02.07.2013 Views

Delta intérieur Du fleuve niger

Delta intérieur Du fleuve niger

Delta intérieur Du fleuve niger

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

38 Brève description du <strong>Delta</strong><br />

teur d’eau de 2-3 m dans la forêt de Dentaka, avec un<br />

niveau d’eau à Akka de 5 m (cf. Quensière 1994,<br />

page 57).<br />

Il y a un demi-siècle on ne répertoriait pas plus de<br />

quelques dizaines de forêts inondées dans le DIN. La<br />

sur-exploitation de ces forêts (bois de chauffe entre<br />

autres) et la sécheresse prolongée depuis les années<br />

1970 et 1980 ont conduit à la disparition de la majorité<br />

de ces forêts. La coupe de ces forêts pour la culture<br />

du riz dans les zones basses durant la période de<br />

sécheresse fût une décision dramatique, d’autant plus<br />

que ces cultures semblent être à très faible rendement.<br />

Skinner et al. (1987) ne répertorient que six<br />

forêts intactes toutes avec des colonies de nidification<br />

d’oiseaux d’eau. Quensière (1994) ne répertorie que<br />

quatre forêts intactes de quelques dizaines d’hectares.<br />

En 1998-2001 il n’existait que deux forêts inondées<br />

fermées (Akkagoun et Dentaka au centre du <strong>Delta</strong>),<br />

qui abritaient encore des colonies variées d’oiseaux<br />

d’eau nidificateurs. Les autres forêts inondées ont<br />

disparu ou sont trop petites ou bien encore trop<br />

endommagées (chapitre 7 et 8).<br />

Acacia kirkii<br />

4 État de la faune<br />

Introduction générale<br />

Le capital faunistique, favorisé par la présence d’eau<br />

et d’une flore riche, était jadis représenté par des<br />

grands herbivores comme les gazelles, l’Hippopotame<br />

Hippopotamus amphibius et le Lamantin Trichechus senegalensis,<br />

et par des grands reptiles tels que le Crocodile du<br />

Nil Crocodylus niloticus, le Python Python sebae et le Varan<br />

du Nil Varanus niloticus. Les primates étaient représentés<br />

par les Singes rouges et verts (resp. Cercopithecus patas et<br />

C. aethiops). Maintenant ces zones d’inondations sont<br />

pauvres, conséquence de la forte pression humaine et<br />

de la dégradation des milieux: notamment les grands<br />

herbivores et les grands reptiles ont presque disparu.<br />

Autre que les poissons (Daget 1954) et les oiseaux<br />

(entre autres Lamarche 1981, Skinner et al. 1987, voir<br />

chapitre 5 et 7) le statut de la faune dans le <strong>Delta</strong> est<br />

peu connu; des relevés systématiques manquent<br />

complètement. Il est donc clair que dans tout les cas<br />

la dégradation des habitats suite à la sécheresse a<br />

provoqué à nos jours la disparition et/ou la rareté<br />

des grands mammifères. Entre autres Cob de Buffon<br />

Adenota cob, Damalisque korrigum Damaliscus korrigum,<br />

Gazelle dama Gazella dama et Lion Pantherus leo ont disparu<br />

du paysage du <strong>Delta</strong>. On peut y rencontrer<br />

encore Phacochère Phacochoeras aethiopicus (statut incertain),<br />

l’Hippopotame (localement présent), Gazelle à<br />

front roux Gazella rufifrons (rare, statut incertain),<br />

Lamantin (rare, localement présent), Chacal à flancs<br />

rayés Canis adustus (occasionnel), Mangouste des<br />

marais Atilax paludinosus (occasionnel), Hyène tachetée<br />

Crocuta crocuta (statut incertain), Chat sauvage Felis silvestris<br />

(présent, statut inconnu), Ecureuil fouisseur<br />

Xerus erythropus (présent, statut inconnu) et Singe<br />

rouge et vert (surtout du côté sud du <strong>Delta</strong>).<br />

Certaines espèces sont menacées de disparition telles<br />

que Lamantin et l’Hippopotame, tandis que Varan du<br />

Nil, Crocodile du Nil et Python font l’objet de forte<br />

chasse. Le serpent Naja nigricollis était en générale<br />

abondant par le passé, mais devenu rare de nos jours.<br />

