Delta intérieur Du fleuve niger
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202 L’exploitation des oiseaux d’eau<br />
1 Introduction<br />
Le <strong>Delta</strong> Intérieur du Niger, vaste plaine d’inondation,<br />
reçoit chaque année un nombre impressionnant<br />
d’oiseaux d’eau (chapitre 5). C’est à l’<strong>intérieur</strong><br />
du DIN que le Mali a inscrit trois sites sur la liste de<br />
la Convention sur les zones humides d’importance<br />
internationale particulièrement comme habitat des<br />
oiseaux d’eau (Convention de Ramsar), instrument<br />
juridique international qui engage tous les pays<br />
signataires. Le Mali a signé et ratifié cette convention<br />
(1987) de même que l’Accord sur les Oiseaux<br />
Migrateurs Europe-Afrique-Moyen-Orient (AEWA)<br />
pour la protection des oiseaux et de leur habitat<br />
(2000). Bien que notre pays soit parti contractante<br />
de cette Convention et de l’AEWA, peu d’actions ont<br />
été entreprises dans leur mise en œuvre. L’étude<br />
entreprise sur l’exploitation des oiseaux d’eau par<br />
Wetlands International se voudrait un outil d’éveil<br />
des consciences. Il est reconnu que cette avifaune<br />
migratrice au cours de leur séjour d’hiver dans le<br />
DIN est soumise à l’action combinée du climat et de<br />
l’homme (chasse).<br />
Des études antérieures ont été entreprises sur le sujet.<br />
Bouaré (1994) rapporte que chaque année 200.000<br />
à 400.000 oiseaux d’eau sont capturés par les<br />
pêcheurs du DIN pour une valeur monétaire de 350<br />
millions FCFA. Aussi l’UICN (1989) rapporte que<br />
51% des exploitants prélèvent des oisillons, 27% les<br />
œufs, 19% prélèvent oiseaux plus oisillons et 0,3%<br />
les oiseaux adultes. Les méthodes de prélèvement<br />
utilisées sont variables et comprennent filets, hameçons,<br />
le fusil de chasse et les pièges. Les études mentionnées<br />
ci-dessous manquent d’informations sur<br />
certains aspects socio-économiques et de chiffres<br />
réels d’exploitation. Cela est bien imaginable, parce<br />
que le système de prélèvement et notamment la<br />
filière entre le moment de capture et le moment de<br />
la vente est très complexe, d’ou plusieurs marchés<br />
locales et commerçant(e)s sont impliqués. La présente<br />
étude vient combler un vide qui est celle de<br />
l’insuffisance de données fiables sur le prélèvement<br />
réel, les moyens de prélèvement, l’organisation de<br />
cette activité et surtout son impact sur les populations<br />
d’oiseaux concernés.<br />
L’objectif de la présente étude est de quantifier les<br />
prélèvements des oiseaux d’eau pour la consommation<br />
et d’estimer les revenus monétaires obtenus<br />
dans la filière en vue de la mise en œuvre de plans<br />
d’action pour un prélèvement rationnel. Dans ce<br />
rapport les premiers résultats sont présentés: c’est<br />
une reconnaissance qui forme la base pour le développement<br />
d’un système de suivi pour le <strong>Delta</strong> entier<br />
dans les années à venir.<br />
2 Méthodes et zone d’étude<br />
L’étude a été menée deux années successives, 1999<br />
(année de crue moyenne; Kone et al. 1999) et 2000<br />
(année de bonne crue; Kone & Diallo 2000). Elle a<br />
concerné les quatre cercles inondés (Mopti, Youvarou,<br />
Djenné et Tenenkou) de la Région de Mopti. Au<br />
niveau de chaque cercle, une enquête préliminaire<br />
avait permis de répertorier les principaux centres<br />
(villages ou villes) de capture et de commercialisation<br />
des oiseaux d’eau. Il s’agit de:<br />
cercle de mopti: Mopti, Fatoma, Konna et Korientzé<br />
en 1999, et la ville de Mopti seule en 2000 pour<br />
éviter une duplication dans les chiffres des zones<br />
d’enquêtes situées non loin de Mopti. Ce dernier<br />
étant le point de convergence des oiseaux d’eau capturés<br />
sur les différents lieux.<br />
cercle de Youvarou: Walado, Akka, Dentaka, Tiadial,<br />
