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Delta intérieur Du fleuve niger

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98 Dynamique des populations d’oiseaux d’eau<br />

Les autres espèces sont relativement communes ou<br />

même très communes, mais le seuil-1% n’est pas<br />

franchi à cause de la mise au point d’un critère<br />

numérique relativement élevé à partir de la “population<br />

afrotropicale”, ou du fait que seulement leur<br />

effectif extrapolé/estimé (total-DIN) l’atteindrait. En<br />

comparant le complexe Debo (LDWD) avec la zone<br />

Debo-Korientzé (LDWDZK) on remarque que le premier<br />

représente l’essentiel des espèces satisfaisant au<br />

critère-1% (tableau 5.4). La zone Korientzé héberge<br />

aussi plus d’une douzaine espèces mise en évidence<br />

quand les effectifs sont considérés séparément; entre<br />

Korientzé et Debo il est question de petits décalages<br />

temporels dans l’apparition des effectifs maximaux.<br />

Espèces peu communes et rares<br />

En plus des espèces d’oiseaux d’eau assez communes<br />

ou même abondantes, le complexe Debo en abrite<br />

d’autres qui sont importantes dans le cadre de<br />

conservation de la biodiversité des zones humides.<br />

Dans tableau 5.5 sont listées les espèces considérées<br />

vulnérables -souvent peu communes, parfois rares-<br />

ou menacées; ces dernières sont (assez) rares dans la<br />

plupart des cas.<br />

Le total de 73 espèces en comprend cinq mentionnées<br />

par Lamarche (1981) mais pas signalées depuis<br />

le début des années 1990, ainsi que douze peu communes<br />

et vulnérables en général, et figurant dans les<br />

tableaux 5.4 et 5.5. Les cinq non-signalées sont marquées<br />

“menacées et rares” mais pour le Héron<br />

goliath Ardea goliath, le Blongios nain Ixobrychus minutus<br />

et la Glaréole à ailes noires Glareola nordmanni une disparition<br />

totale est à craindre. Le Jabiru d’Afrique<br />

Ephippiorhynchus senegalensis et le Bec-en-ciseaux<br />

d’Afrique Rynchops flavirostris ont pratiquement disparu;<br />

les deux n’ont été observés qu’une seule fois<br />

depuis fin 1991: un Bec-en-ciseaux en avril 2001 à<br />

Akka et un immature Jabiru en juin 2001 dans<br />

Walado Debo.<br />

Les causes de leur disparition sont multiples. Pour les<br />

espèces afrotropicales il pourrait s’agir de persécu-<br />

tion (Héron Goliath), coupe de grands arbres<br />

(Jabiru) et dérangement dans les habitats de pêche et<br />

de reproduction du <strong>fleuve</strong> Niger (Bec-en-ciseaux).<br />

La disparition du Blongios nain I. m. minutus (race<br />

type de la zone paléarctique) est probablement due à<br />

la sécheresse sahélienne depuis les années 1970. La<br />

Glaréole à ailes noires a peut-être disparu suite à la<br />

détérioration des habitats de reproduction en Europe<br />

de l’est et en Asie (Hagemeijer & Blair 1997). Le<br />

déclin de sa population se fait sentir d’abord dans les<br />

quartiers d’hiver marginaux en Afrique de l’Ouest;<br />

l’espèce hiverne principalement en Afrique du Sud.<br />

Soit remarqué qu’en général les grands échassiers<br />

afrotropicaux (hérons, spatules, ibis, cigognes) sont<br />

relativement rares ou peu communs, reflétant peutêtre<br />

l’intensité d’exploitation du <strong>Delta</strong> et le manque<br />

de sécurité lors de la phase de reproduction.<br />

Parmi les nouvelles espèces depuis les années 1990<br />

ce n’est que le Butor étoilé Botaurus stellaris qui a un<br />

statut régulier soit peu commun. Etant un oiseau très<br />

discret il se fait rarement signaler en Afrique subsaharienne<br />

mais les recensements mensuels durant ce<br />

projet ont confirmé l’idée depuis les premières<br />

observations en janvier-février 1992 (van der<br />

Kamp & Zwarts 1992) que cette espèce paléarctique<br />

apparaît -ou que sa visibilité augmente- dans le complexe<br />

Debo à mesure que l’eau baisse. Figure 5.3<br />

montre les butors comptés dans la période décembremars<br />

1991-2001 en relation avec le niveau d’eau à<br />

Akka, au bord du Lac Debo. Leur apparition est<br />

constatée à partir d’un niveau de quelque 2.5 m. La<br />

sous-estimation de cette espèce est évidente: les<br />

recensements mensuels dans le <strong>Delta</strong> sont exécutés<br />

pendant la journée, tandis que les butors sont plus<br />

actifs au crépuscule. Dans la bourgoutière de Akka ne<br />

fut observé qu’un seul oiseau en pleine journée,<br />

après quatre passages en pinasse. Le soir, au crépuscule<br />

de la même journée, y furent notés neuf<br />

oiseaux!<br />

Les Ciconiidae sont peu communs dans le DIN. Les<br />

plus réguliers, sans être très communs, sont la<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