Les Tortues d’eau douce, Triony à clapets du Sénégal<br />

Cyclanorbis senegalensis, sont rares ou peu communs, ces<br />

espèces se font parfois prendre dans les filets de<br />

pêche.<br />

Il semble donc peu étonnant que durant les activités<br />

de terrain et les comptages aériens sur le delta entier<br />

effectuées par WI en 1998-2002 aucune observation<br />

n’a été faite (ni informations affirmatives acquises)<br />

de gazelles, phacochères, loutres ou crocodiles.<br />

L’équipe de ONCFS (Girard & Thal 1999, 2000) a<br />

noté en janvier 1999 et 2000 quelques observations<br />

de Chacals à flancs rayés, de Phacochères, de quelques<br />

Ecureuils terrestres et même le Zorille Ictonyx striatus<br />

ainsi que le Ratel Mellivora capensis (Lac Korarou,<br />

Niangaye). De plus, il n’y a eu aucune observation<br />

d’antilopes de fait. Le statut de ces espèces dans le<br />

<strong>Delta</strong> est actuellement très incertain; les grands mammifères<br />

ont presque disparu. Les observations de<br />

mammifères et de reptiles faites durant le projet<br />

(1998-2002) seront traitées succinctement plus loin<br />

dans ce paragraphe.<br />

<strong>Du</strong>rant cette première phase du projet, nous n’avons<br />

pas tenu compte de la distribution et de la présence<br />

d’espèces de poisson à l’<strong>intérieur</strong> du <strong>Delta</strong> puisque<br />

des études de ce cas ont été beaucoup faites (Daget<br />

1954, Laë 1995, Quensière 1994, Welcomme 1986,<br />

Lévêque & Paugy 2001). D’après Daget (1954) le<br />

Niger supérieur abrite plus de 130 espèces de poissons,<br />

avec pas moins de 24 espèces endémiques. Au<br />

moins deux nouvelles espèces – Syndodontis gobroni et<br />

Gobiocichla wonderi – sont presque endémique dans le<br />

<strong>Delta</strong> (Lowe-McConnell 1985). La migration des<br />

poissons inclue aussi bien un mouvement latéral, va<br />

et vient des plaines inondées (Bénech et al. 1994),<br />

que des mouvements longitudinaux de grande distance.<br />

Cependant au cours d’un séminaire tenu à<br />

Mopti en 1999 sur la ‘Conservation de la Biodiversité<br />

des Poissons en Afrique de l’Ouest’, les pêcheurs rap-<br />

État de la faune 39<br />

Chacal à flancs rayés Canis adustus, Mayo Kéké, novembre 1999<br />

portent que 10 espèces de poissons ont disparu de<br />

leur prise (Ticheler 1999). D’autres espèces ont<br />

diminué et sont devenues très rares. L’IRD, en collaboration<br />

avec l’IER (durant cinq ans d’observations<br />

de la pêche dans le DIN), trouve aussi que certaines<br />

espèces comme Distichodus brevipinnis, Citharinus citharus,<br />

Chrysichthys auratus, Clarotes laticeps et Tetraodon lineatus sont<br />

rares et menacées, tandis que d’autres comme<br />

Gymnarchus niloticus, Heterotis niloticus et Polypterus senegalensis<br />

sont très rares. La raison réelle de la rareté et de la<br />

disparition de ces espèces peut être due à plusieurs<br />

facteurs dont la solution suppose une approche intégrée.<br />

Dans tous les cas, on sait que certaines espèces<br />

comme Citharinus citharus sont très vulnérables aux<br />

faibles crues et leur présence permet d’avoir des<br />

informations sur la qualité de la crue et de l’eau. Pour<br />

certaines espèces, grandes migratrices, la présence de<br />

digues et de barrages peut entraver leur migration<br />

longitudinale et mettre, à long terme, leur existance<br />

en danger (Lévêque & Paugy 2001).<br />

Autre que les poissons, reptiles et mammifères, le<br />

<strong>Delta</strong> connait une riche population d’oiseaux. Pour<br />

les informations récentes sur les oiseaux d’eau du<br />

DIN, se référer aux chapitre 5 ‘Dynamique des populations<br />

d’oiseaux d’eau’ et chapitre 7 ‘Colonies<br />

nicheuses d’oiseaux d’eau’. Beaucoup d’espèces

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!