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Delta intérieur Du fleuve niger

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146 Niveaux de crue, oiseaux d’eau et ressources alimentaires disponibles<br />

que les lâchers d’eau du barrage de Markala peuvent<br />

noyer des étendues substantielles de jeunes pousses/<br />

plantes de Bourgou Echinochloa stagnina, et en conséquence<br />

l’habitat des pourprés. La disparition du<br />

bourgou n’est pas seulement limitatif pour les<br />

herons, mais a un effet néfaste aussi pour le cheptel<br />

des Peul, concentré dans les Debos lors de l’étiage.<br />

Leur bétail dépend fortement de ce fourrage. Dans<br />

des années sèches les animaux tardent souvent à<br />

partir du <strong>Delta</strong>, par manque de pluies, en détériorant<br />

ainsi les conditions de croissance du bourgou par<br />

leur exploitation prolongée. Ici aussi, le bourgou<br />

surexploité risque de périr dans la nouvelle crue.<br />

L’évolution des effectifs lors des grandes crues se<br />

trouve évidemment sur un plan numérique plus<br />

élevé que dans les années sèches. Toutefois, chez le<br />

Héron pourpré on constate une différence entre les<br />

deux bonnes années, contrairement à ce qui se fait<br />

voir chez les cormorans dont les effectifs sont du<br />

même ordre. C’est ici que le Cormoran africain<br />

(espèce afrotropicale) et le Héron pourpré (paléarctique)<br />

se distinguent: le premier semble montrer un<br />

taux de reproduction amélioré (effet direct), le<br />

second - au premier instant - une survie améliorée<br />

dans son quartier d’hiver pouvant mener, à plus long<br />

terme, à une population croissante (effet indirect).<br />

La relation entre les conditions climatiques du Sahel<br />

(pluviométrie, crues des <strong>fleuve</strong>s) et l’évolution des<br />

populations ouest-européennes du Héron pourpré a<br />

été démontrée par Den Held (1981) et Cavé (1983).<br />

Cette relation peut même être plus forte en tenant<br />

compte de la superficie des bourgoutières flottantes<br />

dans le <strong>Delta</strong> (voir aussi van der Kamp et al. 2001) en<br />

général et le complexe Debo en particulier, étant le<br />

lieu clé de rassemblement prémigratoire.<br />

aigrette garzette – figure 6.1<br />

Le graphique visualise une augmentation progressive<br />

des effectifs, jusqu’à des niveaux d’eau très bas.<br />

L’Aigrette garzette pêche dans d’autres habitats que<br />

le Héron pourpré; son niche comprend les berges et<br />

rives dénudés des lacs et cours d’eau, les espaces<br />

d’eau ouverte et peu profonde, et les dernières lames<br />

d’eau (2-5 cm de profondeur) des zones à végétation<br />

aquatique où les poissons ont peu de chances à<br />

échapper. Les évolutions numériques lors des différentes<br />

crues ne sont pas très divergentes, soit que les<br />

écarts sont plus grands en dessous de 200 cm (échelle<br />

Akka). L’effectif de mars 2001 (10.000+ ) contribue<br />

notamment à cette divergence et semble assez<br />

exceptonnel: ce grand effectif est similaire au total<br />

du DIN établi lors des comptages aériens de l’ONCFS<br />

en janvier (Girard & Thal 2001).<br />

Chevalier arlequin – figure 6.1<br />

Comme indiqué au chapitre 5.3, de grands nombres<br />

de Chevaliers arlequins se regroupent au cours de la<br />

décrue dans le complexe Debo. Les arlequins peuvent<br />

s’associer à d’autres espèces, en offrant parfois des<br />

scènes spectaculaires de quelques milliers d’Aigrettes<br />

garzettes, Echasses blanches et Chevaliers arlequins<br />

pêchant ensembles; par contre, au reposoir l’espèce<br />

s’associe souvent aux Barges à queue noire (benthivores<br />

au Debo). La relation avec la hauteur d’eau<br />

montre clairement un effectif élevé à un niveau d’eau<br />

au dessous de 200 cm (Akka), tandis que l’espèce est<br />

absente aux hautes eaux. L’effectif pic, en groupes<br />

ramassés, peut dépasser 2.000 oiseaux dans<br />

l’intervalle 175 à 75 cm.<br />

Guifette moustac et Guifette leucoptère – figure 6.1<br />

Dans les recensements se présente souvent un nombre<br />

substantiel de guifettes non-identifiées, raison<br />

pour laquelle les deux espèces de guifettes ont été<br />

prises ensembles dans la figure présentée. Leur technique<br />

de pêche semble être légèrement différente<br />

(Cramp & Simmons 1983) sans être très apparente<br />

dans le complexe Debo. Leur technique de pêche au<br />

vol, sans avoir besoin de hauts-fonds exondés en tant<br />

que reposoirs, leur permet d’être présentes lors de<br />

l’inondation totale du complexe Debo. Les écarts<br />

numériques sont grands sur toute la décrue,<br />

l’évolution des effectifs ayant néanmoins une tendance<br />

