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Delta intérieur Du fleuve niger

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30 Brève description du <strong>Delta</strong><br />

Le rocher Aïré Soroba, novembre 1999; niveau d’eau<br />

Akka 511 cm.<br />

Vue de la partie nord du <strong>Delta</strong> avec des Palmiers-doum Hyphaene<br />

thebaïca, arbre caractéristique.<br />

de la décrue se découvrent des vastes plaines nues et<br />

herbeuses où la présence d’une grande biomasse en<br />

mollusques se fait remarquer. C’est notamment pendant<br />

cette période de décrue que des dizaines de<br />

milliers d’oiseaux d’eau se rassemblent dans le bas<br />

<strong>Delta</strong>, afin d’y exploiter les ressources alimentaires<br />

présentes. Cela coïncide avec une grande activité de<br />

pêche exécutée par les pêcheurs locaux et transhumants.<br />

Le Nord dunaire ou L’Erg de Niafounké<br />

La partie nord du <strong>Delta</strong>, souvent nommée le <strong>Delta</strong><br />

lacustre, s’étend du Lac Debo jusqu’à Tombouctou.<br />

Ses caractéristiques sont très différentes en comparaison<br />

avec les unités décrites ci-avant. L’Erg de<br />

Niafounké comprend une vaste zone de cordons<br />

dunaires parallèles (structures éoliennes) à orientation<br />

ouest-sud-ouest, est-nord-est (figure 2.2). Le<br />

Niger et deux grands affluents, le Bara Issa et le Koli-<br />

Koli, serpentent à travers ce paysage dunaire vers le<br />

nord. Les espaces interdunaires se remplissent à<br />

mesure que l’eau monte.<br />

Le <strong>Delta</strong> lacustre comprend aussi les lacs de la rive<br />

gauche (Tanda, Kabara, Tagadji, Horo, Fati, Télé,<br />

Faguibine) et droite (Korarou, Aougoundou,<br />

Niangaye, Do, Garou, Haribongo). Ils sont tous alimentés<br />

par le Niger et ses défluents. Les lacs de la<br />

rive gauche sont pour la plupart pourvus<br />

d’infrastructures hydrauliques capables de régler le<br />

régime d’eau à des fins agricoles.<br />

Sites Ramsar<br />

La protection des milieux humides et de leur faune,<br />

spécialement des oisaux d’eau, est depuis longtemps<br />

un sujet international. En 1971 la Convention sur les<br />

Zones Humides d’importance internationale fut établie<br />

à Ramsar en Iran. Cette convention fût ratifiée<br />

par le Mali en 1987. À l’<strong>intérieur</strong> du DIN, le<br />

Gouvernement du Mali suggéra trois Sites Ramsar:<br />

Lac Horo au nord du Niafounké, Lac Debo - Walado<br />

Debo au centre du <strong>Delta</strong> et la Plaine de Séri au nordouest<br />

de Toguéré Koumbé. Ces sites furent choisis du<br />

fait de leur richesse en oiseaux d’eau, basé sur les<br />

directives du projet de l’UICN des années 1980<br />

(Skinner et al. 1986a). En plus de ces Sites Ramsar,<br />

une large partie du <strong>Delta</strong> s’accorde avec les critères<br />

pour devenir un site d’importance internationale<br />

(voir chapitre 5.2).<br />

2 utilisation des terres<br />

rurales et communautés locales<br />

Histoire du <strong>Delta</strong><br />

La grande période historique fut celle de la Dina qui<br />

débuta en 1818. La Dina fut introduite par les Peuls<br />

et peut être considérée comme la première loi ayant<br />

pour but la gestion intégrée des zones du <strong>Delta</strong> par la<br />

population locale. La Dina devait provoquer de profonds<br />

changements dans le <strong>Delta</strong> en sédentarisant les<br />

Peuls, en créant des barrages de pêche pour les<br />

Bozos, en instituant des pistes de transhumance, des<br />

lieux de pacage et en divisant le <strong>Delta</strong> en une trentaine<br />

de ‘Leydi’ ou parcelles territoriales, elles-mêmes<br />

