Delta intérieur Du fleuve niger
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114 Dynamique des populations d’oiseaux d’eau<br />
1200<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
Ibis sacré<br />
Spatule d'Afrique<br />
jan ma mai juil fév avr juin jan ma mai juil<br />
Figure 5.9. Evolution des populations de la Spatule d’afrique Platalea alba et de l’Ibis sacré<br />
Threskiornis aethiopica dans le complexe debo, 1999-2001.<br />
part une présence proportionnellement réduite dans<br />
la zone des lacs périphériques et dans la Plaine de<br />
Séri. Les effectifs des canards sont très élevés dans le<br />
DIN en ce moment-là, étant abondants en plusieurs<br />
endroits.<br />
Le mois de mars fournit l’image ‘inverse’ du <strong>Delta</strong> en<br />
octobre: les lacs périphériques sont (encore) bien<br />
remplis tandis que le reste du DIN est déjà en état de<br />
sécheresse avancé. La quasi-totalité des sarcelles et<br />
Canards pilets Anas acuta est déjà partie pour les aires<br />
de reproduction. Les Dendrocygnes veufs restent<br />
dans les lacs du nord en étant remarqué que leur<br />
nombre total dans le DIN a fortement diminué<br />
depuis janvier, sans que cela ne se sois trop senti dans<br />
les lacs périphériques d’ailleurs. En juin les<br />
Dendrocygnes veufs se trouvent dans le nord du<br />
<strong>Delta</strong> et les lacs périphériques en étant déjà beaucoup<br />
plus dispersées que les Oies de Gambie dont les<br />
effectifs maximaux sont atteints dans ce mois. Les<br />
Dendrocygnes veufs ont leurs principaux quartiers<br />
dans les lacs périphériques. L’espèce se cantonne<br />
souvent dans les chaumières (cultures récoltées)<br />
inondées de sorgho et de mil assurant leur sécurité<br />
et offrant une ressource alimentaire potentielle en<br />
forme de grains tombés.<br />
Les années 1990: fin de sécheresse, début de crues plus performantes<br />
Cependant, la situation du début des années 1990 a<br />
vraisemblablement été dramatique pour les canards<br />
paléarctiques: des effectifs de 150.000 Canards pilets<br />
et plus d’un quart de million de Sarcelles d’été<br />
étaient rassemblés dans les lacs Debo sensu stricto, où<br />
ils ont été observés (1992) quittant vers le sud pour<br />
les zones de gagnage en plein après-midi, au lieu de<br />
leur départ habituel au crépuscule ou après que<br />
l’obscurité s’installe. Cela met l’accent sur le rôle<br />
crucial du complexe Debo, particulièrement en<br />
périodes de sévères sécheresses (situations d’écostress).<br />
Une série de faibles crues a causé l’assèchement<br />
quasi-total des lacs du nord; ainsi les Anatidae<br />
n’avaient plus d’autres places pour aller à l’<strong>intérieur</strong><br />
du DIN pendant la période de très faibles crues au<br />
début des années 1990. Roux & Jarry (1984) suggèrent<br />
que dans une situation d’extrême sécheresse<br />
(1984), les sarcelles se déplaçaient vers le Bassin du<br />
Lac Tchad où ils ont comptés des effectifs élevés<br />
jamais vus avant. D’autres espèces d’Anatidae étaient<br />
également rassemblés en nombres exceptionnels<br />
(van der Kamp & Zwarts 1992, van der Kamp 1994):<br />
>19.000 Dendrocygnes fauves Dendrocygna bicolor<br />
(février, 1994), >9.000 Canards à bosse Sarkidiornis<br />
melanotos (décembre, 1993). Ces nombres ne sont<br />
jamais revenus dans cette zone depuis que la forte<br />
crue de 1994 a mis fin à l’ère de décennies de sécheresse.<br />
Les sarcelles sont toujours présentes en<br />
nombres mais se retrouvent dans les banlieues-ouest<br />
de la plaine d’inondation de Walado. Les pilets ont<br />
pratiquement disparu du complexe Debo, en s’étant<br />
réinstallés ailleurs dans le <strong>Delta</strong>, notamment dans le<br />
