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Delta intérieur Du fleuve niger

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180 Colonies nicheuses d’oiseaux d’eau<br />

4 Synthèse<br />

estimation des populations<br />

Les effectifs des populations nicheuses ont été évalués<br />

à travers différentes approches d’estimation. En<br />

1985-87 les résultats des recensements durant la<br />

saison de reproduction ont été utilisés, tandis qu’en<br />

1999-2002 les recensements en fin de saison de<br />

reproduction ont servi à établir les nombres de<br />

couples nicheurs. En 1994-95 les deux approches<br />

ont été utilisées: comptage des dortoirs après la<br />

saison de reproduction et des recensements mensuels<br />

pour les cormorans, les anhingas et les Ardeidae,<br />

et - additionnellement - comptage de nids pour les<br />

nicheurs de saison sèche, comme les ibis et les spatules.<br />

Les comptages aériens ainsi que les constats et observations<br />

dans les colonies ont été complémentaires<br />

sans pour autant oublier leur grand intérêt au sujet<br />

des espèces à reproduction irrégulière telles que le<br />

Héron cendré, le Héron pourpré et l’Ibis falcinelle.<br />

<strong>Du</strong>rant la période du projet (1998-2002) nous<br />

avons à peine trouvé de l’évidence pour la reproduction<br />

de ces espèces (seulement pour le Héron cendré,<br />

voir p. 173), et non plus pour le Bec-ouvert<br />

africain. Considérant le caractère incidentel de leur<br />

reproduction la question devrait être posée au sujet<br />

de l’origine et le comportement opportuniste de ces<br />

nicheurs, incluant des sujets en matière de l’extension<br />

des aires de reproduction et le flux génétique y afférent.<br />

evolution des effectifs nicheurs<br />

Tableau 7.2 montre une image divergente. La seule<br />

espèce en augmentation parmi les Ardeidae est<br />

l’Aigrette intermédiaire; cela semble confirmer<br />

l’expansion de son aire de dispersion depuis les dernières<br />

décennies (Brown et al. 1982). Les autres<br />

espèces ayant des populations croissantes ne font pas<br />

partie des hérons: le Cormoran africain, l’Anhinga<br />

d’Afrique, l’Ibis sacré et la Spatule d’Afrique. Elles<br />

ont pu profiter des crues améliorées depuis 1994,<br />

qui ont favorisé leur situation alimentaire (i.e.<br />

Cormoran africain), ou prolongé les périodes<br />

d’inondation - sécurité ! - pour les espèces nichant<br />

tardivement (Ibis sacré, Spatule d’Afrique). L’Aigrette<br />

garzette (blanche) et le Crabier chevelu sont les seuls<br />

stables, mais il s’agit ici d’espèces avec des populations<br />

afrotropicales et paléarctiques rendant les estimations<br />

assez grossières.<br />

Le Héron garde-boeuf est le nicheur le plus commun,<br />

dont l’effectif s’avère à la baisse. La population<br />

actuelle des deux colonies restantes (Debo) reflèterait<br />

peut-être une situation initiale de surpeuplement,<br />

menant à une reproduction insuffisante (cf.<br />

Skinner et al. 1987). Cependant la baisse établie pourrait<br />

également être comprise dans les fluctuations<br />

naturelles liées à la dynamique de l’hydrosystème du<br />

DIN; le suivi dans les années à venir devra le mettre<br />

en évidence. La Grande Aigrette a subi une forte<br />

décroissance de son effectif nicheur en étant au plus<br />

bas à la fin des années de sécheresse. Depuis lors<br />

l’évolution de son effectif a été positive sans pour<br />

autant atteindre le niveau des années 1980. Les<br />

Hérons noirs ne s’avèrent pas capables de se rétablir<br />

depuis les crues améliorées. Leur population continue<br />

à baisser.<br />

Les nicheurs irréguliers sont des espèces ayant des<br />