Poussé, Youvarou, N’Bamaji, Kolotaka, Tialdé,<br />
Akkagoun, Gandetama, N’Gana, Farayeni et Djouguel.<br />
Ces villages appartiennent aux communes rurales de<br />
Youvarou, Deboye et Bimbiri-tama.<br />
cercle de djenné: Mougnan, Djenné, Siratiting,<br />
Kouakourou, Yebé, Souan, Pasiba, Sofara, Samaye<br />
Morigna, Panan, Marka et Diera. Ces villages appartiennent<br />
aux communes de Gomitoko, Mougnan,<br />
Kouakourou et Djenné.<br />
cercle de ténenkou: Nawal-Danedji, Toguéré-<br />
Koumbé, Diondiori, Dia, Niasso, Gandé-tama,<br />
Fanakouna, Séri, Koubitéra, Mongha, Sanabé, Daka<br />
Dialélé, Samaya, Yeré-yéré, Daka Baye Koumara,<br />
Tiaikoye, Siba-Nialla, Penga, Dagada, N’Garchi,<br />
Sarbéré et Kona. Ces villages appartiennent aux communes<br />
de Toguéré-Koumbé, Diondiori, Dia et<br />
Ténenkou.<br />
L’enquête sur le terrain a duré chaque année quatre<br />
mois (janvier-avril), période qui correspond à la<br />
présence massive des oiseaux migrateurs paléarctiques<br />
et des oiseaux afrotropicaux dans le DIN. En<br />
1999, 382 traqueurs ont été interviewés et 668 en<br />
2000. L’enquête a couvert une quinzaine de communes.<br />
Pour la ville de Mopti, l’enquête a été exécutée<br />
journalièrement (matin et soir) tandis que dans<br />
les autres villages du cercle (Fatoma, Konna et<br />
Korientzé) les informations étaient collectées hebdomadairement.<br />
A Youvarou, Djenné et Ténenkou, les<br />
enquêteurs se déplaçaient permanemment entre les<br />
différents villages sous leur responsabilité.<br />
Erreurs possibles<br />
L’enquête a été menée par des personnes originaires<br />
des zones d’enquêtes et bien connus des populations<br />
locales pour minimiser les erreurs. Les enquêteurs<br />
ont été formés sur l’identification des oiseaux et pendant<br />
toute la durée ils étaient munis d’un guide<br />
d’identification. Cependant pour minimiser les<br />
erreurs d’identification individuelle des oiseaux<br />
d’eau, les résultats ont été regroupés en familles.<br />
Aussi beaucoup de scepticisme et de suspicion ont<br />
entourés les enquêtes, les personnes interviewées<br />
Résultats 203<br />
craignant des sanctions futures par les Services de la<br />
Conservation de la Nature ou du contrôle et de la<br />
réglementation.<br />
Les plus grandes erreurs qu’il puisse y avoir et qui ne<br />
soient pas complètement inévitables concernent le<br />
comptage double (deux fois le même oiseau). Cela<br />
peut survenir lorsque les oiseaux sont vendus sur un<br />
marché local par les traqueurs et revendus après sur<br />
un marché plus grand par des commerçants. Une<br />
autre incertitude est la taille de l’autoconsommation,<br />
beaucoup des oiseaux sont capturés mais pas vendus<br />
sur les marchés.<br />
3 Résultats<br />
Aspects socio-économiques de l’exploitation<br />
Dans les cercles de Mopti, Youvarou, Ténenkou ce<br />
sont les Bozos et Somonos (pêcheurs) qui sont les<br />
plus impliquées dans la capture des oiseaux d’eau<br />
tandis qu’à Djenné ce sont les Bambaras (agriculteurs).<br />
Cependant toutes les ethnies (Peuls, Sonrhaïs,<br />
Sarakollé, Dogon, Mossi, Bella) pratiquent l’activité.<br />
A l’exception de Djenné (1999) où les personnes<br />
impliquées dans la capture étaient plus nombreuses<br />
dans la tranche de plus de 40 ans, pour les autres<br />
cercles les plus nombreux étaient dans la tranche<br />
d’âge 21-30 ans. En 2000 les pratiquants de tous les<br />
cercles étaient d’âge supérieur à 40 ans (pour détails<br />
voir tableau 9.1).<br />
A l’exception du cercle de Mopti où les femmes sont<br />
les plus nombreuses dans la filière d’exploitation ce<br />
sont les hommes qui sont les plus nombreux dans les<br />
autres cercles. Ce sont les femmes ou les associations<br />
de femmes de Mopti qui préfinancent les matériels<br />
de capture (filet, hameçon, etc.) pour les pêcheurs.