nord (cf. Scott & Rose 1996).<br />
Les années récentes (depuis 1994) ont apporté des<br />
crues plus substantielles. Certaines espèces comme le<br />
fuligule nyroca Aythya nyroca ont été vu aujourd’hui<br />
en plus grands effectifs qu’avant: Girard & Thal<br />
(2000, 2001) font mention de 12-13.000 individus<br />
dans la zone comprise entre les lacs Tagadji et Télé<br />
(rive gauche).<br />
Effectifs des Oies de Gambie<br />
La principale zone de répartition des Oies de Gambie<br />
semble être la partie centrale du <strong>Delta</strong>, notamment<br />
Walado Debo et Lac Debo. L’espèce semble peu sensible<br />
à l’état du complexe dont la partie Walado<br />
hébergeait la majorité des oiseaux indépendamment<br />
de son état d’assèchement (mais pas totalement sec).<br />
La présence proportionnelle dans les Debos dépend<br />
probablement de la capacité de charge du complexe<br />
et ses proches alentours. Tableau 5.6 montre, pour les<br />
années 1999-2001, leurs effectifs notés pour le DIN<br />
lors des comptages aériens de l’ONCFS en janvier, et<br />
ceux du mois de juin pour le DIN (juin 2001 manquant)<br />
et le complexe Debo, établis par WI. Cependant<br />
cette majorité fut un peu plus maigre en 2000 suite<br />
à la forte croissance démographique qui semble liée<br />
à la bonne performance de la crue 1999-2000.<br />
Distribution des oiseaux d’eau durant l’année 115<br />
Rallidae – Râles, marouettes, gallinules, talèves,<br />
poules d’eau<br />
Jacanidae – Jacana à poitrine dorée, Jacana nain<br />
Espèces discrètes et indicatrices d’habitats marécageux,<br />
les Rallidae ont été peu signalées, le talève sultane<br />
Porphyrio porphyrio faisant une exception par sa<br />
grande taille et par le fait que l’espèce se montre<br />
ouvertement à mesure que la décrue progresse.<br />
Même lors des survols le Talève sultane se fait remarquer<br />
sans que l’on sache d’ailleurs (moins que chez<br />
les autres espèces dénombrées), de quelle proportion<br />
sur le total présent il s’agit approximativement.<br />
Son suivi standardisé permettra néanmoins de signaler<br />
l’évolution relative de la population de cette<br />
espèce discrète. Un inventaire plus approfondi des<br />
sultanes et des Rallidae en général, devra éclaircir les<br />
statuts des différentes espèces de cette famille.<br />
Au cours de la décrue, à partir de janvier-février, les<br />
sultanes apparaissent avec leurs jeunes sur les bourgoutières<br />
du Walado. Ici les juvéniles, déjà capables de<br />
voler, se baladent avec les adultes. En février 2000<br />
furent établis, pour la première fois, quatre cas de<br />
reproduction dans le Lac Debo: deux couples avec des<br />
poussins déjà plumés, et deux poussins de différentes<br />
tailles, au stade-duvet, qui se promenaient à découvert<br />
sur un vaste banc de sable, à quelques centaines<br />
de mètres de la végétation. En juin, le moment le plus<br />
sec du cycle de crue, les oiseaux se déplacent pour<br />
quelque temps vers Lac Debo, pour ensuite -juillet-<br />
rejoindre Walado à l’arrivée de la crue. Dans lesdits<br />
mois ils se nourrissent de jeunes pousses d’herbe. Il<br />
n’est pas clair où l’espèce se trouve durant les hautes<br />
Tableau 5.6. Effectifs des Oies de Gambie Plectropterus gambensis en janvier (Girard & Thal 1999-2001) et juin (ce<br />
rapport), dans le dIN et dans le complexe debo. Les nombres de juin sont suivis par les ratios juin/janvier. Crue-max =<br />
cote maximal (cm) sur l’échelle à akka, Lac debo, en fin de l’année précédente!<br />
an Crue-max Din - janvier Din - juin Debo - juin<br />
1999 486 2.451 6.797 2,8 5.587 2,3<br />
2000 511 5.760 13.517 2,3 9.585 1,7<br />
2001 465 3.220 ? ? 7.844 2,4