Cosumar L'entreprise du mois - FOOD MAGAZINE

FoCUS
Santé et sécurité au travail
Les unités industrielles
peuvent mieux faire
Dans le domaine industriel le risque zéro n’existe pas. Ceci tous les spécialistes le
confirment. L’acte de produire n’est généralement jamais exempt de risque. Mais parfois
des défaillances imprévisibles peuvent avoir des conséquences fâcheuses, et les
industriels le savent très bien. Le tout est de savoir minimiser le risque et en contenir les
retombées négatives.
Abdelaziz MEFTAH
Et l’inévitable se produisit ! Au
cours d’une anodine opération
de maintenance d’un réservoir
de fuel contenant 6 tonnes de
carburant au sein de l’unité Extralait à
Kénitra, une impressionnante explosion
s’est produite. Les débris du conteneur
se sont dispersés sur un rayon de 30
mètres fauchant au passage la vie de
trois personnes et en blessant deux
autres grièvement. Cet accident, qui
intéresse plus spécifiquement le secteur
agroalimentaire, mais aussi ceux qui se
sont produits à Lissassfa et Aïn Sebaâ,
deux quartiers industriels casablancais,
ont remis sur le tapis et avec acuité la
question de la sécurité dans les unités
industrielles.
Le caractère répétitif de ces événements
dans un laps de temps très court
a provoqué une véritable levée de
bouclier, que ce soit du côté des
pouvoirs publics que de la société civile.
Les pouvoirs publics ont commencé
à plancher sur un nouveau texte en
la matière. Le Ministre de l’Emploi
et de la formation professionnelle,
FOOD MAGAZINE - N° 11 / Du 15 Mai au 15 Juin 2009 28
prenant les devants, a même publié un
arrêté fixant les mesures d’application
générales et particulières relatives
aux principes énoncés par les articles
du code de travail traitant les aspects
de santé et sécurité de travail. La
machine médiatique est en branle et la
société civile a suivi le mouvement en
accentuant les pressions.
Il convient tout de même de remettre
les choses dans leur contexte. Il est
clair que le fait de produire génère
inévitablement des risques, et « il serait
utopique de croire que la sécurité
absolue existe et encore moins le risque
zéro », indique un spécialiste en la
matière.
Ceci dit, il faut noter aussi que les
accidents de l’envergure de ceux de
Kénitra ou Casablanca sont très rares.
Cela prouve, si besoin est, que les
industriels sont très à cheval par rapport
aux normes sécuritaires. Chose que
confirment les investigations que nous
menons au sein même de ces structures
dans le cadre de la rédaction de nos
articles.
Vulnérabilité
Cependant, il ne faut pas occulter
certaines réalités. Le risque existe bel
et bien et ce ne sont pas seulement les
structures qui opèrent au niveau des
circuits parallèles, ni même les PME
qui en sont les principaux fiefs. Des
manquements sont aussi enregistrés au
niveau des entreprises structurées, dont
les équipements désuets et non adaptés
les rendent vulnérables.
De plus, les dispositions légales relatives
à la sécurité et l’hygiène ne sont pas
appliquées par de nombreuses unités.
Le code du travail en vigueur a certes
introduit des nouveautés sur le plan de
la sécurité, mais les résultats n’ont pas
suivi.
A titre d’exemple, et depuis 2004,
les entreprises employant plus de 50
salariés sont tenues de créer des CSH
(Conseils de sécurité et d’hygiène). Les
statistiques montrent, malheureusement,
que très peu de structures ont mis cette
règle en application. Ainsi, seuls 6%
des entreprises à Tanger disposent d’un
CSH. Le même constat a été relevé
dans la capitale économique où seules
7% des unités concernées à Casa-Anfa
ont mis en place des CSH, alors que ce
pourcentage n’est que de 6% à Casa-Ain
Sebâa pour ne citer que ces localités
d’intense activité industrielle.
Pour ce qui est de la sécurité
du personnel dans le secteur
agroalimentaire spécifiquement,
largement utilisateur de main-d’œuvre,
la réputation n’est pas très reluisante.
La manipulation d’outils tranchants
et les glissades sont parmi les causes
d’accidents les plus fréquentes.
Certaines filières sont plus exposées
que d’autres. Il s’agit entre autres de
l’industrie des produits carnés et de la
boulangerie.
Une seule alternative pour limiter ces
risques. Il est impératif que l’entreprise
puisse mettre en œuvre une politique
de prévention et de protection lui
permettant d’assurer sa pérennité.