positive vers les niveaux d’eau les plus bas.<br />

L’effectif croissant vers la fin de décrue peut être dû<br />

à leur visibilité améliorée - reposoirs sur hauts-fonds<br />

sans ou avec pelouse initiale - et/ou à un influx<br />

d’oiseaux migrateurs provenant des zones en amont<br />

du <strong>Delta</strong> (cf. Lamarche 1981). L’ensemble des espèces<br />

est toujours présent par milliers, les écarts étant<br />

expliqués par leur disparition régulière dans la<br />

végétation émergeante lors des périodes de repos/<br />

digestion, ou de couvaison (moustacs). Une moindre<br />

présence dans les années de sécheresse n’est pas évidente.<br />

sterne caspienne – figure 6.1<br />

Un pêcheur paléarctique qui dépend fortement de la<br />

présence et de la disponibilité des bancs de sable et<br />

autres hauts-fonds emergés où l’espèce peut se cantonner<br />

outre ses activités de pêche. Présence et disponibilité<br />

sont mentionnées séparément puisque dès<br />

l’apparition des hauts-fonds les premiers campements<br />

de pêche y sont installés en laissant, au premier<br />

instant, peu d’espace aux caspiennes. Cependant<br />

les oiseaux ne tardent pas à venir: moins de deux<br />

semaines plus tard, juste en dessous de 300 cm sur<br />

l’échelle de Akka, la quasi-totalité est déjà présente en<br />

restant sur place jusqu’à leur départ vers les zones de<br />

reproduction (voir chapitre 5.3).<br />

L’image présentée se distingue de celle du Héron<br />

pourpré, un autre pêcheur paléarctique, par la stabilisation<br />

de l’effectif total, peu après son apparition à<br />

une niveau d’eau d’environ 250 cm à Akka. La stabilisation<br />

de leur effectief suggère que pratiquement<br />

tous les oiseaux du <strong>Delta</strong> y sont actuellement présents.<br />

Les caspiennes n’ont pratiquement pas été<br />

observées dans les lacs périphériques au nord des<br />

Debos, lors des comptages aériens en mars 1999 et<br />

2001 (van der Kamp et al. 2001).<br />

Le total de la Sterne caspienne a atteint presque 3.200<br />

oiseaux en 2000, étant un renforcement sensible de<br />

l’effectif après la deuxième grande crue, qui a mené<br />

probablement à une survie améliorée (conditions<br />

alimentaires améliorées lors de cette bonne crue,<br />

moins d’oiseaux attrapés). En 2001 le maximum a<br />

Impact de la crue: les niveaux d’eau et la présence d’oiseaux d’eau en Debo 147<br />

été de 3.334 oiseaux rendant l’accroissement signalé<br />

en 2000 plus consistent. L’effet de la première grande<br />

crue (1994) n’a pu être établi directement, par<br />

manque d’observations. La seule occasion dans les<br />

années 1995-97, début mars 1996, fut affectée par<br />

une période de poussière (visibilité restreinte) en<br />

donnant un résultat douteux. Ledit effet se déduit<br />

néanmoins en prenant les moyennes des effectifsmaximum<br />

avant et après la première bonne crue:<br />

2.552 en 1992/1994 et 2.734 en 1998-1999.<br />

echasse blanche – figure 6.2<br />

Dans les périodes où le niveau d’eau leur permet de<br />

venir dans la zone d’étude, à partir d’une cote de<br />

décrue d’environ 330 cm, les Echasses blanches<br />

montrent une évolution progressive des effectifs, en<br />

étant donné que lors des deux grandes crues nous<br />

n’avons pu les suivre que jusqu’au démarrage de<br />

cette évolution, en mars. C’est dans ce mois-ci que<br />

leur migration transsaharienne a lieu et, par conséquent,<br />

le complexe Debo n’a pas d’intérêt pour les<br />

échasses - et d’autres limicoles ayant la même période<br />

de départ - lors des crues performantes, puisque<br />

la possibilité d’y exploiter les ressources alimentaires<br />

vient trop tard. A noter également - peut-être - que<br />

les oiseaux semblent ‘hésiter’ à venir lors des crues<br />

performantes en comparant les évolutions numériques<br />

initiales des grandes et des faibles crues.<br />

En fin de décrue l’effectif total peut dépasser 5.000<br />

oiseaux, comme établi en début 1994. Leur aire de<br />

répartition doit avoir été restreinte à cet époque<br />

(même pour l’Echasse blanche figurant parmi les<br />

espèces largement répandues dans le DIN), en fin<br />

d’une série d’années de très faibles crues (chapitre<br />

3). L’Echasse semble continuer à agrandir son effectif<br />

jusqu’à son départ en migration, contrairement à ce<br />

que l’on constate chez les deux espèces suivantes.<br />

Cela pourrait s’expliquer par le régime alimentaire<br />

de l’espèce: l’échasse pêche aussi et cela lui permettrait<br />

de maintenir sa croissance numérique là où le<br />

stock en mollusques s’épuise en fin de décrue.

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