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Delta intérieur Du fleuve niger

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192 Restauration à base communautaire des forêts inondées<br />

Il est important de jeter un coup d’œil rétrospectif<br />

sur l’évolution de ces sites durant la période du projet<br />

(1985 – 1988) et plus tard, lorsque l’UICN était<br />

impliquée à un degré moindre. L’implication de<br />

l’UICN après 1988 a eu lieu dans le cadre du programme<br />

UICN de l’Afrique de l’Ouest, financé par le<br />

gouvernement néerlandais.<br />

Bouna<br />

Le site de Bouna avec deux forêts inondées (Timisobo<br />

et Képagou) était déjà identifié au début du projet<br />

en 1985 et considéré comme l’exemple le plus prometteur<br />

du fait qu’il y avait apparemment un<br />

consensus entre les groupes de parties prenantes<br />

(stakeholders) dans la désirabilité de la régénération.<br />

Le pâturage à Bouna est régulé par trois Dioros,<br />

aucun d’eux ne vivant près de la forêt. La pêche était<br />

régulée par le maître d’eau de Bouna. Un comité<br />

local de gestion était proposé et basé sur cette forme<br />

traditionnelle. Le comité était composé de représentants<br />

des Dioros, des chevriers venant de l’extérieur,<br />

des pêcheurs, du service des eaux et forêts et des<br />

politiciens locaux.<br />

Vue du nord-ouest de la forêt de Dentaka, juin 1999<br />

Le comité fut établi en fin d’année 1986, et un plan<br />

détaillé dénommé ‘Projet de création de forêt villageoise<br />

à Bouna’ fut présenté au Chef d’arrondissement.<br />

La situation semblait très prometteuse mais la<br />

progression s’arrêtait lorsqu’un nouveau Chef d’arrondissement<br />

qui n’était pas à mesure de suivre le<br />

plan jusqu’en fin février 1987 a été désigné. En ce<br />

moment, le secrétaire du parti politique local a<br />

demandé un protocole d’accord signé entre le chef<br />

d’arrondissement et les représentants de toutes les<br />

trois familles Dioros. Ceci n’a jamais été fait parce<br />

que les trois familles Dioros n’ont jamais été<br />

ensemble au même moment, et avaient entretemps<br />

développé mutuellement des relations troublées<br />

(UICN 1989). Cette situation n’a jamais été résolue.<br />

Dentaka<br />

Le projet UICN a commencé à travailler à Dentaka en<br />

1987. Le manque de communication mutuelle et de<br />

coopération entre les éleveurs et les pêcheurs était<br />

compliqué dans ce cas du fait que la forêt elle-même<br />

se situe dans le cercle de Youvarou et les Dioros<br />

vivent à 15 km à Dialloubé, dans le cercle de Mopti.<br />

En plus, le site était exploité par les chevriers<br />

nomades venant d’autres cercles. Bien que la situation<br />

de Dentaka semblât moins prometteuse qu’à<br />

Bouna à première vue, la recherche du consensus<br />

entre les parties prenantes était relativement facile et<br />

tout le monde montrait clairement l’intérêt de la<br />

restauration de la forêt. Ils ont convenu une interdiction<br />

totale de pâturage durant toute la saison sèche<br />

de l’année 1987.<br />

A la crue suivante, la forêt fut protégée contre les<br />

intrus par les pêcheurs locaux. Au bout d’une année,<br />

la forêt exhiba un degré remarquable de régénération<br />

qui était stimulateur des parties impliquées. Il y<br />

a eu un incident malheureux avec des chevriers<br />

étrangers en 1988 qui à causé temporairement un<br />

recul mais la régénération a continué depuis lors.<br />

Actuellement, la forêt de Dentaka est le meilleur et le<br />

plus spectaculaire exemple de forêt d’Acacia kirkii au<br />

Mali (et dans le monde) abritant de façon possible la<br />

Histoire du succès de Akkagoun et Dentaka 193<br />

Figure 8.1 Régénération d’une forêt inondable. Images-satellite d’Akkagoun dans le Niger situé entre Youvarou<br />

(point noir sur la rive gauche) et Akka (point noir sur la rive droite), le 13 janvier 1985 (gauche) et le 19 mars 2000<br />

(droite). Le niveau d’eau est de 90 cm (échelle d’Akka). En 1985 le site est dénudé (la zone foncée est de la vase<br />

séchant). En 2000 le site est couvert d’une forêt d’environ 170 ha (140 plus ou moins dense et 30 relativement ouverte).<br />

plus grande colonie mixte d’oiseaux d’eau dans toute<br />

l’Afrique de l’Ouest avec grossièrement 80.000 pairs<br />

au moins de 12 espèces de hérons, cormorans,<br />

anhingas, spatules et ibis. Un plan de gestion a été<br />

ébauché (IUCN pers. comm., UICN 2000).<br />

Akkagoun<br />

La forêt d’Akkagoun est située sur une île dans le<br />

<strong>fleuve</strong> Niger exactement entre les villages de Youvarou<br />

sur la rive gauche du <strong>fleuve</strong> et Akka sur la rive droite.<br />

Les droits d’utilisation de la forêt ont été le sujet de<br />

lutte continuelle entre Youvarou et Akka. Selon certains,<br />

les droits de pâturage appartiennent aux Peuls<br />

de Youvarou, tandis que selon d’autres aux Peuls de<br />

Sobe (à côté de Akka). De façon similaire, les droits<br />

de pêche sont entrain d’être contestés entre les<br />

Somonos de Youvarou et les Bozos de Akka. Il y avait<br />

seulement un accord pour l’appartenance à Akka des<br />

sols. En comparant avec Dentaka et Bouna, Akkagoun<br />

semble être un cas plus difficile. Cependant, le grand<br />

avantage était sa proche position en face du bureau<br />

du projet IUCN à Youvarou. A cause de la situation<br />

délicate entre les parties prenantes le projet dans ce<br />

cas a visé un système de gestion basé sur l’administration<br />

locale. Sur la base d’un accord verbal avec le<br />

commandant de cercle de Youvarou, la forêt était<br />

gardée depuis 1985 contre les intrus avec parfois une<br />

interdiction totale de la coupe et le pâturage. La<br />

pêche continuait. En 1986 – 1987, le bourgou fut<br />

planté et l’Acacia kirkii fut semé par les populations<br />

d’Akka.<br />

<strong>Du</strong>rant les trois années du projet (1984 – 1987) la<br />

régénération ayant déjà eu lieu à Akkagoun a été tout<br />

à fait remarquable et dès lors l’augmentation de la<br />

forêt a continué malgré des incidents occasionnels<br />

avec la pénétration illégale des troupeaux. En 1984,<br />

la forêt couvrait seulement 7 ha, mais a progressé à<br />

47 ha en 1991et c.170 ha en 1999 (figure 8.1).<br />

Quant à ses colonies nicheuses, le nombre de nids<br />

augmentait constamment malgré le prélèvement des<br />

oisillons par les populations pendant les années de<br />

mauvaise récolte. La composition des espèces était<br />

presque similaire à celle de la colonie de Dentaka,

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