Delta intérieur Du fleuve niger
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50 Eco-hydrologie du <strong>Delta</strong><br />
crue et la couverture en eau pour les terrains situés à<br />
100, 200, 300, 400 et 500 cm par rapport à l’échelle<br />
d’Akka.<br />
Les conséquences écologiques de cette variation sont<br />
évidentes. Les espèces de poisson se trouvant dans les<br />
plaines d’inondation doivent faire face à une énorme<br />
variation annuelle dans le temps durant lequel ils<br />
peuvent s’y trouver. Dans les années de mauvaises<br />
crues, les poissons se retranchent un bon moment<br />
dans les eaux permanentes ce qui implique qu’ils<br />
restent concentrés pendant longtemps causant ainsi<br />
une forte mortalité et une baisse de production.<br />
2 variation de la superficie<br />
inondée<br />
Estimation indirecte à partir de la perte d’eau<br />
Les échelles à Akka, Mopti et plusieurs autres stations<br />
donnent une description précise et facile de la variation<br />
de la hauteur d’eau. Il est plus difficile d’estimer<br />
la superficie de la zone ayant été couverte par l’eau<br />
afin de montrer la variation journalière et annuelle<br />
dans la zone d’inondation. C’est la raison pour<br />
laquelle la superficie inondée telle que donnée dans<br />
plusieurs rapports varie entre 20.000 et 40.000 km 2 .<br />
L’ORSTOM a beaucoup travaillé pour estimer la variation<br />
annuelle de la zone inondée en analysant la<br />
perte d’eau due à l’évaporation (Quensière 1994,<br />
Kuper et al. 2000, 2001).<br />
Le raisonnement était le suivant: la quantité d’eau qui<br />
entre et qui sort du <strong>Delta</strong> est connue puisque la relation<br />
entre le débit (m 3 /s) et la hauteur de l’eau est<br />
déterminée en plusieurs stations hydrologiques le<br />
long du <strong>fleuve</strong> Niger et peut être décrit de façon<br />
10000<br />
9000<br />
8000<br />
7000<br />
6000<br />
5000<br />
4000<br />
3000<br />
2000<br />
1000<br />
banankoro<br />
koulikoro<br />
kemacina<br />
mopti1<br />
mopti2<br />
dire<br />
douna<br />
0<br />
-20 180 380 580 780 980 1180<br />
niveau de l'eau (cm)<br />
Figure 3.9 La fonction polynomiale de 3ème degré<br />
utilisée par la dNHE pour convertir la hauteur d’eau<br />
(en cm de l’échelle locale) en débit (m3/s) pour 6 stations<br />
le long du Niger et du Bani.<br />
précise avec le polynôme de 3ème degré (figure 3.9).<br />
Etant donné ces relations, la quantité d’eau entrant et<br />
sortant du <strong>Delta</strong> peut être connue même par jour. En<br />
résumé pour la crue entière, la perte d’eau entre<br />
Ké-Macina et Douna à l’entrée du <strong>Delta</strong> d’un côté et<br />
Diré de l’autre semble varier d’une année à une autre.<br />
Cette variation pourrait être attribuée à la force de la<br />
crue (tableau 3.1). Le débit annuel total entrant dans<br />
le <strong>Delta</strong> varie entre 22 et 81 km 2 . Si la crue est pauvre<br />
15 km 2 sortent du <strong>Delta</strong>, ainsi 7 km 2 (ou 32%)<br />
du débit à l’entrée du DIN sont perdues à cause de<br />
l’évaporation. Au contraire, quand la crue est bonne,<br />
40 km 2 équivalant à la moitié du débit total sont<br />
perdues à cause de l’évaporation.<br />
Tableau 3.1. L’effet du débit total du Niger et du Bani à<br />
l’entrée du dIN sur la perte totale d’eau par évaporation<br />
dans le delta. La perte d’eau est obtenue en<br />
soustrayant le débit en aval de la quantité d’eau<br />
entrant dans le dIN des semaines avant. La perte d’eau<br />
est donnée pour les années de bonne et de mauvaise<br />
crue (Quensière 1994).<br />
performance de la crue Débit perte<br />
Faible 22 km 2 7 km 2 32%<br />
Grande 81 km 2 40 km 2 47%<br />
On pourrait imaginer que la perte est grande à un<br />
sens absolu si beaucoup d’eau entre dans la zone,<br />
mais comment expliquer que la perte d’eau comme<br />
proportion du débit est moindre quand la crue est<br />
faible? La raison de ce fait est que lorsque la crue est<br />
