absentes, telles que le Pluvier argenté, le Bécasseau<br />
maubèche Calidris canutus, le Bécasseau sanderling<br />
Calidris alba, le Bécasseau variable Calidris alpina, la<br />
Barge rousse Limosa lapponica, le Courlis corlieu<br />
Numenius phaeopus, le Courlis cendré Numenius arquata,<br />
le Chevalier gambette et le Tournepierre à collier<br />
Arenaria interpres. D’autres ont des effectifs nonnégligeables<br />
au plan international, mais toujours<br />
modestes comparés aux effectifs côtiers: Pluvier<br />
grand-gravelot Charadrius hiaticula et Bécasseau corcorli<br />
Calidris ferruginea.<br />
• Par contre, le Pluvian d’Egypte Pluvianus aegyptius, le<br />
Pluvier pâtre Charadrius pecuarius, la Barge à queue<br />
noire Limosa limosa, le Chevalier sylvain Tringa glareola,<br />
le Combattant varié Philomachus pugnax et le Bécasseau<br />
minute Calidris minuta sont très nombreux dans les<br />
plaines inondables sahéliennes. La plupart de ces<br />
espèces sont peu présentes ou même absentes sur<br />
les côtes atlantiques. Le Bécasseau minute figure<br />
parmi les rares espèces pouvant être nombreuses<br />
dans les deux habitats aquatiques (eau douce et<br />
salée).<br />
• Comparée aux autres plaines inondables la présence<br />
des grands échassiers afrotropicaux est faible<br />
ou modeste dans le <strong>Delta</strong> Intérieur. Les Ciconiidae<br />
telles que le Tantale ibis, le Bec-ouvert africain, le<br />
Jabiru d’Afrique, le Marabout d’Afrique ne nichent<br />
pas (ou plus) dans le <strong>Delta</strong>, tandis que la Grue<br />
couronnée est en voie de disparition. Ces espèces<br />
sont particulièrement nombreuses dans les plaines<br />
inondables du Chari-Logone et aussi (partiellement)<br />
dans le <strong>Delta</strong> du Sénégal. Cependant, la<br />
Spatule d’Afrique Platalea alba et l’Ibis sacré<br />
Threskiornis aethiopica, présents en effectifs modestes<br />
dans le DIN, constituent des espèces dont les<br />
populations évoluent de façon positive, grâce aux<br />
inondations améliorées des années récentes. Un<br />
autre grand oiseau d’eau, le Pélican blanc Pelecanus<br />
onocrotalus est particulièrement présent dans le <strong>Delta</strong><br />
du Sénégal, avec une grande colonie nicheuse.<br />
• Le DIN est d’une grande importance pour le<br />
Cormoran africain Phalacrocorax africanus et pour plusieurs<br />
espèces de hérons: Crabier chevelu Ardeola<br />
ralloides, Héron gardeboeuf Bubulcus ibis, Aigrette<br />
garzette Egretta garzetta, Grande aigrette Egretta alba et<br />
Aigrette intermédiaire Egretta intermedia. Cette<br />
importance est entre autres liée à la présence de<br />
deux grandes colonies nicheuches, situées dans les<br />
forêts inondées du delta (v. chapitre 7). L’Aigrette<br />
ardoisée Egretta ardesiaca et le Héron mélanocéphale<br />
Ardea melanocephala, espèces peu communes dans le<br />
DIN, sont plus nombreux aux environs de Tchad-<br />
Logone (voir aussi Dijkstra et al. 2002).<br />
• D’autres espèces dans le DIN à grands effectifs<br />
comparés aux autres plaines inondables du Sahel<br />
sont le Héron pourpré Ardea purpurea, la Sterne<br />
caspienne Sterna caspia, l’Oie de Gambie Plectropterus<br />
gambensis et le Pluvier pâtre Charadrius pecuarius.<br />
relations entre les plaines inondables du Sahel<br />
Les migrations intra-africaines d’oiseaux d’eau ont<br />
été peu étudiées jusque là. Bien que la migration<br />
saisonnière à l’<strong>intérieur</strong> du continent ait été mise en<br />
évidence pour certaines espèces (cf. Brown et al.<br />
1982, Curry-Lindahl 1981, Fry et al. 1988, 2000,<br />
Urban et al. 1986), pratiquement rien n’est connu au<br />
sujet des voies de migration, lieux de stationnement,<br />
stratégies alimentaires, etc. Ce genre de connaissance<br />
est nécessaire afin de pouvoir comprendre les relations<br />
entre les grandes zones d’inondation du Sahel,<br />
et d’autre part entre lesdites zones sahéliennes et<br />
d’autres zones humides en Afrique. Où se cantonnent,<br />
par exemple, les pélicans et les grands échassiers<br />
(hérons, ibis, cicognes etc.) en saison sèche? Et<br />
les plaines inondables du Sahel, sont-elles utilisées<br />
comme zones d’étape par les migrateurs paléarctiques<br />
en route pour des quartiers d’hiver ailleurs en<br />
Afrique? Ce sont quelques éléments d’étude pour les<br />
années à venir.<br />
10000<br />
7500<br />
5000<br />
2500<br />
Héron pourpré<br />
Oie de Gambie<br />
Distribution des oiseaux d’eau durant l’année 105<br />
B. Héron pourpré et Oie Gambie<br />
0<br />
Août nov jan mars mai jul sept nov jan mars mai jul sept nov jan mars mai<br />
600<br />
500<br />
400<br />
300<br />
200<br />
100<br />
3 Distribution des oiseaux<br />
d’eau durant l’année<br />
0<br />
aout<br />
1998<br />
A. l’effectif d’oiseaux d’eau dans la zone Debo<br />
jan.<br />
1999<br />
juin<br />
1999<br />
jan.<br />
2000<br />
Introduction<br />
La crue annuelle du <strong>fleuve</strong> remplit le <strong>Delta</strong>. Celui-ci,<br />
après le retrait des eaux se transforme alors en un<br />
immense paysage aride en ayant ainsi un impact<br />
énorme pour la vie des oiseaux d’eau. Les recensements<br />
mensuels des oiseaux d’eau exécutés dans le<br />
complexe Debo durant 1998–2001 montre clairement<br />
que les effectifs des oiseaux augmentent quand<br />
les crues se retirent (figure 5.4). Une observation<br />
plus proche révèle le léger caractère bimodal du gra-<br />
juin<br />
2000<br />
jan.<br />
2001<br />
0<br />
juin<br />
2001<br />
Figure 5.4. a Evolution intra-annuelle générale de l’effectif d’oiseaux d’eau dans la zone<br />
debo, août 1998 - juin 2001, et B. présentation des évolutions séparées - dans la même périod -<br />
d’une espèce afrotropicale (Oie de Gambie Plectropterus gambensis) et paléarctique (Héron<br />
pourpré Ardea purpurea). Le niveau d’eau à akka est indiqué en a.<br />
160000<br />
140000<br />
120000<br />
100000<br />
80000<br />
60000<br />
40000<br />
20000