gros effectifs d’oiseaux paléarctiques et on peut se<br />

poser la question quant à l’origine des oiseaux<br />

nicheurs. Le Bihoreau gris est le nicheur le plus commun<br />

parmi les ‘irréguliers’, et pourrait avoir une<br />

population afrotropicale. La nidification du Héron<br />

cendré, du Héron pourpré et de l’Ibis falcinelle fait<br />

toutefois penser à des oiseaux paléarctiques ‘détachés’<br />

temporairement ou incidentellement en Afrique subsaharienne;<br />

leurs populations semblent peu (ou pas)<br />

viables en étant négligeables comparés avec le contingent<br />

présent de migrateurs paléarctiques.<br />

Les colonies actuelles: dentaka et akkagoun<br />

Depuis les années 1990 la forêt de Dentaka a fonctionné<br />

comme lieu de reproduction pour toutes les<br />

espèces figurant dans le tableau 7.2 en étant remarqué<br />

que cela est douteux pour le Bec-ouvert africain.<br />

Concernant la forêt d’Akkagoun l’image est moins<br />

claire, du fait qu’elle a été moins surveillée que<br />

Dentaka. Skinner et al. (1987) donnent le Cormoran<br />

africain et six espèces d’Ardeidae comme nicheurs et la<br />

reproduction a été noté, en 1999 et 2002, pour<br />

l’Aigrette garzette noire (voir p. 172) et le Crabier<br />

chevelu.<br />

Actuellement il semble être question d’un manque<br />

de sécurité à akkagoun, suite au pillage de la colonie<br />

de Hérons garde-boeufs en 1998, au dire de la population<br />

locale. Depuis cet incident toutes les autres<br />

espèces nicheuses ont renoncé à se reproduire dans<br />

la forêt, jusqu’à la crue de 1999 lorsque les gardeboeufs<br />

se sont réinstallés (cf. photo page 165).<br />

Toutefois, durant la saison de nidification en 2000<br />

leur colonie fut abandonnée de nouveau pour être<br />

rétablie ailleurs dans la forêt, dans un endroit où<br />

l’espèce était également présente en 2001. Par contre,<br />

jusqu’à présent (crue 2000-2002) les cormorans ne<br />

sont pas revenus pour nicher, et les autres espèces, en<br />

tant que signalées, semblent nicher en nombres négligeables<br />

comparés à ceux de Dentaka. Une surveillance<br />

pertinente de la forêt depuis le début (juin) du<br />

cycle de reproduction des garde-boeufs doit avoir<br />

haute priorité pour la sauvegarde de la colonie mixte<br />

de cormorans, hérons, aigrettes, et potentiellement<br />

anhingas, spatules et ibis; la réussite reproductive des<br />

garde-boeufs est à la base de l’installation ultérieure<br />

des autres espèces. Vers la fin de la saison de reproduction<br />

la forêt d’Akkagoun sert de plus en plus de<br />

dortoir aux cormorans, hérons et aigrettes provenant<br />

de la forêt de Dentaka, et d’autres zones en amont du<br />

complexe Debo. Aussi un constat de nidification à<br />

Akkagoun dans ce stade, à base de la présence de<br />

juvéniles au vol, est prématuré en demandant de plus<br />

amples preuves.<br />

Synthèse 181<br />

Forêt de Dentaka, site de reproduction et dortoir, en voie de tarissement.<br />

Février 2001.<br />

En résumant, les conditions de reproduction dans le<br />

DIN sont précaires. Il n’y existe actuellement que<br />

deux forêts inondables avec des colonies substantielles<br />

d’oiseaux d’eau. Une de ces forêts - Akkagoun -<br />

est sous forte pression anthropique, tandis qu’elle n’a<br />

pas seulement une grande potentialité socio-économique<br />

(poisson, fourrage, bois, etc.) mais aussi en<br />

termes de biodiversité (UICN 1999, 2001). Pour la<br />

forêt de Dentaka ces potentialités ont déjà été mises<br />

en évidence en rendant la restauration et la gestion<br />

des autres forêts dégradées ou (quasi-)disparues un<br />

grand défi dans les années à venir (voir chapitre 8).

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