forte, plus de superficie est couverte d’eau et relativement<br />
l’évaporation est plus élevée. L’évaporation<br />
attendue est connue et s’élève à 200 mm par mois<br />
dépendant de la température et du rayonnement<br />
solaire. Lorsque la perte totale en eau due à<br />
l’évaporation est connue, aussi bien que l’évaporation<br />
par unité de superficie, il est possible de tirer la<br />
superficie totale où l’évaporation a eu lieu. Cependant,<br />
il doit être pris en compte qu’il faut du temps pour<br />
la prise de l’eau du Niger de son entrée à sa sortie<br />
(figure 3.1 et 3.2). L’écoulement de l’eau du <strong>fleuve</strong> à<br />
l’<strong>intérieur</strong> du <strong>Delta</strong> est connu et sa durée varie entre<br />
5 à 7 semaines selon que la crue est bonne ou faible<br />
(figure 3.1 et 3.2).<br />
En rassemblant toutes ces informations, il est possible<br />
d’estimer la zone ayant été inondée chaque année à<br />
partir des données de perte. Selon ce modèle d’étude,<br />
la superficie inondée maximale variait entre 9.500<br />
km 2 en 1984 et 44.000 km 2 en 1957. La superficie<br />
de la zone inondée peut être décrite avec précision en<br />
fonction de la hauteur maximale de la crue à Akka<br />
(figure 3.10). Cependant la relation ne signifie pas<br />
automatiquement que l’estimation de la superficie de<br />
la zone inondée est correcte. Le modèle pourrait être<br />
erroné dans la mesure où la perte d’eau ne peut être<br />
justifiée totalement en évaporation. En plus de celleci,<br />
l’eau pourrait être perdue par des écoulements<br />
souterrains à l’<strong>intérieur</strong> du <strong>Delta</strong>. En tout cas, même<br />
si le modèle est correct, on aimerait encore connaître<br />
en plus de la superficie totale ayant été inondée, la<br />
distribution des zones inondables en fonction de la<br />
hauteur de l’eau. Les images satellites offrent une<br />
opportunité d’obtenir ces informations.<br />
Estimation directe par télédétection<br />
Grâce aux satellites circulant autour du globe, il est<br />
possible d’observer continuellement la terre, et aussi<br />
45000<br />
40000<br />
35000<br />
30000<br />
25000<br />
20000<br />
15000<br />
10000<br />
Variation de la superficie inondée 51<br />
y = 102,84x - 24675<br />
R 2 = 0,9106<br />
5000<br />
325 375 425 475 525 575 625<br />
hauteur de l'eau à la crue maximal à Akka (cm)<br />
Figure 3.10 La superficie des zones inondées à<br />
l’<strong>intérieur</strong> du delta (incluant les lacs périphériques) en<br />
fonction de la hauteur d’eau à akka quand la crue a<br />
atteint sa cote maximale au cours de l’année. Chaque<br />
dot correspond à une année. (données allant de1956-<br />
1996; Quensière 1994).<br />
de voir si une zone est couverte d’eau ou non. Les<br />
satellites Landsat passent sur le <strong>Delta</strong> tous les 15 jours<br />
et cela depuis 20 ans. Parmi des centaines d’images<br />
satellites du <strong>Delta</strong>, seulement une fraction paraît être<br />
disponible et utile.<br />
D’abord, toutes les images satellites prises ne sont pas<br />
encore disponibles. Ensuite beaucoup d’images obtenues<br />
pendant la saison des pluies sont moins utiles<br />
du fait que les nuages couvrent la zone entière ou en<br />
partie. Somme toute, les images Landsat furent achetées<br />
à partir de 23 différentes dates: 15 de la période<br />
1984 – 1987 et 8 de la période 1999 – 2001. La<br />
hauteur de l’eau est connue pour tous les jours<br />
durant lesquels l’image satellite était disponible<br />
(figure 3.11). La plupart des images récentes n’étaient<br />
pas encore pleinement analysées, quand le présent<br />
rapport était en phase de rédaction. Ainsi, la présente<br />
analyse sera restreinte et portera sur 13 jours différents.<br />
En outre, les images de la partie nord du <strong>Delta</strong><br />
ne sont pas analysées non plus. Les images Landsat<br />
couvrent une zone de 180 x 140 km. Pour couvrir<br />
presque entièrement le DIN, on a besoin d’une image