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Delta intérieur Du fleuve niger

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46 Eco-hydrologie du <strong>Delta</strong><br />

1 La pente et la crue<br />

La pente<br />

Les précipitations jouent un rôle déterminant dans la<br />

crue du <strong>Delta</strong> Intérieur du Niger (DIN). Témoin, la<br />

figure 2.3 montre que la pluviométrie s’étend sur<br />

quelques mois et atteint sa pointe en août. Les pentes<br />

du Niger et du Bani sont faibles, si bien que la crue<br />

du DIN à partir de ces deux <strong>fleuve</strong>s et de leurs bassins<br />

est d’une longue durée. La vitesse à laquelle l’eau<br />

s’écoule peut être décrite en détail puisque les<br />

niveaux d’eau et les débits sont relevés une ou deux<br />

fois par jour à diverses stations hydrologiques le long<br />

des <strong>fleuve</strong>s depuis une longue série d’années.<br />

La baisse d’altitude du Niger entre Banankoro et<br />

Koulikoro atteint 40 mètres sur une distance de 200<br />

km ce qui équivaut à une pente hydrologique de 20<br />

cm/km. Avec une telle pente, la vitesse d’écoulement<br />

est bonne. De Koulikoro à Ké-Macina (l’entrée du<br />

<strong>Delta</strong>), la pente est seulement 20 m sur une distance<br />

de 500 km donnant une pente de 4 cm/km. Ainsi, la<br />

pente hydrologique en aval de Koulikoro est seulement<br />

de 20% par rapport à celle en amont. Cependant,<br />

cette faible pente est suffisante pour permettre<br />

l’écoulement de l’eau de Koulikoro à Ké-Macina en<br />

quelques jours. Dans le <strong>Delta</strong>, la pente est encore plus<br />

faible qu’entre Koulikoro et le DIN. Entre Ké-Macina<br />

et Diré, la pente est inférieure à 15 m sur une distance<br />

de 450 km, donc environ 3 cm/km.<br />

La faiblesse de la pente à l’<strong>intérieur</strong> du <strong>Delta</strong> a des<br />

