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L'intégration des immigrés et de leurs enfants sur le marché du ...

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II. LE CADRE D’INTÉGRATION<br />

19<br />

DELSA/ELSA/WD/SEM(2012)2<br />

L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> migrations à <strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong>de</strong> la Suisse <strong>et</strong> <strong>le</strong>s principaux groupes <strong>de</strong> migrants<br />

23. Peu après la Secon<strong>de</strong> guerre mondia<strong>le</strong>, la Suisse a connu un fort développement économique qui<br />

s’est tra<strong>du</strong>it par <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins accrus en main-d’œuvre. Le stock <strong>de</strong> capitaux <strong>du</strong> pays était resté quasiment<br />

intact, <strong>et</strong> <strong>le</strong> manque <strong>de</strong> bras s’est fait sentir plus tôt que dans <strong>le</strong>s autres pays européens.<br />

24. En 1948, la Suisse fut l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers pays d’Europe à recruter activement <strong><strong>de</strong>s</strong> travail<strong><strong>le</strong>urs</strong><br />

étrangers par <strong>le</strong> biais d’un traité avec l’Italie. A me<strong>sur</strong>e que s’intensifiait la course aux « travail<strong><strong>le</strong>urs</strong><br />

invités » avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pays comme l’Al<strong>le</strong>magne, la Suisse a dû revoir ce traité, en 1964, <strong>et</strong> accor<strong>de</strong>r davantage<br />

<strong>de</strong> droits aux Italiens qui vivaient <strong>sur</strong> son territoire (par exemp<strong>le</strong>, en assouplissant <strong>le</strong>s dispositions relatives<br />

au statut <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nt permanent <strong>et</strong> au regroupement familial).<br />

25. Contrairement à d’autres pays d’Europe occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>, il n’existait pas, en Suisse, d’organismes<br />

publics chargés <strong>du</strong> recrutement <strong>de</strong> travail<strong><strong>le</strong>urs</strong> étrangers, <strong>le</strong>quel était organisé par <strong>le</strong>s employeurs euxmêmes<br />

(voir Körner, 1990). Aujourd’hui encore, <strong>le</strong>s partenaires sociaux (associations d’employeurs <strong>et</strong><br />

syndicats) conservent, dans plusieurs secteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> agences <strong>de</strong> recrutement <strong>et</strong> <strong>de</strong> formation à l’étranger. La<br />

Suisse ayant d’abord considéré, comme d’autres pays, que ses besoins en main-d’œuvre <strong>et</strong> l’immigration<br />

qui en découlait seraient temporaires, <strong>de</strong> nombreux travail<strong><strong>le</strong>urs</strong> <strong>immigrés</strong> se sont installés <strong>sur</strong> son territoire<br />

sans trop <strong>de</strong> restrictions. Toutefois, <strong>le</strong> développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce vivier <strong>de</strong> main-d’œuvre s’est heurté à<br />

une hostilité croissante envers <strong>le</strong>s migrants. En 1963, la Suisse a entrepris d’instaurer progressivement un<br />

système <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’immigration <strong>de</strong> travail, <strong>et</strong> a ainsi plafonné <strong>le</strong> nombre d’étrangers par<br />

établissement.<br />

26. En 1970, déjà, la proportion d’étrangers en Suisse était supérieure à 16 % <strong>de</strong> la population, ce qui<br />

plaçait <strong>le</strong> pays, avec <strong>le</strong> Luxembourg, en tête <strong><strong>de</strong>s</strong> pays européens. 7 Les trois quarts environ <strong>de</strong> la population<br />

étrangère provenaient alors <strong><strong>de</strong>s</strong> pays voisins. Les Italiens étaient <strong>de</strong> loin <strong>le</strong>s plus nombreux (plus <strong>de</strong> la<br />

moitié <strong>de</strong> la population étrangère, voir <strong>le</strong> graphique 6), suivis par <strong>le</strong>s Espagnols (11 %), <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands<br />

(11 %), <strong>le</strong>s Français (5 %) <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Autrichiens (4 %).<br />

27. La même année, <strong>le</strong> gouvernement suisse a fixé une limite supérieure globa<strong>le</strong> au nombre<br />

d’immigrants autorisés à entrer dans <strong>le</strong> pays. 8 La Suisse <strong>de</strong>venait ainsi l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers pays d’Europe<br />

occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong> à restreindre l’immigration <strong>de</strong> travail. C’est en partie grâce à c<strong>et</strong>te réaction précoce qu’el<strong>le</strong> a pu<br />

maintenir <strong>le</strong> cadre initial en la matière, y compris après <strong>le</strong> premier choc pétrolier, <strong>et</strong> éviter, contrairement à<br />

d’autres pays <strong>de</strong> l’OCDE comme l’Autriche, la France <strong>et</strong> l’Al<strong>le</strong>magne voisines, <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre un coup d’arrêt<br />

général au recrutement <strong>de</strong> la main-d’œuvre étrangère.<br />

28. Lors <strong>du</strong> premier choc pétrolier, la Suisse n’avait pas instauré l’as<strong>sur</strong>ance-chômage obligatoire, ce<br />

qui poussa <strong>de</strong> nombreux étrangers dépourvus <strong>de</strong> protection socia<strong>le</strong> à quitter <strong>le</strong> pays. Les travail<strong><strong>le</strong>urs</strong><br />

étrangers ont ainsi joué un rô<strong>le</strong> d’« amortisseur » <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>marché</strong> <strong>du</strong> travail malgré une ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> 8 % <strong>de</strong><br />

la population active tota<strong>le</strong> – soit la baisse la plus forte au sein <strong>de</strong> l’OCDE – <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> chômage n’a jamais<br />

atteint 1 % (voir Sheldon, 2001).<br />

7 On ne dispose <strong>de</strong> données concernant la population née à l’étranger que pour <strong>le</strong>s années récentes. Pour l’essentiel <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> d’après-guerre, toutefois, <strong>le</strong>s données relatives aux personnes étrangères <strong>et</strong> nées à l’étranger se recoupent<br />

largement.<br />

8 C<strong>et</strong>te me<strong>sur</strong>e a été prise en réponse à une initiative populaire (“Schwarzenbach”) <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à limiter à 10 % la proportion<br />

d’étrangers par rapport à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la population. À l’issue d’une campagne intense, puis d’un vote marqué par l’un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plus forts taux <strong>de</strong> participation <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong> pays <strong>et</strong> par un résultat relativement serré, la population suisse a rej<strong>et</strong>é<br />

c<strong>et</strong>te initiative par 54 % <strong><strong>de</strong>s</strong> voix contre 46 %. Cinq autres initiatives visant à limiter la proportion d’étrangers dans la<br />

population ont, <strong>de</strong>puis, fait l’obj<strong>et</strong> d’un scrutin ; toutes ont été repoussées, la <strong>de</strong>rnière en 2000.

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