subdivisées en territoires agricoles, agropastoraux et<br />

piscicoles. Sous la Dina, des règles de ‘libre accès’<br />

s’appliquaient aux ressources forestières, aux plantes<br />

sauvages et aux pâturages des zones exondées.<br />

Parallèlement d’autres règles ‘d’accès limité’ portaient<br />

sur les terres agricoles, les pacages et les pêcheries.<br />

Les règles étaient particulièrement détaillées<br />

pour l’accès aux ressources halieutiques et aux pâturages<br />

des plaines d’inondation. La Dina était appliqué<br />

par le Dioro (gestionnaire des terroirs utilisés, issus<br />

des familles Peuls qui ont régné sur certaines zones<br />

avant l’islamisation). Le tour de force résidait en la<br />

conciliation des intérêts des différents groupes de<br />

production qui parfois s’identifiaient aux groupes<br />

ethniques. On peut dire sans risque de se tromper<br />

que le <strong>Delta</strong> a fait l’objet de plans d’aménagements<br />

rigoureux et apparemment réussis, car malgré des<br />

lacunes dont certaines liées au régime politique de la<br />

Dina - régime plutôt théocratique et à base ethnique<br />

les potentialités du <strong>Delta</strong> ont pu être maintenues<br />

(voir aussi Moorehead 1991, chapitre 8).<br />

L’utilisation des terres rurales et communautés locales 31<br />

La Dina a duré de 1818 à 1862, date à laquelle elle<br />

fut ébranlée par les Toucouleurs venus du Fouta Toro<br />

(Sénégal et Mauritanie actuels). Les Toucouleurs<br />

chassèrent les Peuls et devinrent ainsi les nouveaux<br />

maîtres du <strong>Delta</strong>, mais sans attacher beaucoup<br />

d’importance à sa gestion foncière. Pendant l’exil des<br />

Peuls, qui va durer une trentaine d’années, les agriculteurs<br />

reprennent le contrôle des terres.<br />

À leur tour, les Toucouleurs sont chassés du <strong>Delta</strong> par<br />

les Français. Avec l’avènement de la colonisation française<br />

à la fin du 19 e siècle, le pouvoir colonial ne<br />

reconnaissait pas le droit local de gestion de ressources<br />

préétabli par la Dina. Dans ce sillage, des services<br />

techniques ont été crées, dont certains avaient le plus<br />

souvent un caractère répressif (Service des Eaux et<br />

Forêts). Sous l’administration coloniale, ni les pâturages,<br />

ni les ressources halieutiques ne feront l’objet<br />

d’une attention particulière.<br />

Avec l’indépendance du Mali en 1960, l’état malien<br />

entreprit la nationalisation des terres et multiplia ses<br />

interventions dans le domaine de la gestion des ressources<br />

naturelles. Le service technique le plus impliqué<br />

dans la gestion de l’environnement est celui des<br />

Eaux et Forêts. La police forestière est restée<br />

l’occupation principale de ce service. A partir des<br />

années 1980, l’état a mis en place une nouvelle politique<br />

axée sur la participation des populations, tout<br />

en tenant compte de certains modes de gestion traditionnels<br />

ou coutumiers, afin d’éviter les échecs résultant<br />

de la mainmise totale de l’état sur les ressources<br />

naturelles et l’incapacité d’un système de police<br />

forestière de gérer à lui seul l’exploitation quotidienne<br />

du milieu sans les populations rurales.<br />

Dina première loi sur l’utilisation intégrée du terroir dans le<br />

DIN. Imposée par les habitants bergers Peul; opérationelle<br />

de 1818 à 1862;<br />

Dioro gestionnaire traditionnel de l’utilisation du territoire<br />

exécutant la Dina; issu de famille Peul. Actuellement<br />

administrateur de l’exploitation des pâturages de bourgou.

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