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Delta intérieur Du fleuve niger

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164 Colonies nicheuses d’oiseaux d’eau<br />

1 Colonies nicheuses<br />

dans le <strong>Delta</strong><br />

Actuellement les forêts inondables du <strong>Delta</strong> Intérieur<br />

constituent les principaux sites de colonies nicheuses<br />

pour l’ensemble des hérons, aigrettes, cormorans,<br />

anhingas, spatules et ibis. En outre la reproduction<br />

sur Acacia sp. du Pélican gris Pelecanus rufescens et du Becouvert<br />

africain Anastomus lamelligerus a été constatée<br />

dans le passé récent (Lamarche 1981, Skinner et al.<br />

1987). Les autres habitats de reproduction ont été<br />

inspectés assez globalement durant 1998-2001, lors<br />

des actions de suivi mensuel, aérien et incidentel, en<br />

laissant peu d’espoir -outre les espèces solitaires<br />

comme le Héron goliath Ardea goliath et le Jabiru<br />

d’Afrique Ephippiorhynchus senegalensis - pour le Pélican<br />

blanc Pelecanus onocrotalus, la Mouette à tête grise Larus<br />

cirrocephalus, la Guifette moustac Chlidonias hybridus, la<br />

Sterne naine Sterna albifrons et le Bec-en-ciseaux<br />

d’Afrique Rhynchops flavirostris. La Guifette moustac et la<br />

Sterne naine sont les seules espèces dont la reproduction<br />

a été constatée récemment mais elles se voient<br />

confrontées au genre de dérangement qui a également<br />

contribué à la disparition des autres: prélèvement<br />

de poussins, piétinement par les passants et le<br />

bétail. Des actions d’inventaire, et de sensibilisation et<br />

conservation joueront un rôle capital dans la sauvegarde<br />

des (groupes d’) espèces mentionnées et en<br />

faveur de la biodiversité dans les habitats cités cidessus.<br />

Comme indiqué au chapitre 5 le <strong>Delta</strong> Intérieur<br />

abrite un nombre important d’oiseaux d’eau paléarctiques<br />

et afrotropicaux, les seconds ayant de considérables<br />

populations nicheuses dans la zone. Lamarche<br />

(1981) donnait des informations générales sur les<br />

oiseaux d’eau nicheurs, mais Skinner et al. (1987)<br />

menèrent une première étude sur les forêts inondées<br />

existantes et leurs colonies de hérons. L’histoire<br />

récente de ces forêts a été fournie par l’analyse de<br />

photos aériennes prises en 1952 et en 1971, et complétée<br />

par les résultats des prospections aériennes<br />

exécutées en 1985-87. Cette étude des années 1980 a<br />

révélé un sérieux déclin du nombre d’habitats de<br />

reproduction disponibles, à cause de la surexploitation<br />

(pâturages, défrichements à des fins rizicoles) des<br />

forêts inondées, exacerbé par les longues années de<br />

sécheresse sahélienne et les faibles inondations annuelles.<br />

En 1985, ils ne restaient que cinq grandes colonies<br />

utilisant sept forêts inondées, sur les vingt-cinq<br />

antérieurement connues (années 1950). Néanmoins<br />

les 87.000 couples nicheurs établis comprenant<br />

quinze espèces (Skinner et al. 1987) font encore du<br />

DIN une zone d’intérêt capital, sinon le plus important<br />

site de reproduction en Afrique de l’Ouest (cf.<br />

Kushlan & Hafner 2000). A côté des hérons et aigrettes,<br />

la gamme d’espèces incluait aussi le Cormoran<br />

africain Phalacrocorax africanus, l’Anhinga d’Afrique<br />

Anhinga rufa, l’Ibis sacré Threskiornis aethiopica, la Spatule<br />

d’Afrique Platalea alba et le Bec-ouvert africain. Les<br />

accords de gestion entre les parties intéressées, initiés<br />

par l’UICN dans les années 1980, ont conduit, en<br />

