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Actes du XXIVème Colloque de l'Association Internationale de Climatologie Tell était de 5,2 quintaux/hectare lors de l’année agricole 2002-2003 (année sèche) et de 24,5 quintaux / hectare lors de 2003-2004 (année pluvieuse). 2.2. Une évolution récente sans tendance significative ni à la hausse, ni à la baisse Plusieurs études ont cherché à caractériser la tendance dans l’évolution récente de la pluie en Tunisie (voir entre autres, Sakiss N. et alt. 1994). Il s’en dégage que la pluie en Tunisie est affectée par une grande variabilité, que la tendance est variable selon les stations, mais aucune tendance, ni à la hausse, ni à la baisse, n’est significative sur le plan statistique. Pour les plaines et bassins intratelliens, nous avons essayé de chercher le terme tendanciel de l’évolution des précipitations à l’échelle de l’année, des saisons et des mois et ce en multipliant les stations représentatives de différents topoclimats et en retenant d’abord une période longue (1901-2000) puis uniquement les dernières décennies, dans le but de dégager la tendance la plus récente. Ceci nous a permis de constater qu’aussi bien les séries de données portant sur l’ensemble du XXè siècle que celles portant sur les dernières décennies (Figures 3 et 4) n’indiquent, à l’échelle annuelle, une tendance statistiquement significative dans l’évolution récente de la pluie. A l’échelle saisonnière, certains auteurs (voir entre autres, Sakiss et alt. 1994 et Hlaoui Z. 2010) ont parlé d’une tendance à la baisse des pluies de l’hiver en Tunisie et d’une tendance à la hausse des pluies du printemps et de du début de l’automne. Nous avons voulu vérifié ce constat pour les bassins intratelliens. Les figures 5 et 6 portant sur l’évolution récente des valeurs maximales de la pluie des mois de septembre et de janvier montrent qu’on ne peut parler à ce niveau aussi d’une tendance dans l’évolution de ces valeurs, ni à la hausse, ni à la baisse, qui soit statistiquement significative. Pluie (en mm 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 y = 0,1048x - 168,08 R 2 = 0,0069 Pluie (en mm 400 350 300 250 200 150 100 50 y = -0,3909x + 862,33 R 2 = 0,032 0 0 1888 1893 1898 1903 1908 1913 1918 1923 1928 1933 1938 1943 1948 1953 année 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 1888 1893 1898 1903 1908 1913 1918 1923 1928 1933 1938 1943 1948 1953 année 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 Figure 5 : Evolution du maximum pluviométrique de septembre à Béja (Hlaoui Z. 2010) Figure 6 : Evolution du maximum pluviométrique de Janvier à Beja (Hlaoui Z. 2010) 2.3. Une pluviométrie qui évolue à la baisse avec les changements climatiques Il est important de rappeler ici que les projections climatiques présentent déjà à l’échelle globale des limites. Les incertitudes sont encore plus marquées au niveau des résultats des projections à l’échelle régionale et à plus forte raison à l’échelle d’une petite région comme la Tunisie tellienne ou d’un topoclimat comme celui des bassins intratelliens. Au niveau des projections climatiques la marge sud de la Méditerranée est inclue dans une zone définie par l'IPCC (AR4-WG1 2007): la zone Sud de l’Europe et la Méditerranée (SEM). Les projections de l'IPCC (AR4-WG1 2007) pour la Méditerranée laissent apparaître que les précipitations seront en baisse aussi bien à l’échelle de l’année que celle des saisons et ce pour une majorité de modèles. Mais ces derniers montrent une forte dispersion sur l’amplitude de la baisse des précipitations surtout au niveau des saisons. Les résultats sont parfois même de signes opposés. Une projection des changements climatiques fondée sur le modèle HadCM3 du Hadley Centre en Grande Bretagne, a été réalisée récemment, pour le cas de la Tunisie et ce dans le cadre de l’étude «Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture 306
Actes du XXIVème Colloque de l'Association Internationale de Climatologie tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques» (MARH et GTZ 2007). Le choix de ce modèle a été fondé sur une étude comparative des résultats de quatre modèles : le modèle canadien (CGCM2), le modèle australien (CSIROmk2), le modèle américain (DOEPCM) et le modèle britannique (HadCM3). C’est ce dernier qui a donné les résultats les plus plausibles. Ces résultats ont été validés sur un échantillon de données réelles s’étendant sur cinq ans. Les résultats de cette projection vont dans le sens d’une augmentation de la température et d’une diminution des précipitations. Le tableau 1 donne l’évolution de la température et de la pluie dans la Tunisie tellienne à l’horizon de 2050 à l’échelle de l’année. La période de référence est celle de la troisième période normale (1961- 1990). L’augmentation de la température dans le cadre des changements climatiques se traduirait par une augmentation du pouvoir évaporant du climat et par la suite des besoins en eau des cultures. Le besoin en eaux du blé dans la Tunisie tellienne et dans les conditions actuelles de l’évapotranspiration potentielle est estimé à 500 mm. Le besoin optimal déterminé expérimentalement pour une culture de blé (variété Karim) est de 360 mm (Mougou R. et Hénia L. 1996). Le printemps, période la plus critique dans le cycle végétatif des cultures céréalières en Tunisie, verra sa température augmenter de 1,2 à 2,2°C à l’horizon de 2050 (MARH et GTZ 2007) Tableau 1: Evolution prévue de la température et des précipitations à l’échelle de l’année dans la Tunisie tellienne (MARH et GTZ 2007) Evolution Horizon 2050 Température A la hausse + 1,6 à +1,8°C Précipitation A la baisse -10 % à - 15 % Les totaux annuels de la pluie quant à eux connaîtraient, avec les changements climatiques, une baisse qui serait dans les plaines et bassins intratelliens de 60 à 90 mm/an en 2050. Les changements climatiques se traduiraient donc par une augmentation des besoins en eau des cultures et une baisse de la pluviométrie ce qui aura comme conséquence l’intensification du déficit hydrique agroclimatique dans les plaines et bassins céréaliers du Tell. L’intensification de la variabilité de la pluie viendra compliquer la situation surtout que d’après les projections (MARH et GTZ 2007, cahier n°3), elle affectera plus particulièrement la pluviométrie du printemps. La baisse de la pluie affectera plus les saisons intermédiaires que l’hiver. Le printemps verra ses quantités de pluie diminuer de 6 à 12 % à l’horizon de 2050. Conclusion La pluviométrie des plaines et bassins intratelliens est marquée par l’effet d’abri topographique qui se traduit par une indigence et une plus grande variabilité des quantités de pluie par rapport aux topoclimats des sommets et des versants exposés aux flux pluvieux. D’après des projections climatiques fondées sur l’adaptation des modèles globaux à l’échelle de la Tunisie, cette indigence et cette variabilité de la pluie risquent de s’accentuer avec les changements climatiques. Ce qui affectera la production céréalière de ces régions considérées comme «le grenier à blé» de la Tunisie. L’élaboration d’une stratégie d’adaptation de la céréaliculture aux changements climatiques apparaît donc aujourd’hui comme une nécessité urgente. Les études sur le secteur céréalier du pays montrent l’intérêt de l’irrigation d’appoint pour les céréales en vue de pallier au problème de la variabilité de la pluie pendant les périodes critiques du cycle végétatif. Mais est-ce la bonne solution, dans une région où les pluies devraient diminuer dans le cadre des changements climatiques ? Il est intéressant de noter ici que même lors des années très bonnes sur le plan pluviométrique, les rendements des 307
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