Cosumar L'entreprise du mois - FOOD MAGAZINE
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ESPACE dISTrIBUTIoN<br />
Le rayon fruits et légumes<br />
Attention, fragile !<br />
Véritable vitrine des enseignes de grande distribution et élément de différenciation, le rayon<br />
fruits et légumes est l’objet de toutes les attentions. Face à une filière qui reste encore,<br />
à de rares exceptions près, désorganisée, les stratégies des distributeurs varient, entre<br />
suppression et accompagnement des intermédiaires. Les pro<strong>du</strong>cteurs, eux, demandent que<br />
leurs pro<strong>du</strong>its soient correctement manipulés et mis en valeur. Florence CLAIR<br />
Tous les distributeurs<br />
s’accordent à dire que le<br />
rayon fruits et légumes est un<br />
élément phare <strong>du</strong> magasin,<br />
qui affiche encore un beau potentiel de<br />
croissance. Mais « c’est un rayon difficile<br />
à travailler, car les pro<strong>du</strong>its sont très<br />
périssables, les prix volatiles, la qualité et<br />
la quantité irrégulières », souligne Hafid<br />
Hadni, Directeur d’exploitation chez<br />
Label’Vie. Ces problèmes sont bien<br />
connus et chacun tâche d’y remédier à<br />
sa manière.<br />
Pro<strong>du</strong>cteurs et distributeurs,<br />
pas toujours sur la même<br />
longueur d’onde<br />
Côté pro<strong>du</strong>cteur, on reconnaît les<br />
avantages de travailler avec la<br />
distribution moderne : effet volume et<br />
répercussion de la saisonnalité des prix<br />
sur le prix de vente final. Cependant,<br />
« un grand fossé sépare les pro<strong>du</strong>cteurs<br />
et la grande distribution », remarque<br />
Jean-François Guitton, Directeur<br />
• Le rayon <strong>du</strong> Label’Vie Vélodrôme à Casablanca,<br />
mis en valeur par un jeu de miroirs et l’alternance des couleurs.<br />
<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 11 / Du 15 Mai au 15 Juin 2009 48<br />
Station et Commerce chez Arbor, et qui<br />
connaît bien les deux métiers puisqu’il a<br />
travaillé longtemps pour la distribution<br />
en France. En effet, le pro<strong>du</strong>cteur<br />
cherche à fournir des fruits et légumes<br />
cueillis à maturité, selon la saison. Le<br />
distributeur, lui, veut que le pro<strong>du</strong>it<br />
soit en rayon toute l’année, quitte à<br />
recourir à l’import en contre-saison,<br />
et qu’il se conserve le plus longtemps<br />
possible. C’est cette dernière orientation<br />
qu’a pris le secteur en Europe, avec<br />
pour conséquence une désaffection<br />
<strong>du</strong> consommateur, qui, certes, trouve<br />
des fraises ou des tomates en hiver,<br />
mais ne veut plus aujourd’hui acheter<br />
au prix fort des pro<strong>du</strong>its sans aucun<br />
goût. Il serait dommage de tomber<br />
dans les mêmes travers au Maroc alors<br />
que le pays dispose de tous les atouts<br />
pour pro<strong>du</strong>ire des fruits et légumes de<br />
qualité.<br />
Or, il faudrait pour cela différencier<br />
les pro<strong>du</strong>its destinés à l’export, qui<br />
doivent supporter un long transport,<br />
des pro<strong>du</strong>its destinés au marché local,<br />
pour lesquels la qualité gustative est<br />
à privilégier. Mais en général « les<br />
pro<strong>du</strong>cteurs n’ont pas de stratégie pour<br />
le marché local », déplore Hafid Hadni.<br />
En effet, à l’exception de certains,<br />
comme le groupe Arbor qui réalise 90%<br />
de son activité localement, beaucoup<br />
de pro<strong>du</strong>cteurs privilégient l’export.<br />
Résultat : sur le marché intérieur, les<br />
pro<strong>du</strong>its ne sont pas triés, pas calibrés<br />
et peu mis en valeur. « Cela commence<br />
à changer, mais tout doucement »,<br />
complète M. Hadni.<br />
Pourtant, la clientèle est captive et le<br />
potentiel de développement indéniable,<br />
car avec le développement de la<br />
distribution moderne, les pro<strong>du</strong>cteurs<br />
locaux se voient offrir un débouché<br />
régulier et un lieu de vente valorisant,<br />
transparent, dans le respect de la chaîne<br />
<strong>du</strong> froid et de la sécurité sanitaire. Bref,<br />
une alternative à l’économie informelle<br />
<strong>du</strong> marché traditionnel et aux risques<br />
liés à l’export.<br />
Les intermédiaires tirent le<br />
marché vers le bas<br />
Autre point noir <strong>du</strong> secteur, sa<br />
désorganisation. Une multitude<br />
d’intermédiaires, qui bien souvent<br />
n’apportent aucune valeur ajoutée au<br />
pro<strong>du</strong>it, pénalisent à chaque extrémité de<br />
la chaîne le pro<strong>du</strong>cteur et le consommateur.<br />
« Il s’agit d’une marge économiquement<br />
non justifiée », martèle Hafid Hadni.<br />
De plus, ils ne font pas bénéficier au<br />
consommateur de l’effet de saisonnalité,<br />
lorsque les agriculteurs baissent leurs<br />
prix pour écouler leur pro<strong>du</strong>ction. Or, en<br />
gardant des prix élevés pour augmenter<br />
sa marge, l’intermédiaire aura <strong>du</strong> mal à<br />
écouler la marchandise, et en retour en