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Delta intérieur Du fleuve niger

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102 Dynamique des populations d’oiseaux d’eau<br />

constituant ainsi une population en voie de disparition.<br />

Le nombre captif de l’enquête menée fut établi<br />

à 129 oiseaux! (Kone & Fofana 2001).<br />

Parmi les Anatidae figurent deux espèces afrotropicales<br />

ayant un statut menacé et vulnérable. Ce sont l’Anserelle<br />

naine et l’Ouette d’Egypte Alopochen aegyptiacus<br />

respectivement. Les deux espèces ne sont jamais<br />

notées en grands effectifs (maximum d’un millier<br />

d’oiseaux n’étant atteint qu’une seule fois dans la<br />

décennie dernière, pour chacune de ces espèces) et<br />

les menaces sont piégeage dans les filets et nasses de<br />

pêche (anserelle) et la chasse (ouette). Pour les<br />

espèces communes telles que la Sarcelle d’été Anas<br />

querquedula et le Canard pilet Anas acuta il est également<br />

question d’un statut oscillant entre vulnérable et<br />

menacé, selon l’évolution de la performance des<br />

crues consécutives. Leurs effectifs sont devenus<br />

maigres depuis la fin des années de sécheresse paraîtil,<br />

mais les comptages aériens de l’ONCFS en 1999-<br />

2001 font voir que les espèces seraient capables de se<br />

rétablir. Toujours est-il que la question se pose si ce<br />

rétablissement apparent est réel ou indique le déplacement<br />

d’oiseaux des habitats sahéliens moins favoris<br />

vers le <strong>Delta</strong> où des forts prélèvements d’oiseaux<br />

d’eau ont lieu.<br />

Les Rallidae comprennent des espèces de discrétion<br />

diverse (chapitre 5.3). Soit remarqué au sujet de la<br />

Foulque macroule Fulica atra que cette espèce n’a été<br />

signalée qu’une seule fois. Les comptages aériens du<br />

DIN en 1999-2001 ne relèvent pas de foulques non<br />

plus. Par contre, Lamarche (1981) mentionne des<br />

effectifs pouvant dépasser le millier, notamment en<br />

aval de Tombouctou.<br />

Par manque de données quantitatives antérieures il<br />

est souvent spéculatif sinon impossible d’établir des<br />

changements dans le statut des populations d’oiseaux<br />

d’eau. Il est toutefois presque certain que la<br />

Glaréole grise Glareola cinerea et le Vanneau à tête<br />

blanche Vanellus albiceps sont actuellement rare dans le<br />

<strong>Delta</strong> comparé au passé récent. Les effectifs de ces<br />

espèces afrotropicales, observées en juillet-août, sont<br />

très maigres: le maximum pour chacune des deux<br />

espèces est de 10 à 20 oiseaux en 1998-2001.<br />

Certaines espèces paléarctiques telles que le Pluvier<br />

argenté Pluvialis squatarola, le Pluvier à collier interrompu<br />

Charadrius alexandrinus, le Tournepierre à collier<br />

Arenaria interpres et le Chevalier gambette Tringa totanus<br />

ont été signalées (pratiquement) chaque année, mais<br />

en nombres négligeables par rapport aux effectifs<br />

hivernant sur les côtes atlantiques de l’Afrique (cf.<br />

Smit & Piersma 1990, Piersma & Ntiamoa-Baidu<br />

1995). Une présence modifiée concerne également<br />

le Courlis corlieu Numenius phaeopus qui n’a jamais été<br />

vu ni entendu dans le DIN, et le Bécasseau variable<br />

Calidris alpina qui s’est avéré un visiteur incidentel du<br />

<strong>Delta</strong>. Lamarche (1981) les considère comme visiteurs<br />

réguliers, en nombres jamais constatés en<br />

1991-2001. Cela vaut également pour la Bécassine<br />

des marais Gallinago gallinago dont les effectifs -et ceux<br />

de la Bécassine double Gallinago media aussi- semblent<br />

être très réduits comparés aux effectifs mentionnés<br />

par Lamarche. Ces constats récents correspondent<br />

aux déclins de certaines populations en Europe, établis<br />

dans les décennies derniers (Hagemeijer & Blair<br />

1997).<br />

La Sterne naine Sterna albifrons montre la présence des<br />

deux sous-espèces possibles. La race type S. a. albifrons<br />

a été observée en mars et août, ce qui pourrait être<br />

reflété dans la présence bimodale de l’espèce à travers<br />

l’année. Cela suggère qu’elle traverse le Sahara<br />

en période de migration. Urban et al. (1986) la<br />

considèrent comme migratrice strictement atlantique<br />