Butor étoilé Botaurus stellaris Complexe Debo 1991-2001<br />

0<br />

0 100 200 300 400 500 600<br />

Cote Akka<br />

Figure 5.3 Evolution de la population du Butor étoilé Botaurus stellaris dans<br />

le complexe debo, décembre-mars 1991-2001.<br />

Cigogne d’Abdim Ciconia abdimii qui niche dans les<br />

villages des zones plus élevées du <strong>Delta</strong> méridionale,<br />

et les non-nicheurs: le Tantale ibis Mycteria ibis<br />

et le Marabout d’Afrique Leptoptilos crumeniferus. Ces<br />

derniers se rassemblent autour des derniers points<br />

d’eau en fin de décrue, parfois dans le complexe<br />

Debo, mais aussi ailleurs (i.e. Plaine de Séri). Le Becouvert<br />

africain Anastomus lamelligerus avait, jusqu’aux<br />

années 1990, un petit effectif d’oiseaux nicheurs<br />

dans la forêt de Dentaka (Walado Debo) qui ont<br />

disparu depuis lors. Aujourd’hui l’espèce est rarement<br />

signalée dans le DIN. Cela correspond avec sa<br />

disparition signalée ailleurs en Afrique de l’Ouest<br />

(Borrow & Demay 2001). La plus nombreuse est la<br />

Cigogne blanche Ciconia ciconia qui se regroupe parfois<br />

en fortes concentrations, mais les observations<br />

sont irrégulières, dispersées, et peu fréquentes au<br />

centre du <strong>Delta</strong>. Lamarche (1981) fait mention<br />

d’une observation de quelques milliers d’oiseaux<br />

dans l’est du Mali. L’équipe de comptage aérien de<br />

WI a noté un effectif de 500-1.000 oiseaux au sud<br />

de Sormé, en janvier 1999 également. Dans les<br />

recensements mensuels les effectifs sont beaucoup<br />

plus modestes et rarement au delà d’une centaine.<br />

La Cigogne blanche, migratrice paléarctique, est<br />

souvent victime de chasse, contrairement à la<br />

Cigogne d’Abdim, migratrice afrotropicale, qui est<br />

considérée porteur de pluies et de bonheur. Les<br />

retrouvailles de bagues en 1999-2001 indiquent<br />

Populations des oiseaux d’eau 99<br />

une provenance ouest-européenne de la Cigogne<br />

blanche (Kone et al. 2001, appendice I).<br />

L’Ombrette africaine Scopus umbretta semble avoir restreint<br />

son aire de dispersion dans le <strong>Delta</strong> sans que la<br />

cause de sa disparition locale/régionale soit évidente.<br />

Lamarche (1981) le considère nicheur du <strong>Delta</strong><br />

Intérieur, constat fait par des sources locales également<br />

(années 1970, comm. pers. S. Konta). Quelques<br />

observations isolées semblent témoigner encore de<br />

sa présence actuelle dans le sud du <strong>Delta</strong> (environs de<br />

Diafarabé, Bani) mais plus au nord nous n’avons vu<br />

qu’un seul oiseau (novembre, Mayo Dembé vers<br />

Oréko) en 1998-2001. Au Mali l’espèce a été vu<br />

nicher sur des (grands) arbres tels que le Baobab<br />

Adansonia digitata, le Caïcédra Khaya senegalensis et l’Acacia<br />

Acacia nilotica, sans exclure d’autres habitats de nidification.<br />

La Grue couronnée Balearica pavonina, espèce présente<br />

par quelque 2.000 oiseaux dans le Bassin du Lac<br />

Tchad et par 200 oiseaux dans le <strong>Delta</strong> du <strong>fleuve</strong><br />

Sénégal (v. ci-après), a un statut menacé dans le DIN.<br />

Après les enquêtes menées en 2001 (voir chapitre 9)<br />

la conclusion doit être qu’au Mali l’effectif des grues<br />

en captivité est actuellement plus grand que l’effectif<br />

reproducteur du DIN et ailleurs au Mali. Dans le DIN<br />

il s’agit de quelque 50 oiseaux adultes (depuis 1991<br />

qu’un seul oiseau juvénile n’a été vu; juin 2000),

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