première instance, à une diminution encourageante<br />

de la coupe du bois et à une augmentation de la régénération<br />

de deux forêts inondées.<br />

Aujourd’hui, pendant que ces deux forêts servent<br />

d’exemples stimulants de forêts régénérées, il est alarmant<br />

de noter le déclin continu des habitats de reproduction<br />

disponibles à travers davantage de dégradation<br />

des zones boisées ailleurs dans le DIN, même si<br />

d’autres crues plus performantes ont été enregistrées<br />

depuis 1994. Au cours des années 1998-2002 les<br />

investigations au cours du projet (van der Kamp &<br />

Diallo 1999, Wymenga et al. 2000, van der Kamp et al.<br />

2001) ont révélé seulement deux grandes colonies<br />

nicheuses restantes, les autres ayant été abandonné ou<br />

abritant une à trois espèces en reliquats de colonies<br />

prospérant autrefois (cf. Skinner et al. 1987). Les deux<br />

grandes colonies sont trouvées dans les forêts inon-<br />

Colonies nicheuses dans le <strong>Delta</strong> 165<br />

Vue aérienne de forêt d’Akkagoun en novembre 1999 (composition photographique, assemblée à partir de plusieurs photos), avec un chenal<br />

sillonnant la “tête” de forêt. Le niveau d’eau est de 511 cm (l’échelle à Akka).<br />

dées régénérées en bordure du complexe Debo,<br />

montrant l’impact des mesures de conservation prises<br />

en coopération avec les comités de gestion locaux.<br />

Comparés aux années 1940, 92% des sites de colonies<br />

restaient dans les années 1950, 28% en 1985 et seulement<br />

8% étaient occupés en 2000 (figure 7.1).<br />

Skinner et al. (1987) notaient sept sites de colonie<br />

comme ‘non-occupés du fait de faibles crues’ qui<br />

auraient pu être réoccupés depuis l’apparition (1994)<br />

de crues plus substantielles, mais nos prospections<br />

(survol, terrain) confirment plutôt la dégradation<br />

progressive des zones boisées. Un total provisoire de<br />

couples nicheurs estimé à 79.500 dans le DIN en<br />

2001 (toutes espèces comprises) signifierait une<br />

diminution de 7-8% sur les 15 dernières années. Dans<br />

le tableau 7.2 les espèces nicheuses en colonies des<br />

forêts inondées sont listées, avec leur nombre estimé<br />

de couples nicheurs en 1985/86 (Skinner et al.<br />

1987), durant les années 1994-96 et en 1999/2001.<br />

La figure 7.1 donne une vue d’ensemble des sites de<br />

reproduction des forêts inondées, dans le passé et à<br />

présent.<br />

Les forêts d’envergure substantielle: Akkagoun<br />

et Dentaka<br />

Les deux forêts en état dégradé et dépérissant au<br />

début des années 1980, ont pu être rétablies grâce<br />

aux initiatives concertées de l’UICN et les populations<br />

locales (voir UICN 1999, 2001). Elles consistent<br />

essentiellement en Acacia kirkii, avec quelques Ziziphus<br />

mauritiana à Akkagoun.<br />

akkagoun<br />

Akkagoun est situé au bord du <strong>fleuve</strong>, à la sortie du<br />

Lac Debo. La forêt a été replantée partiellement, puis<br />

surveillée et gérée par un comité de gestion villageois<br />

en étant actuellement d’une superficie d’environ 178<br />

ha (UICN 1999: zone boisée dense 74 ha, zone peu<br />

boisée 104 ha). Sa forme de ‘têtard’ permet aux<br />

oiseaux de nicher dans la partie la plus dense (la<br />

‘tête’) en étant remarqué que suite aux dérangements<br />

humains la colonie mixte s’est déplacée<br />

quelques fois dans les années passées. Il en a résulté<br />

que la colonie actuelle est principalement occupée<br />

par le Héron garde-boeuf Bubulcus ibis; la quasi-totalité<br />

des autres espèces l’ont abandonnée. Cependant,

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