effets évidents sur la vitesse à laquelle l’eau passe à<br />

travers la zone. Un système pour décrire l’écoulement<br />

de l’eau est de comparer sur plusieurs sites la date à<br />

laquelle la hauteur d’eau atteint son maximum. La<br />

figure 3.1 montre qu’il y a un retard de la date de la<br />

crue maximale à Akka par rapport à Mopti. Cette différence<br />

dans le temps varie d’une année à une autre.<br />

Mopti<br />

20-12<br />

10-12<br />

30-11<br />

20-11<br />

10-11<br />

31-10<br />

R 2 = 0,8172<br />

21-10<br />

26-9 6-10 16-10 26-10 5-11 15-11 25-11<br />

Figure 3.1 Comparaison des dates auxquelles la crue a<br />

atteint son niveau maximum à Mopti et à akka durant<br />

la même année.<br />

Diré<br />

19-1<br />

9-1<br />

30-12<br />

20-12<br />

10-12<br />

30-11<br />

20-11<br />

10-11<br />

31-10<br />

date de crue maximal à Mopti<br />

R 2 = 0,8119<br />

21-10<br />

21-10 31-10 10-11 20-11 30-11 10-12 20-12<br />

date de crue maximal à Akka<br />

Figure 3.2 Comparaison des dates auxquelles la crue a<br />

atteint son niveau maximum à akka et à diré durant la<br />

même année.<br />

Quand la cote maximale est précoce à Mopti (début<br />

octobre), elle est en retard de 25 jours à Akka. Ce<br />

retard croît à 29 jours quand le maximum à Mopti<br />

est tardive et se note vers la mi-novembre. A partir<br />

d’Akka et en aval, il faut 10 autres jours à la crue pour<br />

atteindre Diré lorsqu’elle est faible (figure 3.2) et 20<br />

jours dans le cas d’une crue tardive. Pour résumer,<br />

quand la crue est précoce, c’est à dire dès octobre à<br />

Mopti, il faut cinq semaines pour l’eau du <strong>fleuve</strong><br />

Niger pour couvrir tout le <strong>Delta</strong> atteignant Diré dès<br />

le début de novembre. Quand la crue est tardive (mi-<br />

20-12<br />

10-12<br />

30-11<br />

20-11<br />

10-11<br />

31-10<br />

R 2 = 0,8017<br />

21-10<br />

300 350 400 450 500 550 600 650<br />

niveau de l'eau à la crue maximal (cm, Akka)<br />

Figure 3.3 dates auxquelles la crue a atteint son<br />

niveau maximum à akka en fonction du niveau maximum<br />

de l’eau de la même année; données de 1956 à<br />

2001. Le niveau de 0 cm à akka correspond à 258.38m<br />

IGN.<br />

novembre à Mopti) il faut sept semaines avant que la<br />

crue n’atteigne Diré (mi-janvier).<br />

La chronologie de la crue est fortement liée à la hauteur<br />

de l’eau. La crue à Akka a varié pendant ces 45<br />

dernières années entre 325 et 625 cm et la date à<br />

laquelle la crue a atteint son niveau maximal a varié<br />

entre octobre et décembre. Lorsque la date et la hauteur<br />

de la crue sont projetées l’une sur l’autre (figure<br />

3.3), il est évident qu’ une relation linéaire existe:<br />

quand les années sont comparées, la crue est supérieure<br />

à 0.188 cm pour chaque jour où elle reste tardive.<br />

Variation saisonnière du niveau d’eau<br />

Pour comprendre les relations montrées sur les figures<br />

3.1-3.3, il est nécessaire d’analyser la variation<br />

saisonnière du niveau d’eau. La figure 3.4 montre la<br />

variation du niveau de l’eau à Mopti au cours de<br />

l’année depuis 1922. La figure 3.5 donne cette même<br />

variation à Akka depuis 1956. La hauteur de l’eau et<br />

la date de la cote maximale sont projetées l’une sur<br />

l’autre, commençant à partir du 1 er mai conformément<br />

à l’année hydrologique au Mali qui va de mai à<br />

15-5<br />

30-4<br />

15-4<br />

31-3<br />

16-3<br />

1-3<br />

15-2<br />

31-1<br />

16-1<br />

La pente et la crue 47<br />

avril de l’année suivante. La formule adoptée est la<br />

même à Mopti et Akka. La hauteur d’eau est toujours<br />

basse en mai – juin après quoi on observe une augmentation<br />

graduelle. A ce stade de la crue, il n’y a pas<br />

assez de variation. En d’autres mots, la vitesse à<br />

laquelle le niveau croît n’est pas très différente à travers<br />

les années en étant indépendante du maximum<br />

atteint. A cause de ce manque de variation, il est à<br />

peine possible de prédire déjà en juillet ou août à<br />

quel niveau d’augmentation sera l’eau quelques mois<br />

après. La principale différence entre les années de<br />

bonne et de mauvaise crue, est la durée du temps<br />

pendant lequel l’eau augmente. Dans les années de<br />

bonne crue, l’eau monte pendant une longue période<br />

retardant toujours ainsi la cote maximale (figure<br />

3.3). A cause de la grande variation temporelle de ce<br />

maximum, il y a aussi une large variation dans la<br />

chronologie de la décrue. Dans les années de faible<br />

crue, les zones d’inondation deviennent sèches dès<br />

début janvier, mais quand la crue est bonne, cela peut<br />

prendre 5 mois de plus (figure 3.6).<br />

R 2 = 0,9342<br />

1-1<br />

300 350 400 450 500 550 600 650<br />

niveau de l'eau à la crue maximal (cm, Akka)<br />

Figure 3.6 date à laquelle le niveau d’eau a baissé de<br />

100 cm à akka en fonction du niveau maximum de<br />

l’eau à akka quelques mois avant.<br />

La variation de la crue a beaucoup d’effets sur le<br />

système écologique. Tout d’abord, la variation de la<br />

hauteur de crue a des effets directs sur la profondeur

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