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Cosumar L'entreprise du mois - FOOD MAGAZINE

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Respectez notre cuisine c’est<br />

notre patrimoine<br />

2 ème partie<br />

La cuisine comme la langue, la culture, la religion, l’histoire, le mode de vie, fait partie de tout ce qui nous<br />

attache à notre pays ; c’est un bien qui fait partie <strong>du</strong> patrimoine dont nous avons hérité de nos ascendants,<br />

pour l’accroître, pour lui conserver les traits de civilisation qui lui sont propres et non pour le dilapider.<br />

Les cuisiniers <strong>du</strong> Maroc,<br />

même ceux étrangers, sont<br />

conscients que si on laissait<br />

l’imagination s’étendre, que<br />

si l’on voulait chercher les composantes<br />

et tendre vers une harmonie<br />

des textures et des goûts, on peut<br />

avec les bases de notre cuisine traditionnelle,<br />

développer les préparations<br />

les plus sophistiquées.<br />

Aujourd’hui, à la différence des<br />

cuisiniers d’hier, une nouvelle<br />

génération s’affirme, plus ouverte à<br />

la diversité des styles ; elle se trouve<br />

une compétence plus marquée pour<br />

la cuisine internationale, non plus<br />

française, ou italienne ou exotique,<br />

mais une internationalisation qui lui<br />

permet de s’identifier à sa propre<br />

culture, de penser aussi national,<br />

et de prendre conscience que nous<br />

avons des usages de table qui peuvent<br />

être mis en relief et d’affirmer<br />

qu’il est temps d’imprégner le paysage<br />

culinaire de l’art <strong>du</strong> pays.<br />

En effet, aujourd’hui qu’il est mûr et<br />

accompli, le cuisinier marocain doit<br />

retourner aux sources, puiser dans<br />

<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 11 / Du 15 Mai au 15 Juin 2009 62<br />

62<br />

son héritage et baser sa nouvelle cuisine<br />

sur un système de référence qui nous est<br />

propre et qui répond aux exigences de la<br />

restauration actuelle.<br />

C’est pourquoi les chefs de cuisine, qui<br />

tracent aujourd’hui la voie culinaire à<br />

suivre, doivent être déterminés dans<br />

leurs choix et leurs attitudes et pleinement<br />

conscients de leur responsabilité<br />

vis-à-vis des générations futures.<br />

M. K. BENNANI<br />

Président délégué de l’Association<br />

marocaine de la gastronomie<br />

En valorisant et en développant leur<br />

propre cuisine, c’est leur nationalisme<br />

et leur identité qu’ils matérialisent, c’est<br />

devenir des défenseurs infatigables et<br />

jaloux de leur patrimoine, mais c’est<br />

aussi sortir <strong>du</strong> stade passif de l’ouvrier<br />

dans ses fourneaux à celui de la réflexion<br />

et de l’action.<br />

Les associations de gastronomes, celles<br />

des cuisiniers et des restaurateurs peuvent<br />

réunir toutes les bonnes volontés<br />

dans le cadre d’une action commune et<br />

solidaire, pour définir la voie à suivre<br />

et réunir les moyens à utiliser pour que<br />

notre cuisine recouvre sa légitimité et<br />

son rayonnement.<br />

C’est dans ce cadre associatif que les<br />

Marocains soucieux <strong>du</strong> véritable développement<br />

de la gastronomie et de<br />

l’art culinaire, trouveront une vraie<br />

plateforme, pour s’épanouir ; pour<br />

lier les idées aux actions, pour<br />

contrer les agissements de certains<br />

hôtes indélicats <strong>du</strong> Maroc,<br />

cuisiniers et pâtissiers aigris, pour<br />

avoir échoué chez eux et ailleurs,<br />

jugant notre cuisine stagnante,<br />

ancienne, tout simplement braisée<br />

et grasse.<br />

On peut attendre d’autrui, de<br />

défendre la cuisine marocaine, de<br />

la représenter dignement et d’en<br />

être l’ambassadeur.<br />

Et si quelques Marocains «arrivistes»<br />

peu soucieux de leur marocanité,<br />

dérapent dans la vanité<br />

culturelle française, et la favorisent<br />

à outrance, il est temps qu’ils<br />

se rappellent que l’usage de la langue<br />

de Molière ne fait pas d’eux un Montesquieu<br />

et moins encore un Escoffier.<br />

Heureusement, le patriotisme est un<br />

sentiment que la plus grande partie des<br />

Marocains possèdent ; il est leur grande<br />

vertu. Il suffit juste de militer un peu<br />

pour que cette cuisine soit reconnue<br />

internationalement. Et qui mieux qu’un<br />

cuisinier ou une cuisinière, pourra honorer,<br />

élever, et rehausser au rang international<br />

sa cuisine.<br />

L’émulation – ce sentiment qui porte à<br />

surpasser quelqu’un en mérite – et le<br />

militantisme peuvent con<strong>du</strong>ire à des<br />

prodiges.<br />

C’est à ce prix que le Maroc peut<br />

prétendre jouir d’une gastronomie aussi<br />

brillante que justifiée, et s’il doit s’adonner<br />

avec enthousiasme aux délicatesses<br />

de la cuisine internationale, il doit rester<br />

jaloux de la sienne qui reste fine, riche et<br />

évolutive.<br />

En menant ce combat, le professionnel<br />

marocain aura ainsi participé à montrer<br />

que le Maroc est une nation de culture et<br />

ses cuisiniers dignes.<br />

Sinon, la cuisine marocaine, qui reste sur<br />

le Sud de la Méditerranée, la première<br />

cuisine par excellence risque en ce<br />

moment même, où les pays arabes – de<br />

l’Algérie à la Syrie, en passant par la<br />

Tunisie, le Liban, et même Israël – assimilent<br />

de plus en plus les standards et les<br />

plats marocains, de changer de nationalité.<br />

Si l’on ne se ressaisit pas… la cuisine<br />

marocaine pourra être et plus vite qu’on<br />

ne le pense, l’apanage d’autres pays<br />

frères, dont l’ambition nous dépasse, et<br />

exploitée sous d’autres horizons parce<br />

que… abandonnée.<br />

C’est pourquoi il nous importe aussi<br />

de la définir, la fixer et la référencer,<br />

à travers son inscription – parmi les<br />

premiers pays cette année, en 2009 - au<br />

patrimoine culturel immatériel mondial<br />

de l’humanité auprès de l’Unesco.<br />

Les propos tenus dans les tribunes libres n’engagent que leurs auteurs.

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