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Delta intérieur Du fleuve niger

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32 Brève description du <strong>Delta</strong><br />

Actuellement au Mali avec l’avènement de la décentralisation<br />

des années 1990, les collectivités territoriales<br />

décentralisées peuvent disposer de leur domaine.<br />

Elles sont responsables de leur gestion, aménagement,<br />

conservation et de la sauvegarde de leur équilibre<br />

écologique. Aussi les nouveaux textes forestiers<br />

et les textes institutionnels et juridiques au Mali,<br />

donnent l’ouverture pour une mobilisation des<br />

populations dans la gestion des ressources naturelles<br />

de leur commune et l’établissement de conventions<br />

locales pour l’utilisation rationnelle de ces ressources.<br />

Les communautés locales, groupes ethniques<br />

et l’utilisation des terres.<br />

Le <strong>Delta</strong> Intérieur du Niger, commun aux régions de<br />

Ségou, Mopti et Tombouctou, était peuplé d’environ<br />

800.000 habitants en 1990 (Quensière 1994). Étant<br />

donné que la population a augmenté considérablement,<br />

celle-ci doit approcher le million d’habitants.<br />

Les principales activités, telles que l’agriculture,<br />

l’élevage, la pêche, la cueillette et l’artisanat, sont<br />

pratiquées par différents groupes ethniques. L’élevage<br />

est pratiqué par les pasteurs transhumants composés<br />

de Peul, Tamasheq et Maures. Les agro-pastoralistes<br />

(Peuls, Rhimaïbés et Bellas) pratiquent à la fois des<br />

activités agricoles et d’élevage. Les Bozos, Somonos<br />

et Sorkos sont des agro-pêcheurs et les pêcheurs<br />

transhumants sont essentiellement composés de<br />

Bozos. Cette spécialisation dans les activités demeure<br />

encore, bien qu’elle ait été fortement ébranlée au fil<br />

des années. Cet ébranlement est dû:<br />

• aux longues années de sécheresses avec ses collolaires<br />

de faibles crues et pluviométrie;<br />

• à la paupérisation des différentes couches socioprofessionnelles<br />

ayant conduit certaines à se<br />

reconvertir dans d’autres activités;<br />

• à la diminution des pouvoirs des gestionnaires des<br />

ressources naturelles dû aux chevauchements entre<br />

les lois étatiques et coutumières.<br />

Depuis le temps de la Dina jusqu’à maintenant les<br />

Peuls (Dioro) restent les gestionnaires des immenses<br />

pâturages d’Echinochloa stagnina (‘bourgoutières’) bien<br />

que leur pouvoir ait été affaibli par les querelles entre<br />

les différents clans. Le Dioro est l’administrateur de<br />

l’exploitation des pâturages de bourgou et reçoit une<br />

redevance payée par les propriétaires des troupeaux<br />

étrangers des Tamasheq, des Peuls et des Maures<br />

autorisés à paître. L’accès aux différents pâturages de<br />

bourgou (novembre-mars) se fait par des séries de<br />

traversées par le bétail dont les dates sont fixées par<br />

la Conférence Régionale des bourgoutières de Mopti,<br />

regroupant toutes les parties prenantes.<br />

Les dures années de sécheresse, les faibles crues,<br />

l’augmentation des effectifs du cheptel et de la<br />

population humaine ont fortement dégradés ou fait<br />

disparaître la presque totalité des pâturages. C’est<br />

pourquoi il n’est pas rare de voir aujourd’hui les<br />

populations locales s’adonner à des actions de régénération<br />

de ces pâturages (plantation de Bourgou).<br />

Les Bozos et les Somonos sont des agro-pêcheurs. Les<br />

Bozos, considérés comme des autochtones sont les<br />

plus nombreux. C’est dans cette lignage d’autochtones<br />

que les gestionnaires des pêcheries (les maîtres des<br />