(voir aussi chapitre 5.3). La sous-espèce afrotropicale<br />

S. a. guineae s’avère être une rare nicheuse<br />

mais annuelle dans le DIN. Les pontes (2-3 oeufs)<br />

ont été trouvées dans les mois de mai, juin et juillet.<br />

Dans le <strong>Delta</strong> elle constitue probablement la seule<br />

espèce piscivore nichant sur des bancs de sable. Un<br />

autre nicheur potentiel est le Bec-en-ciseaux<br />

d’Afrique Rhynchops flavirostris, qui a pratiquement disparu<br />

du DIN.<br />

La Mouette à tête grise Larus cirrocephalus est présente<br />

en petit nombre, grossièrement entre décembre et<br />

avril, et peut nicher durant cette période. Cependant,<br />

la seule fois qu’un effort de nidification a été observé<br />

effectivement, l’espèce faisait des parades nuptiales<br />

sur une petite bourgoutière plantée au bord du Lac<br />

Debo, en mars 1995. Le transport de matière végétal<br />

fut aussi signalé mais la nidification échoua par la<br />

récolte du bourgou.<br />

Le Busard pâle Circus macrourus est le moins commun<br />

parmi les busards présents. L’espèce préfère les habitats<br />

arides en éliminant le <strong>Delta</strong> (moitié sud) lors des<br />

hautes eaux mais elle apparaît au cours de la décrue.<br />

Il s’agit toujours de sujets isolés, qui sont rarement<br />

observés. L’effectif sahélien en saison sèche s’est probablement<br />

réduit sensiblement car même dans les<br />

habitats plus appropriés (Gourma, zone Mopti-San)<br />

le Busard pâle n’a jamais été vu. L’espèce a subi un<br />

fort déclin de sa population durant les décennies<br />

dernières, par la mise en culture de son habitat de<br />

reproduction naturel: les zones steppiques de l’Europe<br />

de l’Est (Hagemeijer & Blair 1997).<br />

Pluvian d’Egypte Pluvianus aegyptius, nombreux dans le<br />

<strong>Delta</strong><br />

Populations des oiseaux d’eau 103<br />

Espèces de statut peu défini<br />

Certaines espèces du tableau 5.5 -p.e Burhinus senegalensis,<br />

Gallinula chloropus, Rostratula benghalensis- sont peu mais<br />

régulièrement observées, leurs effectifs pouvant<br />

dépasser 1.500 oiseaux. D’autres, du même statut<br />

d’observation, ne figurent pas dans les tableaux 5.2<br />

et 5.5. Elles sont communes (Chevalier guignettes<br />

Actitis hypoleucos, Vanneau à tête noire Vanellus tectus) ou<br />

même abondante (Chevalier sylvain Tringa glareola),<br />

pouvant satisfaire au critère 5 (20.000 oiseaux habituellement<br />

présents).<br />

Comparaison avec d’autres zones humides<br />

du Sahel<br />

Le DIN figure parmi les principales plaines inondables<br />

du Sahel. Les autres grandes plaines inondables<br />

où se rassemblent des énormes effectifs d’oiseaux<br />

d’eau sont le <strong>Delta</strong> du <strong>fleuve</strong> Sénégal (Djoudj),<br />

la plaine de Hadéjia-Nguru au Nigéria, l’ensemble<br />

des plaines inondables du Lac Tchad et ses grands<br />

affluents Chari et Logone, et les marais étendus du<br />

Sudd au Soudan (cf. figure 1.1). Ces vastes plaines<br />

méritent une comparaison au sujet de leur biodiversité<br />

(espèces et effectifs actuels), mais cette analyse<br />

dépend fortement des données disponibles. Celles-ci<br />

doivent être collectées dans les mêmes périodes des<br />

mêmes années tenu compte des grandes fluctuations<br />

intra- et interannuelles (voir chapitre 6) auxquelles<br />

les effectifs d’oiseaux d’eau sont soumises, particulièrement<br />

en zone sahélienne. Lesdites fluctuations<br />

sont liées aux niveaux d’eau, et se font noter également<br />

lors des migrations saisonnières d’oiseaux<br />

afrotropicaux et paléarctiques. Les recensements les<br />

plus complets sont aujourd’hui ceux effectués par le<br />

CRBPO (Roux & Jarry 1984) et les DOEA de<br />

Wetlands International (Dodman et al. 1998, Scott &<br />

Rose 1996), mais ne permettent pas une comparaison<br />

fiable des grandes plaines inondables du Sahel,<br />

par manque de couverture intégrale et synchronisée.<br />

Nous préférons donc, au lieu d’une analyse des<br />

effectifs dénombrés, de présenter une succincte<br />

comparaison qualitative, basée entre autres sur<br />

Fishpool & Evans (2001), Dodman et al. (1998),

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