Delta intérieur Du fleuve niger
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126 Dynamique des populations d’oiseaux d’eau<br />
ments désordonnés se retrouva au Sénégal, sur la<br />
côte atlantique (source: Anglian Water Birdwatching<br />
centre; www.ospreys.org.uk).<br />
Passereaux liés aux zones humides<br />
La vaste plaine inondée du <strong>Delta</strong> semble offrir une<br />
zone humide idéale pour les petits oiseaux migrateurs<br />
appelés ‘passereaux’. Cependant, Curry & Sayer<br />
(1979) ne trouvaient pas d’évidence convaincante<br />
quant à la présence éventuelle de Acrocephalus spec.<br />
exceptée pour Acrocephalus schoenobaenus qui ont été vus<br />
à plusieurs occasions en mars, mais rarement au delà<br />
de ce mois. Par contre Lamarche (1981) décrivait les<br />
espèces Acrocephalus comme assez abondantes et<br />
répandues dans le <strong>Delta</strong>, spécifiquement la<br />
rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus, la<br />
rousserolle africaine Acrocephalus baeticatus et le<br />
phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus.<br />
Bien que nous n’ayons pas accordé d’attention particulière<br />
aux passereaux durant nos recensements<br />
mensuels, nos propres observations comprennent<br />
une centaine de Phragmites des joncs dans le Walado<br />
en période de décrue (mars) perchés sur les nombreuses<br />
nasses de poissons. En plus la rousserolle<br />
turdoïde Acrocephalus arundinaceus a été vue et entendue<br />
en octobre-janvier, le long du bas Diaka (Toguéré-<br />
Koumbé) et du Mayo Dembé en aval de Kofel, dans<br />
les vétiveraies. En mai 2000, lors d’une mission de<br />
baguage des passereaux dans la forêt d’Akkagoun,<br />
nous avons attrapé A. scirpaceus (migrateur paléarctique)<br />
aussi bien que A. baeticatus, cette dernière ne<br />
correspondant pas entièrement aux caractéristiques<br />
de A. baeticatus cinnamomeus, laissant des doutes quant à<br />
l’évaluation de cette sous-espèce.<br />
Deux autres passereaux, la bergeronnette printanière<br />
Motacilla flava ssp. et l’hirondelle de rivage Riparia<br />
riparia, sont des migrateurs et visiteurs nombreux du<br />
DIN. Lamarche (1981) mentionne pour la<br />
Bergeronnette printanière des effectifs de dortoir<br />
allant jusqu’à 40.000 oiseaux dans les lacs du nord<br />
(Horo, Aougoundou, Korarou et Korientzé) en<br />
novembre et avril, étant les périodes initiales et<br />
finales de leur séjour dans le DIN. Un dortoir à Mopti<br />
avait environ 30.000 oiseaux en fin décembre-janvier,<br />
alors que nous n’avons enregistré que 10.000<br />
oiseaux dans la première semaine de décembre<br />
1998. Au Lac Tchad et dans la partie nord du Nigéria<br />
des dortoirs hébergeant des nombres du même ordre<br />
ont été observés (un minimum de 50.000 Lac Tchad,<br />
57.000 Konna; Keith et al. 1992).<br />
L’Hirondelle de rivage a une distribution similaire,<br />
montrant des nombres impressionnants dans les<br />
dortoirs -environ 50.000- de certains lacs du nord<br />
(Faguibine et Horo, Lamarche 1981) en novembre–<br />
décembre. Ces grands effectifs ont alors été observés<br />
pendant la même période que dans les Debos où ils<br />
dorment ensemble avec les Bergeronnette printanières.<br />
L’Hirondelle de rivage semble plus nombreuse<br />
que la Bergeronnette printanière au dortoir-<br />
Debo où nos recensements ont été dispersés jusqu’à<br />
maintenant.<br />
En effet, des effectifs spectaculaires de l’ordre de<br />
centaines de milliers d’oiseaux ont été établis dans la<br />
zone du Debo. Figure 5.16 donne un aperçu provisoire<br />
des résultats de comptage des dortoirs, obtenus<br />
en septembre-décembre 1999-2001. Nous n’avons<br />
pas été en mesure de couvrir la zone entièrement et<br />
les totaux pourraient alors être (beaucoup) plus élevés.<br />
D’autre part, en 1999 nous avons trouvé des<br />
effectifs relativement modestes dans le Walado alors<br />
que de grands nombres ont été recensés sur ce lieu<br />
en novembre 1998. Cela voudrait dire que leurs<br />