eaux) sont choisis. En plus de la pêche dans les mares,<br />

lacs et <strong>fleuve</strong>s ces deux ethnies - Bozos et Somonos<br />

- cultivent le riz flottant et s’adonnent à la cueillette<br />

du riz sauvage, des graines de bourgou, des nénuphars<br />

et des fourrages de bourgou. Les Bozos gèrent<br />

les zones de pêche fréquentées par les pêcheurs<br />

sédentaires et transhumants.<br />

Les pêcheurs transhumants sont en majorité de<br />

l’ethnie Bozo et viennent de l’amont du DIN: Ségou,<br />

Djenné et Macina. Ils s’installent dans de grands<br />

campements sur les <strong>fleuve</strong>s Diaka, Bani et Niger et<br />

aux abords des lacs Debo et Walado. Ils participent<br />

aux côtés des pêcheurs sédentaires aux pêches collectives.<br />

En général les pêcheurs transhumants payent<br />

des redevances au maîtres des eaux en nature (huile<br />

de poissons) ou en argent. Une fois que la saison des<br />

pluies s’installe dans le DIN les transhumants regagnent<br />

leurs villages.<br />

Les années de sécheresse consécutives, les faibles<br />

crues, l’accroissement du nombre des pêcheurs et la<br />

surpêche ont fortement bouleversés la vie des<br />

pêcheurs (pour plus d’information se référer à<br />

Quensière 1994, Laë 1995). Toutes ces calamités<br />

naturelles ont conduit à des pratiques de pêche prohibées<br />

(filet à petite maille et barrages de pêche).<br />

Selon les pêcheurs, les quantités de poissons pêchées<br />

sont très inférieurs à celles d’antan et les poissons<br />

capturés sont plus petits. D’autres se plaignent de la<br />

disparition de certaines espèces dans leur prise ou de<br />

la rareté à haute valeur monétaire de certaines. Cette<br />

situation a conduit beaucoup de pêcheurs à se rabattre<br />

sur des activités secondaires comme la capture des<br />

oiseaux d’eau.<br />

Les ethnies qui pratiquent l’agriculture sont les<br />

Rhimaïbés et Bellas (anciens esclaves des Peul), les<br />

Bambara, Dogon, Marka et Sonrai. Dans les plaines<br />

inondées elles cultivent le riz flottant: Oryza glaberrima<br />

entre juin et décembre. Sur les terres environnantes<br />

du DIN, le mil et sorgho sont cultivés entre juin et<br />

octobre. Pendant les décrues dans les lacs périphériques,<br />

grandes mares et cours d’eau, elles développent<br />

des cultures de décrues comme le sorgho, et le<br />

maraîchage.<br />

L’utilisation des terres rurales et communautés locales 33<br />

Les années de sécheresse et les faibles crues ont<br />

poussé ces agriculteurs à défricher les zones de pâturages<br />

et débroussailler les quelques forêts inondées<br />

qui existaient pour faire de la riziculture.<br />

Malheureusement ces terres se sont révélées inaptes à<br />

la riziculture. La gestion de la majorité de ces terres<br />

agricoles relève de la compétence du chef de village<br />

et de ses conseillers.<br />

Les activités de cueillette (récolte de bourgou, graines,<br />

nénuphars, bois) sont pratiquées par toutes les<br />

ethnies tandis que l’artisanat (poterie et vannerie) est<br />

pratiqué par les personnes de castes (forgerons et<br />

cordonniers). Ces activités procurent des revenus<br />

importants à ces groupes ethniques (tourisme). La<br />

spécialisation des ethnies dans des activités a été mise<br />

à rude épreuve par les calamités naturelles et les<br />

mutations socio-économiques. Cependant des lueurs<br />

d’espoir se profilent avec la reprise des bonnes crues<br />

depuis 1994 et la mise en route de décentralisation<br />

qui responsabilise les communautés locales pour la<br />

gestion des ressources naturelles de leur terroir (voir<br />

aussi chapitre 8).

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