principaux dortoirs peuvent se déplacer dans la zone<br />
à cause des raisons encore non comprises. La disponibilité<br />
d’habitat-dortoir dans le complexe Debo<br />
pourrait jouer un rôle puisqu’en 2000 des effectifs<br />
comparativement modestes étaient vus dans le principal<br />
dortoir (bourgou) de 1999, où beaucoup de<br />
végétation avait péri dans la crue rapide. Cependant<br />
la différence en nombre pourrait être aussi expliquée<br />
1000000<br />
100000<br />
10000<br />
1000<br />
100<br />
10<br />
Nombre<br />
1<br />
01-sep 22-sep 13-okt 03-nov 24-nov 15-dec<br />
Impact de la grande sécheresse sur les populations d’oiseaux d’eau 127<br />
Motacilla flava<br />
Riparia riparia<br />
Figure 5.16 Evolution des effectifs-dortoir de<br />
Bergeronnettes printanières Motacilla flava et<br />
d’Hirondelles de rivage Riparia riparia dans le complexe<br />
debo; basé sur des recensements éparpillés en<br />
1999 – 2001.<br />
par les dates de comptage (20 Octobre et 7 Novembre,<br />
cf. figure 5.16).<br />
Les deux espèces se dispersaient dans le <strong>Delta</strong> au<br />
cours du mois de décembre en se concentrant de<br />
plus en plus, jusqu’en mars–avril, dans des ‘habitats<br />
de départ’ appropriés. Pourtant dans les Debos ils<br />
n’ont jamais été vus en nombres pareils à ceux d’octobre–novembre,<br />
alors qu’ils le sont dans les lacs du<br />
nord (environ 50.000, Faguibine, Horo; Lamarche<br />
1981). Au cours d’une mission de terrain en octobre<br />
1999 la Bergeronnette printanière et l’Hirondelle de<br />
rivage s’avéraient quasi-absentes dans la partie sud<br />
du <strong>Delta</strong>. Venant de l’aire paléarctique les deux<br />
espèces semblent donc d’abord occuper le territoire<br />
septentrional du <strong>Delta</strong>, jusqu’au complexe Debo où<br />
leur présence initiale fut constatée le 8 Septembre. Au<br />
retrait des eaux ces passereaux se dispersent - le dortoir<br />
des bergeronnettes à Mopti commence à se remplir<br />
en novembre - en exploitant les zones alimentaires<br />
de décrue d’amont en aval.<br />
Des éclaircissements sur la position exacte de ces<br />
dortoirs et une coordination concertée seraient<br />
impératifs pour ces oiseaux insectivores (consommateurs<br />
de moustiques!) qui pourraient être - non<br />
intentionnellement - victimes des actions massives<br />
d’épandage des pesticides exécutés par le service<br />
gouvernemental de la protection des végétaux contre<br />
les oiseaux granivores (Quelea spec.).<br />
4 impact de la grande<br />
sécheresse sur les populations<br />
d’oiseaux d’eau<br />
introduction<br />
Chapitre 3 relève la relation entre les précipitations et<br />
les débits annuels du <strong>fleuve</strong> Niger, montrant des<br />
grandes variations et par conséquent d’énormes fluctuations<br />
en superficies inondées d’année en année.<br />
Dans le siècle passé des périodes de sécheresse et de<br />
conditions humides se sont succédées. De sévères<br />
sécheresses ont été enregistrées en 1910-1920 et en<br />
1935-1946, et les années 1970-1973 sont souvent<br />
marquées comme le début de la longue période de<br />
sécheresse qui se terminait en 1994 lorsque les crues<br />
s’amélioraient. Les crues de 1983 et 1984 étaient<br />
extrêmement faibles (voir aussi Quensière 1994).<br />
Ces longues périodes de sécheresse, notamment la<br />
dernière, ont eu des effets néfastes sur le <strong>Delta</strong> et ses<br />
populations rurales. Les communautés locales ont dû<br />
faire face aux déficits alimentaires pendant des<br />
années, et durant les années 1980 la plupart des troupeaux<br />
des bergers Peulh n’ont pu survivre dans la<br />
saison sèche et chaude. A plus long terme des<br />
périodes de faibles crues causent un zonage modifié<br />
de la végétation, comme montré en chapitre 3.3.<br />
Egalement pour les populations d’oiseaux d’eau la<br />
grande sécheresse a eu un impact considérable: les<br />
oiseaux montrent une distribution très différente<br />
pendant la sécheresse et à plus long terme la taille des